La Fille de Brest
Haut et Court

Emmanuelle Bercot (La Tête haute) revient au portrait de femme, porté par le charisme de Sidse Babett Knudsen.

Lors des César 2016, où elle avait obtenu la précieuse statuette pour son second rôle dans L'HermineSidse Babett Knudsen avait produit un discours vivant, drôle et émouvant qui laissait deviner une nature un peu exubérante qu'on ne soupçonnait pas chez l'héroïne de la série Borgen. C'est sans doute cette énergie et cet entrain qu'Emmanuelle Bercot souhaitait pour le personnage d'Irène Frachon, cette médecin pneumologue à l'origine du scandale du Mediator dont La fille de Brest , sorti en cette même année, raconte le combat. En lui attribuant une fausse origine danoise, Bercot a pu rendre crédible le choix de Sidse Babett Knudsen. Et c'est tant mieux.

Voici notre critique, republiée à l'occasion de la diffusion du film, ce mercredi soir, sur Arte.

 
L'Hermine : Sidse Impératrice

De Catherine à Sidse
Le premier plan de La Fille de Brest fait écho à celui d’Elle s’en va : au bord de la mer, une femme (jouée hier par Catherine Deneuve, aujourd’hui par Sidse Babett Knudsen) semble s’interroger. Va-telle se jeter à l’eau ? Si l’actrice française se contentait de larguer symboliquement les amarres, son homologue danoise met la chose en pratique et manque se noyer. Une différence qui impacte le style du film. Elle s’en va était un road-movie, un film en mouvement et en liberté ; La Fille de Brest est un film à thèse dont le rythme est apporté par le personnage principal, obligé de foncer pour faire avancer sa cause dans un environnement hospitalo-pharmaceutique défini par une prodigieuse inertie. D’un côté, le mouvement naturel et imprévisible propice à la comédie existentielle ; de l’autre, le mouvement contraint favorisant le tableau à charge. Il est, à ce propos, amusant de noter que c'est Catherine Deneuve qui a soufflé le nom de Sidse Babett Knudsen à Emmanuelle Bercot.

Le Erin Brockovich français
Il sera sans doute reproché à La Fille de Brest de ne pas faire dans la demi-mesure et de glorifier son héroïne – qui en est une, littéralement "seule contre tous". Ce n’est pas tout à fait vrai et, en même temps, pourquoi pas ? À l’instar d’Erin Brockovich, la référence avouée, le film de Bercot retrace le combat éternel de David contre Goliath sur un mode féminin, plus doux, plus séducteur, plus rond, sans se départir d’une bonne dose de malice qui le rend très plaisant à regarder. Véritable boule d’énergie qui imprime au récit son rythme endiablé, Sidse Babett Knudsen en est l’interprète idéale.

Bande-annonce : 


De son vivant : Catherine Deneuve et Benoît Magimel émouvants pour Emmanuelle Bercot [bande-annonce]