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Un appel au soutien à l'échelle européenne pour le réalisateur ukrainien emprisonné Oleg Sentsov (Gaamer) a été lancé par la European Film Academy.Voici l'intégralité du communiqué.Berlin, le 9 septembre 2014Avec des projections et des fauteuils de jury vides pour symboliser son absence, le monde du cinéma européen affiche sa solidarité envers le réalisateur ukrainien Oleg Sentsov. Il y a quatre mois, le cinéaste, qui était impliqué dans le soutien aux manifestations Euro Maidan à Kiev et s'est opposé à l'annexion de la Crimée par la Russie, a été arrêté par le Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie (FSB) à son domicile de Simferopol. Il a, par la suite, été transféré à Moscou, où il est toujours détenu et en attente de jugement pour "crimes terroristes".Comme annoncé la semaine dernière, le Festival du Film de Donostia/San Sebastian en Espagne a décidé qu'Oleg Sentsov ferait partie du jury, afin d'attirer l'attention sur son cas et de symboliser son absence par un fauteuil vide. Le festival espagnol est le dernier à avoir rejoint cette campagne de solidarité lancée par la European Film Academy lors du Motovun Film Festival en Croatie. La Mostra de Venise a également rejoint le mouvement, "afin de symboliser son absence et d'exprimer sa solidarité". D'autres festivals vont suivre.À l'initiative de la European Film Academy, des projections du premier film d'Oleg Sentsov GAAMER sont également prévues dans plusieurs villes. Suite à la semaine de solidarité organisée à Kiev, le cinéma Brotfabrik de Berlin organise une rétrospective aujourd'hui à partir de 19h (www.brotfabrik-berlin.de).Olga Zhurzhenko, la productrice d'Oleg Sentsov a déclaré dans une lettre adressée à l'EFA, que ces actions "ne peuvent qu'attirer l'attention de Moscou et de la communauté internationale sur le problème, ce qui est essentiel pour que la situation d'Oleg ne tombe pas dans l'oubli."Sur une initiative du Comité de l'European Film Academy, un groupe de professionnels européens du cinéma, parmi lesquels Pedro Almodóvar, Roberto Benigni, Aki Kaurismäki, Mike Leigh, Bertrand Tavernier, Andrzej Wajda et Wim Wenders, ont signé une lettre aux autorités russes exprimant leur inquiétude, appelant à un traitement équitable et à une enquête.Entre temps, le bureau du procureur général de la Fédération de Russie a publié une réponse : "Selon les éléments de preuve recueillis, O.G Sentsov est accusé de crimes de nature terroristes." Ces éléments de preuve, restent cependant très obscurs, non seulement pour le grand public, mais également pour Oleg Sentsov et ses avocats. Cela rend par conséquent très difficile la préparation d'une défense efficace.Une autre réponse est parvenue de la part du Service Fédéral de Sécurité de la Fédération de Russie. Dans cette déclaration, le Service affirme que la "preuve reçue dans le cadre de la procédure d'enquête témoigne de la complicité d'O.G. Sentsov dans des actes criminels." Une nouvelle fois, nous n'avons aucune idée de ce qu'est cette preuve, mais il est à noter que la lettre ne fait pas mention "d'actes de nature terroriste" mais "d'actes criminels".Les deux courriers reçus ne voient pas l'intérêt d'une révision : "Il n'existe aujourd'hui aucune raison d'annuler la détention avant procès, ni de mettre fin à l'enquête criminelle concernant O.G. Sentsov." (procureur général) et "Nous n'avons aucune raison de changer d'avis..." (FSB).Le 7 juillet, soit près de 2 mois après son arrestation, une audition a eu lieu à Moscou. Lors de cette audition, le juge a décidé qu'Oleg Sentsov devait rester en détention jusqu'au 11 octobre, date de son procès. Cette décision a eu lieu malgré le fait qu'Oleg Sentsov ait plaidé non coupable, qu'il ait fait appel, et malgré sa demande de libération sous caution ou au moins d'assignation à résidence.Au même moment, une plainte a été déposée auprès de la Cour européenne des droits de l'homme concernant l'arrestation d'Oleg Sentsov, sa détention provisoire et les mauvais traitements subis, et demande des mesures provisoires en ce qui concerne l'accès au dossier.