En octobre prochain le réalisateur du Solitaire, Heat, Ali ou encore Miami Vice sera honoré du "Prix Nobel" du cinéma comme aime à le baptiser Thierry Frémaux.
Le dix-septième Prix Lumière sera décerné au cinéaste américain, Michael Mann, 82 ans.
Un prix que le directeur de l’Institut Lumière de Lyon définit sobrement comme le « Prix Nobel du cinéma ». Avant Mann que du lourd forcément : Eastwood, Scorsese, Tarantino, Deneuve, Burton, Campion... jusqu’à Isabelle Huppert l’année dernière. Ledit trophée sera remis en marge du raout cinéphile dédié au cinéma de patrimoine qui se tiendra du 11 au 19 octobre au pays des gones.
Michael Mann est célébré alors que l’on fête les trente ans de Heat (un numéro de Première Classics dédié à ce thriller porté par le face à face De Niro – Pacino est en préparation) et que la suite, que le cinéaste a d’abord couché en roman, semble sur les bons rails. Chantre de la modernité esthétique, l’Américain est connu par son traitement de l’image numérique dont il a expérimenté les possibilités dès Ali en 2001 avant de dessiner les contours abstraits d’un monde où les surfaces, les êtres et la matière réfléchissent une lumière en trompe-l’œil :
Collatéral (2004) avec un Tom Cruise grisonnant et unplugged ; Miami Vice (2006) variation cinématographique de la série culte du même nom dont il fut le producteur ; Public Enemies (2009) film de gangsters 2.0 ; Hacker (2015), thriller mondialisé et mal aimé, jusqu’à son Ferrari (2023), le projet d’un vie atterri directement chez nous sur la plateforme Prime Video.
Le Prix Lumière 2025 est : pic.twitter.com/AQsTAY2IZ9
— Institut Lumière (@InstitutLumiere) July 11, 2025
Né en 1943 à Chicago, Mann a d’abord fait ses armes via la forme documentaire (il était sur les barricades parisiennes en mai 68) avant d’entamer une carrière de cinéaste hollywoodien. Outre son téléfilm, Comme un homme libre (1978), son premier long-métrage, Le Solitaire en 1980 avec James Caan en perceur de coffres, Jerry Bruckheimer à la production et Tangerine Dream à la musique, est une merveille de tension désespérée. Obsession du détail, recherche constante de la perfection et de la précision des gestes, il y a assurément du Melville chez Mann.
Après un crochet chaotique par le fantastique, La Forteresse noire (1983) dont la redécouverte récente en salles n’a pas fait regretter son long purgatoire, Le Sixième sens (1986), adaptation cinématographique de l’œuvre de Thomas Harris cinq ans avant Le Silence des agneaux, préfigure la modernité à venir. Le jeu des couleurs et le questionnement permanent des outils de représentation révèlent les origines d'un mal insidieux.
Les années 90 creuseront ce sillon à travers trois réflexions majeures autour de l’Amérique et ses démons : son passé colonial (Le dernier des Mohicans, 1992), sa violence exacerbée (Heat, 1995) et son système de corruption (Révélations, 1999) A noter que Michael Mann reste vierge de trophées majeurs à titre personnel.
Ce Prix Lumière est donc particulièrement d'importance.
Cette célébration permettra de tout revoir sur grand écran, y compris, on l'espère, son travail pour la télévision dont L.A Takedown, la matrice de Heat et Brother's Keeper son pilote de la série Deux flics à Miami. Une bonne façon d'examiner toujours plus profondément une œuvre qui, sous ses allures protéiformes, trace en réalité une ligne claire. Cette ligne, c'est cet horizon que tous les héros de Mann fantasment au point de se perdre dedans. Le mirage de la vie.
Plus d'infos sur le site du Festival Lumière







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