Affiche sorties de films mercredi 6 juillet 2022
Universal/ Diaphana/ Le Pacte- Block 2 Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
LES MINIONS 2 : IL ETAIT UNE FOIS GRU ★★☆☆☆

De Kyle Balda, Brad Ableson et Jonathan Del Val

L’essentiel

En dépit d’un sens de la loufoquerie intact, la franchise souffre de son incapacité à se renouveler et à trouver des idées originales. Ca ronronne à tous les étages ou presque.

Sept ans après la sortie du premier film consacré aux petite créatures jaunes aux grands yeux, sa suite débarque en salles et met le cap sur les années 70, période durant laquelle un très jeune Gru tente de se faire sa place au sein du plus grand groupe de super méchants, les Vicious 6, avant qu’une série de péripéties plus tard, lui et les Minions deviennent la cible de ces bad guys et doivent se tourner vers un ancien chef des Vicious 6 trahi par les siens...

Sorte de « Gru origins », Les Minions 2 prend la forme d'un semi-road trip délirant, où le personnage doublé par Steve Carell tient autant de place que les Minions eux-mêmes. Mais le film se contente d’une série de gags plus ou moins déjà vus à travers les quatre précédents longs-métrages de la franchise.  Dommage car le tout est pourtant plutôt bien emballé visuellement et parce que le co-réalisateur Kyle Balda est à l'opposé du cynisme mercantile, toujours sincèrement amusé par cet univers loufoque malgré les années qui passent. Sauf qu'à force de vouloir contenter tout type de spectateur, Les Minions 2 finit par ne plus rien raconter d'autre que son incapacité à se renouveler et à sortir des sentiers battus. Une prison dorée dont on aimerait que Gru et les siens puissent un jour sortir.

François Léger

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PREMIÈRE A ADORE

L’ESPRIT SACRE ★★★★☆

De Chema Garcia Ibarra

Quelque part près de Valence, le boss d'une asso d'ufologues amateurs meurt et son bras droit José Manuel (patron de bar et « pharaon cosmique »), prend sa relève pour accomplir un mystérieux projet. De son pittoresque point de départ -les fanas d'OVNIS et de para- sciences- L’Esprit sacré nous embarque dans un monde de plus en plus sordide, où la moindre devanture de supérette dissimule un terrible secret et où la télé diffuse des infos bizarres au milieu des préparatifs de la Semaine sainte… Pour son premier long, Chema García Ibarra va filmer avec des acteurs amateurs dans des lieux de cinéma peu vus, et va chasser sur les terres de Denis Villeneuve et Ari Aster, avec le même sens de la noirceur et du cadre, sans aucune complaisance pour montrer comment les charlatans habillent leurs désirs de puissance par des sornettes cosmiques. Bref, sur le fond comme sur la forme, c'est sacrément balaise.

Sylvestre Picard

 

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THE SADNESS ★★★★☆

De Rob Jabbaz

Ça pourrait bien vous rappeler quelque chose : shooté à Taïwan pendant le confinement, The Sadness met en scène une population gentiment lassée par une pandémie aux symptômes plutôt bénins. Alors que tout le monde commence à tomber le masque et à reprendre sa vie d’avant, le virus se met soudainement à muter et transforme les infectés en sadiques lubriques. Les rues deviennent le théâtre d’écartèlements, de viols, de meurtres sauvages… Largement inspiré par Crossed, les comics ultra-violents de Garth Ennis et Jacen Burrows, le Canadien Rob Jabbaz signe un premier film au niveau de gore sidérant et peuplé de visions sanguinolentes qui dépassent l’entendement. Un défouloir avec 100 idées à la minute, chauffé à blanc et bâti à l’énergie pure. Bien plus qu’une curiosité : la naissance d’un cinéaste. 

François Léger
 

PREMIÈRE A AIME

MUSIC HOLE ★★★★☆

De Gaetan Liekens et David Mutzenmacher

Voilà un film qui redonne ses lettres de noblesse à l’adjectif déjanté. Un premier long venu de Belgique, patrie de C’est arrivé près de chez vous et Dikkenek, famille de cinéma dans laquelle s’inscrit pleinement Music hole. Tout part ici de Francis, un petit comptable bossant dans un cabaret miteux de Charleroi et amoureux éperdu d’une femme qui le lui rend de plus en plus mal et dont la vie sans histoire va basculer le jour où il fait une découverte macabre dans son congélateur. Comment en est- on arrivé là et comment Francis va se sortir du pétrin où il semble s’être mis bien malgré lui ? Le scénario va répondre à ces deux interrogations dans un jeu parfaitement orchestré de flashbacks et flashforwards, peuplé de rebondissements inattendus et dominé par un souffle burlesque et épique qui ne perd jamais de sa puissance. Il y a du Pulp fiction dans ce Music Hole (à travers cette capacité à aller loin dans l’humour trash et les situations a priori invraisemblables sans jamais perdre le fil global d’un récit ni se contenter d’un festival de vannes et de personnages si haut en couleurs que leur simple apparition à l’écran est synonyme de fous rires assurés. Les comédiens – tous impeccables – s’en donnent à cœur joie dans l’outrance délirante. A l’écran, cet enthousiasme contagieux donne à Music hole les allures d’un film- culte en puissance.

Thierry Cheze

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ENNIO ★★★☆☆

De Giuseppe Tornatore

Le 6 juillet 2020, Ennio Morricone, le compositeur de musique de film le plus célèbre de la planète mourrait à l’âge de 91 ans mettant fin à 60 ans de très bons et loyaux services pour : Bertolucci, Fulci, Argento, Leone mais aussi Verneuil, Boisset, Malick, Carpenter ou Tarantino… Il faut ajouter ici le nom de Tornatore qui signe lui-même ce portrait-confession de l’italien. L’artiste s’avère très disert sur son travail. Outre certaines omissions (il y aura forcément des déçus !), le maestro se dévoile sans compter selon un processus chronologique qui pourrait paraître assommant si chaque pierre de l’imposant édifice ne semblait redéfinir la façon d’envisager son approche du cinéma. Mais la partie la plus éclairante reste le récit des années de formation, lorsque le jeune Ennio révolutionne la chanson de variétés par la subtilité de ses arrangements.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

PETER VON KANT ★★☆☆☆

De François Ozon

On sait depuis Gouttes d’eau sur pierres brûlantes l’admiration que porte Ozon à Fassbinder. 22 ans plus tard, il s’attaque à une libre adaptation de ses Larmes amères de Petra van Kant en opérant un changement de sexe et de milieu de son personnage central. La créatrice de mode Petra devient le réalisateur Peter mais la colonne vertébrale du récit reste la même, centrée sur la manière dont ces manipulateurs passés maître dans l’art d’humilier leur assistant vont se retrouver à leur tour manipulés jusqu’au désespoir. En l’occurrence, dans le cas de Peter, par un jeune apprenti acteur à la beauté du diable. Comme toujours, Ozon nous offre un festival d’acteurs tous épatants dans la sincérité comme dans l’outrance, Denis Ménochet en tête. Mais en se détournant de l’âpreté de ce huis- clos cruel, en y distillant de l’humour parfois à marche forcée, Peter von Kant vire trop au pur exercice de style, perdant l’aspect foudroyant de l’original.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

AFTER YANG ★☆☆☆☆

De Kogonada

Dans un futur indéterminé, l’androïde domestique d’une famille bourgeoise, Yang, cesse brutalement de fonctionner. La petite fille – une Chinoise adoptée par un couple d’Américains – est inconsolable et le père (Colin Farrell) entame alors une enquête dans les « souvenirs » du robot, qui va l’amener à s’interroger sur l’humanité des machines et les sentiments très forts que peuvent avoir les humains pour elles. L’univers SF dessiné par Kogonada séduit dans un premier temps par l’originalité de son design et de ses concepts. Mais les réflexions du réalisateur sur la mémoire, la technologie et l’identité, très intéressantes sur le papier, s’égarent très vite dans une succession de conversations chuchotées, cotonneuses, mises en scène de manière trop précieuse, quelque part entre du Antonioni futuriste et un Blade Runner sous anesthésie.

Frédéric Foubert

CRESCENDO ★☆☆☆☆

De Dror Zahavi

Encore une nouvelle preuve que toutes les meilleures intentions du monde ne suffisent pas à faire un bon film. Crescendo met en en effet en scène un chef d’orchestre allemand de renommée planétaire qui accepte de fonder un orchestre mêlant jeunes Israéliens et Palestiniens pour délivrer un message de paix. Et une fois cette base posée, le film ne va faire que déployer le cahier des charges attendu pour ce type de récit - les affrontements entre deux camps a priori irréconciliables, accompagnés par quelques rapprochements ici et là – au fil de personnages enfermés dans des archétypes et fort peu nuancés. Crescendo clame haut et fort le noble message qu’il veut délivrer mais aurait gagné à faire exactement l’inverse : suggérer au lieu de marteler. Et ce même s’il évite le piège du pur happy end qui l’aurait rendu totalement hors- sol.

Thierry Cheze

I LOVE GREECE ★☆☆☆☆

De Nafsika Guerry- Karamaounas

Raconter les dommages collatéraux toujours en cours de la crise économique qui a lourdement frappé la Grèce à travers le retour au pays d’une jeune Grecque, Marina (Stacy Martin), et la crise de son couple avec un Français, Jean (Vincent Dedienne) pour des vacances qui seront tout sauf un long fleuve tranquille. Telle est la colonne vertébrale de ce premier long métrage où comédie romantique et chronique sociétale sont censées dialoguer en permanence. Idée pertinente sur le papier mais qui peine à toucher au but, à cause d’un récit qui reste trop à la surface des choses et n’arrive jamais vraiment à marcher sur ses deux jambes. Les moments les plus intéressants (la différence de regard portée sur la situation par Marina et ses parents, notamment dans l’obligation de vente de la maison familiale que la première voit comme un déchirement quand les secondes l’envisagent comme un possible nouveau départ) peinent à prendre la place qu’ils auraient mérité dans un scénario où les fâcheries et réconciliations du jeune couple occupent un espace bien trop important, au vu des situations convenues et attendues auxquelles elles donnent naissance. Un film bancal donc.

Thierry Cheze

ZAHORI ★☆☆☆☆

De Mari Alessandrini

Découvert l’été dernier à Locarno, ce premier long métrage de Mari Alessandrini nous entraîne au cœur des steppes de la Patagonie (territoire dont la réalisatrice est originaire) dans les pas d’une adolescente de 13 ans rêvant de devenir « gaucho » et en rébellion contre ses parents, écolos suisses italiens dont le rêve d’autonomie vire au cauchemar. Le choix du scope donne à Zahori de séduisantes allures de western et sublime la nature de ce coin sauvage d’Amérique du Sud qui constitue un personnage essentiel du récit. Mais la langueur qui y règne en maître finit très vite par rimer avec longueurs, avec un ronronnement grandissant qui empêche Zahori de déployer la puissance qu’on sent pourtant en lui. Un pur film de festival qui coche toutes les cases pour être sélectionné mais trop sage pour imprimer durablement nos mémoires.

Thierry Cheze

 

Reprises

Accatone de Pier Paolo Pasolini

Histoires de petites gens de Djibril Diop Mambety

Monsieur Klein de Joseph Losey