Jeremy Irons : "Au départ, je trouvais que j'étais un mauvais choix pour incarner Von Bülow"
Les Films Ariane

L'acteur a pourtant gagné l'Oscar pour ce film rediffusé dimanche sur Arte.

Ce week-end, Arte poursuit son cycle "Winter of Mysteries" en proposant un film réalisé par Barbet Schroeder en 1990 : Le Mystère Von Bülow. L'histoire ? Une des plus riches héritières des Etats-Unis, Sunny von Bülow (Glenn Close), est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Son second mari, Claus (Jeremy Irons), personnalité inquiétante et charismatique, est instantanément accusé d’avoir tenté de l’assassiner et est condamné à 30 ans de prison. Décidé à prouver son innocence, il obtient le concours du célèbre avocat Alan Dershowitz (Ron Silver) qui, aidé de ses étudiants, va mener une enquête riche en révélations pour le disculper. Le procès ultra médiatisé qui va suivre sera la dernière chance d’éclaircir le mystère von Bülow.

Lors de sa sortie française, début 1991, Première avait beaucoup apprécié le film, et saluait notamment ses talentueux acteurs dans sa critique : "Histoire vraie, procès célèbre, milieu de supermilliardaires américains, les ingrédients de départ sont déjà attractifs. A l'arrivée, on est encore perplexe devant ce personnage de Von Bülow, qui cultive l'ambigüité comme d'autres leur gazon, mais pas devant le film, qui accomplit sa mission d'intrigue -et d'humour- de bout en bout. (...) Du début à la fin, on reste sidéré par la transformation physique de Jeremy Irons, par la déchéance spectaculaire de Glenn Close. Rien que cela vaut le détour."

Jeremy Irons fumait des clopes pendant le doublage du Roi Lion

Pourtant, quand Jean-Paul Chaillet lui posait la question quelques pages plus loin, l'acteur principal expliquait avoir eu du mal à se voir dans la peau de l'accusé. "C'est vrai qu'au départ, je trouvais que j'étais un mauvais choix pour incarner Von Bülow car je ne lui ressemble en rien, racontait Irons dans Première. Physiquement, j'imaginais mieux Klaus Maria Brandauer, Robert Duvall ou John Malkovich. Von Bülow a une mâchoire carrée que je n'ai pas. En outre, je me trouvais trop jeune (42 ans, ndlr), car, à l'époque, il avait déjà une cinquantaine d'années. Et comme il existe vraiment et que l'on sait à quoi il ressemble, je pensais qu'à moins d'arriver à capter son essence, je n'arriverais pas à le jouer."

Claus Von Bülow est mort en 2019, si bien qu'Irons aurait parfaitement pu le croiser à l'époque pour lui poser quelques questions, mais le comédien n'a pas cherché à le rencontrer avant de l'incarner : "J'aurais peut-être tenté de l'imiter, et ce n'est pas intéressant. En revanche, je l'ai étudié attentivement à travers ses interviews télévisées. Pas tellement pour observer ses manières, mais plutôt pour voir comment il réagissait sous pression. J'ai fait un travail de détective pour essayer de découvrir sa nature à travers des témoignages divers et en suivant des indices qui m'ont permis d'élaborer une hypothèse. Je savais que si je le rencontrais, de toute façon il ne me dirait pas la vérité."

Refusant de préciser s'il le pensait coupable ou innocent, il précisait s'être inspiré de son propre père pour se glisser dans la peau de cette personne soudainement très médiatisée. "Je me souviens qu'au moment où je 'cherchais' Von Bülow, je pensais à mon père, me demandant comment il aurait réagi dans une situation similaire. Comment il se serait comporté à la cour, dans les médias etc. Je crois qu'il aurait réagi comme Von Bülow, alors j'ai pensé : 'Je ressemble beaucoup à mon père, donc moi aussi, j'aurais probablement réagi ainsi.' Et c'est comme cela que je suis entré à l'intérieur du personnage." Le travail du maquilleur Dick Smith, célèbre pour avoir transformé Marlon Brando dans Le Parrain, l'a également aidé à trouver son Von Bülow. Un rôle important dans sa carrière, puisqu'il lui a offert l'Oscar du meilleur acteur, en 1990.
 

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