Affiche sorties de films mercredi 28 juillet 2021
The Walt Disney Company France, Warner Bros, Wild Bunch

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT

THE SUICIDE SQUAD ★★★☆☆

De James Gunn

Après la déroute quasi totale du Suicide Squad de 2017 signé David Ayer, Warner a appelé à la rescousse James Gunn, le réalisateur des Gardiens de la Galaxie, pour effectuer ce qu’on appelle en jargon un soft reboot : une suite mais pas vraiment, une nouvelle version mais pas tellement... Bref, jargon mis à part, on retente la même chose : un film où les superméchants en prison peuvent obtenir une remise de peine en effectuant des missions suicide pour la CIA. Et cette fois, Warner a donné carte blanche à Gunn pour remplir le film de violence sanglante et de fucks lâchés en escadrille. On s’amuse bien, mais le résultat est au fond très classique, plus proche d’un Marvel que d’un film de superhéros qu’on imaginerait "adulte" ou "mature". C’est fun, mais c’est tout.

Sylvestre Picard

PREMIÈRE A ADORE

LA LOI DE TEHERAN ★★★★☆

De Saeed Roustaee

Just 6.5, le titre international de La Loi de Téhéran, désigne les 6,5 millions de consommateurs de crack que compte aujourd’hui l’Iran, où l’addiction aux « cailloux » semble devenir de plus en plus massive chaque jour. Voilà pour le contexte documentaire, qui forme l’arrière-plan de ce deuxième long-métrage de Saeed Roustaee, 32 ans. L’argument dramatique, lui, se noue autour de la guerre des nerfs que se livrent un policier obsessionnel et le gros bonnet qu’il vient de coffrer. Les portraits en miroir d’un flic et d’un voyou sont une vieille antienne du polar, ici dynamitée par le décor où se joue la majeure partie de leur affrontement : une prison étouffante, surpeuplée de toxicos, montrés comme une espèce de horde zombie hébétée. Décor hallucinant qui offre à Roustaee l’occasion de scènes de foule saisissantes. Et le film impressionne par la capacité de Roustaee de sans cesse ajouter de nouvelles strates à son récit, des nuances, de nouvelles couches de sens, pour mieux passer du polar rentre-dedans à l’étude psychologique, puis à la fresque sociétale.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A AIMÉ

JUNGLE CRUISE ★★★☆☆

De Jaume Collet-Serra

Initié en 2006, ce nouveau projet d’adaptation d’une attraction Disney après Pirates des Caraïbes ou Tomorrowland a fini enfin par voir le jour. Et ce Jungle cruise se révèle un divertissement d’aventures aussi efficace que bourré de charme au fil des aventures mouvementées vécues une exploratrice à la recherche d’un arbre magique perdu au cœur de la forêt amazonienne et le skippeur engagé pour l’accompagner. Il y a de l’African Queen (influence revendiquée et assumée par ses auteurs) dans ce Jungle Cruise, avec donc le duo très chien- chat Dwayne Johnson- Emily Blunt en héritiers du tandem Humphrey Bogart- Katherine Hepburn. Et si le film suit un récit plutôt balisé, aux rebondissements bien amenés mais ne faisant pas souffler un vent très fort d’originalité, il séduit par la complicité et la vivacité des échanges entre les deux comédies avec ce parti pris aussi actuel que réussi de faire l’héroïne le moteur de l’action. Emily Blunt se régale dans cet emploi et The Rock confirme qu’il règne sur ce type de divertissement familial

Et Jaume Collet- Serra dans tout ça ? Le réalisateur d’Esther se retrouve aux commandes du plus gros budget de sa carrière en y injectant ici et là de jolies idées de mise en scène et avec une efficacité indéniable dans le spectaculaire sur un scénario qui évolue entre les années 30 et les légendes ancestrales amazoniennes. Certes il ne renouvelle pas le genre mais réussit à tenir le pari du film, cet équilibre entre scènes de jeu et scènes d’action sans qu’aucune ne prenne le pas sur l’autre. Un divertissement parfait pour cette période estivale.

Thierry Cheze

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MILLA ★★★☆☆

De Shannon Murphy

Une ado atteinte d’un cancer en phase terminale rencontre par hasard un marginal à peine plus âgé qu’elle avec qui elle va vivre sa première grande histoire d’amour appelée à être la dernière… Voilà un pitch qui peut faire redouter un torrent lacrymal vite insupportable. Précisément tout ce que n’est pas Milla ! Car Shannon Murphy ne va avoir de cesse que de tordre l’arc d’un récit en apparence trop écrit d’avance pour susciter une quelconque surprise, grâce à sa caméra toujours en mouvement, traduisant l’énergie débordante de vitalité comme l’instabilité permanente de ses personnages principaux et en s’appuyant sur Eliza Scanlen. Après Les Filles du Docteur March, Le Diable, tout le temps et Old, elle confirme sa montée en puissance par sa capacité de jouer avec les sentiments les plus contradictoires dans un naturel qui laisse bouche bée. Cette feel- good tragedy lui doit énormément.

Thierry Cheze

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LES SORCIERES DE L’ORIENT ★★★☆☆

De Julien Faraut

Spécialiste du documentaire sur les sportifs (on se souvient de son L’Empire de la perfection sur John McEnroe), Julien Faraut s’intéresse à une dream team des années 60, l’équipe de volley- ball japonaise féminine qui, de 1960 à 1966, a totalisé 258 victoires d’affilée ! Leur histoire est hors normes et ce documentaire aussi. Faraut y entremêle avec une fluidité exquise images d’archives, témoignages de ces désormais octogénaires et mangas animés. Une forme jamais gratuite car au service du fond car racontant par ce patchwork entre réalité et fiction les légendes qu’elles sont, par- delà leurs résultats sportifs, quand elles se retrouvèrent propulsées sommées de remporter les JO 1964 de Tokyo comme symboles de la reconstruction du Japon post seconde guerre mondiale. La violence morale et physique de ces moments tranche avec l’espièglerie de ces femmes qu’a su capter Faraut, aussi bon confident que passeur de leurs aventures.

Thierry Cheze

C’EST LA VIE ★★★☆☆

De Julien Rambaldi

Derrière une affiche chorale un peu kitsch se cache une bonne surprise : une comédie subtile et burlesque sur le fait de devenir parent qui lorgne du côté de Love actually. A travers cinq accouchements adroitement enchevêtrés, Julien Rambaldi (Bienvenue à Marly- Gaumont) nous fait vivre la dernière journée d’une sage- femme dans une maternité. Les dialogues sont bien écrits, les situations originales. On se marre franchement avec le couple Léa Drucker- Youssef Hadji, elle en patronne obsédée par le travail et lui, en mari dévoué. On a un vrai coup de cœur pour la paire Florence Loiret- Caille – David Marsais, superhéros de la FIV. Mais notre duo préféré reste celui formé par la sage- femme, Josiane Balasko, et le médecin, Nicolas Maury, elle tout en suffisance, lui tout en mépris, jusqu’à ce que le vernis craque. Et nous aussi.

Sophie Benamon

LA METAPHYSIQUE DU BERGER ★★★☆☆

De Michaël Bernadat

Le documentaire de Michaël Bernadat débute en majesté. On découvre des paysages, immenses et pénétrants. Les hauts plateaux du Vercors. Loin de tout. Le bruit des cloches du troupeaux de moutons, un chien puis Boris, jeune homme à l’allure de poète romantique ayant revêtu les habits du paysan. Boris, fait corps et âme avec l’endroit. En voix-off, des aphorismes prononcés d’une voix blanche disent le miracle d’être là, dans un rapport de force constant entre la beauté des choses et les menaces qui pèsent sur elles. La sidération n’empêche pas la déception, l’élévation spirituelle peut être stoppée dans son élan... Le pur côtoie l’impur... Boris a refusé en partie la compagnie des hommes pour satisfaire un idéal de vie, loin des turpitudes consuméristes donc destructrices, de la société « d’en bas », celle des villes et des villages, là « ...où les voitures tombent en panne, où il y a des factures à payer... »

Michaël Bernadat filme d’abord ce berger dans les hauteurs, là où le ciel occupe toute la place et rappelle au commun des mortels sa vraie place. Boris est le héros d’un western sans indien. Mais il faut bien redescendre dans la vallée une fois la saison terminée. On découvre alors que Boris a une femme et un bébé, que sa petite famille vit dans une yourte. Si le confort est précaire, il suffirait presque au bonheur de tous. Boris à l’aide de chevaux s’occupe des travaux du quotidien. La beauté du film tient aussi dans cette façon d’accompagner les gestes du paysan, d’en révéler la poésie naturelle. Mais cette « métaphysique » peut-elle s’accorder toute entière au désir d’un seul être ? Boris, devenu père, doit se résigner à rogner son espace et donc un peu de sa liberté. Et bientôt, il faut quitter la yourte pour un appartement à l’orée d’un village, avec « de l’eau courante et des voisins. » Boris n’y voit pas un échec, un simple ajustement. Son regard traduit néanmoins la mélancolie d’un départ.

La Métaphysique du berger possède une grâce invisible (la plus belle donc !), sa mise en scène qui manie l’ellipse pour mieux saisir les mouvements intérieurs et extérieurs de son protagoniste, se place à la hauteur de celui-ci, sans jamais rien imposer. Dans le dossier de presse qui accompagne la sortie du film, Boris dit ceci :« ... Demain je serais prêt à me déplacer à pied ou même à cheval, mais ça uniquement si tout le monde le fait… Maintenant j’ai envie de me déplacer, de rencontrer des gens et de partager des choses. Mes idées restent les mêmes mais ma manière de les vivre a changé. » Philosophe jusqu’au bout

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIMÉ

SPIRIT : L’INDOMPTABLE ★★☆☆☆

De Elaine Bogan et Ennio Torresan Jr.

Au départ, il y a un long métrage d’animation, le Spirit, l’étalon des plaines de Kelly Asbury et Lorna Cook - qui avait eu les honneurs d’une sélection cannoise en 2002 – puis en 2017 une série télé d’animation, Spirit : Au galop en toute liberté, qui en avait dérivé. Spirit, l’indomptable constitue le reboot de cette dernière, façon retour aux origines. A savoir l’histoire de Lucky Prescott, jeune fille rebelle (dont la mère cascadeuse équestre est morte quand elle était enfant) et qui part vivre dans le ranch de son père où sa rencontre avec un mustang aussi sauvage et indompté qu’elle va bouleverser son existence. Ce film coche toutes les cases du divertissement familial, de manière efficace mais sans grande aspérité. Il s’inscrit pleinement dans l’air du temps en prenant comme angle le récit initiatique vécu par une jeune héroïne avide de liberté et refusant d’être réduites aux attributs de son âge et de son sexe. Mais en dépit de toutes ces bonnes intentions, son scénario aux rebondissements attendus, une animation pas spécialement inventive et la présence de chansons plus que dispensables empêchent ce Spirit, l’indomptable de marquer durablement les esprits.

Thierry Cheze

L’INDOMPTABLE FEU DU PRINTEMPS ★★☆☆☆

De Lemohang Jeremiah Mosese

A 80 ans, une habitante d’un petit village du Lesotho commence à organiser son propre enterrement au moment où les autorités locales entreprennent de construire un réservoir qui va noyer sous l’eau le cimetière sacré. Le troisième long de Lemohang Jeremiah Mosese raconte son combat pour sauver l’héritage spirituel de sa communauté, en ambitionnant de marier approche documentaire de la situation et imagerie légendaire et poétique d’un conte. Les intentions sont louables mais une double tendance à se regarder filmer et à faire long transforme l’envoûtement réel de ses premières minutes en tunnel d’ennui. L’Indomptable… coche avec application toutes les cases du film de festival. Il atteint son objectif en croulant sous les récompenses (de Sundance à La Roche-sur-Yon) mais déroule, en dépit des apparences, son récit avec une application trop scolaire pour échapper à cette niche.

Thierry Cheze

THE SPARKS BROTHERS ★★☆☆☆

De Edgar Wright

Si vous n’avez jamais entendu parler des Sparks (à qui l’on doit aussi la BO d’Annette), Edgar Wright a trouvé la formule parfaite pour vous les présenter : c’est « le groupe préféré de votre groupe préféré ». Des musiciens pour musiciens, les idoles de Beck ou de Franz Ferdinand… Un groupe à la fois majeur et condamné pour l’éternité à une certaine confidentialité. Wright déroule le tapis rouge à Russell Mael et son frère moustachu Ron (« C’est Marc Bolan accompagné par Hitler », résuma un jour John Lennon) dans ce rockumentaire fleuve (2h20 !), bien sûr bourré de chansons démentes, mais très académique dans sa forme : un enchaînement d’archives et d’interviews face caméra, racontant l’épopée chronologiquement… C’est très plaisant à regarder, grâce à la classe et à l’humour des frangins. Mais l’un des groupes les plus extravagants et iconoclastes du dernier demi-siècle méritait clairement un écrin plus sophistiqué.

Frédéric Foubert

TRUE MOTHERS ★★☆☆☆

De Naomi Kawase

Il faut l’admettre. Malgré ses très longues 2h20 et ses sempiternels plans de nature qui reviennent régulièrement comme pour rappeler un copyright, on s’ennuie ici moins qu’à l’accoutumée devant un Naomi Kawase. Et ce grâce à son sujet. L’histoire d’un couple souffrant d’infertilité qui voit, six ans après, redébouler dans leur vie celle qui se prétend la mère biologique de leur enfant et cherche à leur extorquer de l’argent. On retrouve ici et là une âpreté rare (la violence des moments vécus par cette ado qui a dû abandonner son bébé sous la pression de sa famille…) dans le cinéma de Kawase, d’habitude plus prompt aux atmosphères éthérées. Dommage que True mothers se perde dans une construction en flashbacks et forwards inutilement compliqués qui finissent par placer le spectateur en avance de l’action. Et ruine pour une large part l’émotion finale recherchée.

Thierry Cheze

LES VOLEURS DE CHEVAUX ★★☆☆☆

De Yerlan Nurmukahmbetov et Lisa Takeba

Le kazakh Yerlan Nurmukhambetov et la japonaise Lisa Takeba ont uni leurs efforts pour signer ce néo-western qui prend pour décor les contreforts de la chaîne montagneuse du Tian Shan, frontière naturelle entre cinq états d’Asie Centrale. Après l’assassinat de son père, le jeune Olzhas y suit sa mère, déterminée à déménager pour entamer une nouvelle vie. Ils sont aidés par un inconnu taiseux aux intentions vite affichées... Les deux réalisateurs ne font pas mystère de leur hommage au western en écrasant leurs personnages dans l’immensité des paysages arides, en réduisant les dialogues au minimum et en sacrifiant aux figures du genre (longues chevauchées, convoyage, duels...). La mise en scène est très soignée mais le scénario, un peu bâclé et prévisible. Dommage.

Christophe Narbonne

 

PREMIÈRE N'A PAS AIMÉ

PROFESSION DU PERE ★☆☆☆☆

De Jean- Pierre Améris

Lors de la présentation à Angoulême de cette adaptation de Sorj Chalandon, on pouvait entendre l’émotion de Jean- Pierre Améris et de son producteur Olivier Delbosc, évoquant combien ce récit de l’enfance de l’auteur avait trouvé un écho en eux. Une enfance dans les années 60, abîmée par la folie d’un père paranoïaque et rythmée par les coups. Mais on ne retrouve pas hélas à l’écran la puissance pure du geste d’écrivain de Chalandon. Améris paraît aussi empêtré dans sa reconstitution trop scolaire des sixties que Benoît Poelvoorde dans ce rôle complexe tant la mise en images semble tout à la fois le contraindre et forcer à en faire un peu trop. Après deux loupés (Une famille à louer et Je vais mieux), le réalisateur du si délicat Les Emotifs anonymes paraît comme en convalescence cinématographique. S’attaquer à une œuvre aussi complexe était sans doute à ce moment de son parcours un Everest un peu trop imposant pour lui.

Thierry Cheze

 

Et aussi

Sème le vent de Danilo Caputo