Qu'il tourne en pyjama, en apnée ou face à 78 acteurs, l'interprète du Roi Arthur sort d'une centaine de jours de prises de vue très intenses. Il s'est confié à Axolot (Patrick Baud).
"Six ans après l'entretien pour Chasseurs de Mondes, j'ai reçu Alexandre Astier sur la scène du Théâtre du Chêne Noir à Avignon, et on a discuté pendant une heure et demie, explique Patrick Baud en partageant son long entretien avec l'acteur, scénariste, réalisateur, metteur en scène et compositeur. Le résultat est maintenant entre vos mains, j'espère que ça vous plaira !"
Au cours de ce long échange, ils abordent des sujets divers : "on parle de la vie, de la mort et du reste", s'amuse-t-il en titre de la vidéo. Entre deux réflexions sur l'éducation ou le développement des intelligences artificielles, le créateur de Kaamelott n'a évidemment pas échappé aux questions sur le deuxième volet de sa saga, dont la première partie ets attendue au cinéma le 22 octobre prochain.
Alexandre Astier s'était déjà confié dans Première, pour notre numéro de janvier 2025, alors qu'il était encore en plein tournage de Kaamelott Deuxième volet. Démarré durant l'été dernier, celui-ci aura finalement duré une centaine de jours, le triple des prises de vue habituelles des productions françaises - ce qui est logique pour une suite découpée en deux parties. Il confie à Axolot être lessivé par ce "tournage colossal". Il dit avoir dirigé pas moins de "78 acteurs" dans "beaucoup de studio, beaucoup de décors". "Il y aura des surprises", promet-il à propos de son casting.
"J'ai l'impression d'être passé à la machine à laver. Mais ça va !", dit-il aussi à propos de ce tournage "monstre", avant de raconter une scène très particulière à concevoir :
"Je devais rentrer dans une petite machine qui devait aller sous l'eau. J'avais inventé dans le scénario une espèce de proto sous-marin de l'ère antique. Quand je suis arrivé dans le pays où l'on devait faire tout ça, on m'a dit que les types n'avaient pas vraiment réussi à construire la machine pour laquelle on leur avait envoyé des plans.
Tu risques la noyade ! Est-ce qu'on essaye quand même ? On n'essaye pas ? En fait, il a fallu que j'apprenne à plonger en apnée. Il a fallu que je le fasse sans machine. Dans le brouhaha énorme qu'un tournage sous-entend - il faut répondre à 2000 questions par jour, ce sont des horaires de dingue, un rythme de fou, et là en plus, c'était un tournage tout en anglais et compliqué -, au milieu de tout ça, d'un coup, la production a dit : 'Il faut foutre la paix à Alexandre, il faut qu'il médite !'
Parce que pour plonger, faut méditer ! Je ne sais pas s'il y en a qui plongent parmi vous ? Il faut méditer. Il faut apprendre à tenir. Je suis arrivé à augmenter les minutes sans respirer, je suis arrivé à quelque chose comme plus de quatre, mais il fallait me foutre la paix ! Quand vous dites à un tournage de 90 personnes, 'Foutez lui la paix, il respire', c'était incroyable."

Une cascade à la Tom Cruise pour Alexandre Astier ? S'il ne veut pas trop spoiler la suite de son histoire, il revient un instant sur Kaamelott 2 lorsqu'une membre du public le remercie pour le Livre V de sa série, au cours duquel Arthur est au plus bas psychologiquement. Expliquant que ce traitement de la dépression dans une fiction l'a aidée à se soigner, elle ouvre vers de nouvelles révélations de l'interprète du roi, qui raconte que son personnage va de nouveau connaître des phases très sombres dans cette suite. Il va même passer "toute la première partie du film en pyjama."
"En babygrow, même !", s'amuse Astier. "Il va pas bien, le gars, insiste-t-il. (…) Comment on écrit Arthur ? A un moment, il faut se raconter un peu soi. C'est très net avec Arthur parce que je le joue, parce qu'il a ma tronche, il a des trucs qui sont toujours des cousinades de choses qui me sont arrivées. Même si c'est pas vrai, que je ne connais pas ça. D'ailleurs, la grande panique d'Arthur, c'est de ne pas avoir d'enfant. Ca ne m'est pas arrivé. Mais je me suis souvenu du drame que je ressentais quand je pensais que je ne pourrai pas en avoir, à 20 ans. Ca doit être construit autour de quelque chose comme ça. En tout cas, je livre de vraies sensations, de vraies émotions, de vrais dilemmes. La première des choses, c'est de se demander si ça a une valeur. Et en fait, signer les choses, ça en a toutjours une. Signer les choses sincèrement. C'est toujours intéressant quand quelqu'un est allé au fond de lui-même, qu'il a été chercher dans ses poubelles et qu'il en a fabriqué quelque chose.
(…) Je n'ai aucune confiance en moi. Je doute sans arrêt. Je veux tout abandonner. Tout le temps. Finalement, je n'abandonne pas, mais ça me fatigue d'avance. (…) Je vis très clairement avec la possibilité 50/50 que tout ce que je fasse, c'est de la merde, hein. Tout. C'est sincère. Très clairement, je trouve toujours ça en dessous de ce que je voudrais que ce soit. Après, faut vivre avec."
Attention, spoilers : ces propos collent au commentaire du Premier volet par Alexandre Astier. Au sein des bonus du film, il détaille spécifiquement sa fin, expliquant dans quel état le public va retrouver Arthur.
Pour lui, le premier long de Kaamelott se termine sur une nouvelle tentative de suicide de son protagoniste. C'est un pivot pour la suite, le roi étant sauvé à la dernière minute par deux jeunes, Gareth d'Orcanie (Thomas Neyret) et Mehgan (Jeanne Astier), qui parviennent à lui redonner espoir. Assez pour sortir du château en cours de destruction.
"Pour moi, cette vision-là va poursuivre Arthur toute sa vie. Cette vision, ce regard-là, de Furadja (Salwa Al Hajri), ce traumatisme de la voir transpercée de part en part (...). Il a tué dans le dos une femme parce que c'est sa seule réponse à toute cette violence et à mon avis, dans le fait qu'il soit dépressif, et qu'il n'arrive pas à surmonter cette dépression, cet événement dans sa jeunesse compte beaucoup.
[Arthur] est donc incapable de se venger une deuxième fois et il ne sera probablement plus capable de tuer quelqu'un. Ce que Lancelot (Thomas Cousseau) prend pour de la faiblesse et de l'incompétence, de la couardise, mais qui en fait est plus construit que ça. [Arthur] a tenté de se suicider en fin de saison 5, sauvé par Lancelot. Il a vu le suicide de César quand il était plus jeune dans la saison 6, il est hanté par l'idée de sa propre mort et il essaye de se donner la mort en restant allongé sur la table pendant que le château va lui tomber sur la tronche.
Il a honte de son envie de mourir devant des jeunes gens qui font preuve de volonté, de courage, de témérité. (...) Et en plus de ça, il faut qu'il les sorte de là, sinon ils vont mourir avec lui. Donc c'était important pour moi qu'il se fasse surprendre par des jeunes gens qui ont une énergie vitale que lui n'a plus."
On en saura plus en octobre 2025, au moment de la sortie de Kaamelott - Deuxième volet : partie 1 au cinéma.
Exclu - Alexandre Astier sur Kaamelott Deuxième volet : "Ça finit en sentant le roussi…"
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