Exclu : Lana Wachowski explique comment Cloud Atlas et Sense8 ont influencé Matrix 4
Première/Warner Bros/Netflix

La réalisatrice ne filme plus du tout de la même façon depuis qu'elle a "appris à jouer" avec la lumière naturelle

Matrix Resurrections sera sans aucun doute le blockbuster événement de cette fin d'année. Keanu Reeves et Carrie-Anne Moss, alias Neo et Trinity, sont en couverture du nouveau numéro de Première (n°524, décembre 2021), et ils nous parlent de cette suite, tout comme sa réalisatrice, Lana Wachowski. Après avoir partagé un extrait de son interview où elle expliquait pour quelles raisons elle avait eu envie de revenir dans la Matrice, en voici un autre où elle évoque sa façon de travailler différente depuis la sortie de la première trilogie, entre 1999 et 2003. 

Première : La bande-annonce révèle une chose essentielle : le style visuel paraît plus solaire que l’ancienne trilogie. Pourquoi cette évolution ?
Lana Wachowski :
Parce que Cloud Atlas ! C’est, artistiquement parlant, le film qui m’a le plus marquée, en tout cas celui qui m’a vraiment fait progresser en tant que réalisatrice. J’ai travaillé très étroitement avec Tom Tykwer, John Toll et Daniele Massaccesi (également interviewés pour ce numéro, ndlr). Ces trois-là m’ont fait considérablement évoluer. Jeune cinéaste, je détestais la lumière naturelle ; je ne supportais pas le soleil. Je voulais pouvoir façonner la lumière et lui donner la forme désirée. J’aimais les ombres, j’aimais la brutalité des contrastes. Regardez Bound, Matrix… la lumière de ces films est très "sharp", très contrôlée. J’étais influencée par le film noir et son esthétique. Et puis, sur Cloud Atlas, grâce aux trois personnes que j’ai mentionnées, j’ai découvert une autre manière d’éclairer. J’ai compris la folie et la puissance de l’imprévu qui s’empare de la mise en scène quand on commence à jouer avec le soleil. J’avoue que j’ai d’abord détesté cela. Que ma source de lumière disparaisse, qu’elle ne soit jamais là où je l’attendais, c’était très frustrant. Et puis, il y a eu un moment d’épiphanie. J’ai vu la magie que le soleil pouvait apporter à une scène. Tout à coup, un plan devenait scintillant et c’était magnifique. Cette qualité de lumière, cette densité : aucun effet spécial ne pouvait la reproduire.

Il vous a fallu abandonner la maîtrise en quelque sorte…
Oui, et c’est l’une des raisons pour laquelle j’ai toujours adoré travailler avec les acteurs : ce qu’ils donnent n’est jamais reproductible. Chaque prise est unique. Alors vous imaginez lorsque j’ai découvert que je pouvais faire interagir le soleil et les acteurs ? Ce fut une révélation, littéralement. J’avais l’impression de connecter deux forces incroyablement puissantes ! Deux forces plus grandes que moi ! Parfois, j’entends certains réalisateurs m’expliquer qu’ils vont faire un plan comme ci, ou comme ça. Je ne raisonne pas de la même manière. Je me sens plus proche de ce que disait Michel-Ange : « En travaillant, en continuant de s’appliquer à la matière, le David se dévoilait, petit à petit. » C’est exactement comme cela qu’est né Matrix Resurrections : le film « s’est dévoilé petit à petit ». Au fond, j’ai essayé de ramener la lumière naturelle dans la Matrice. John, Tom, Daniele et moi avons travaillé très étroitement. Nous avons su rester ensemble pour que le film se révèle. Et cette extraordinaire proximité a créé les conditions nécessaires pour accueillir la magie quand elle se présentait. C’est ça qui a changé ma manière de faire des films. Ça se sent dans Cloud Atlas, un peu dans Jupiter : Le Destin de l’univers et surtout dans Sense8, qui a été tourné entièrement en lumière naturelle.

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Sommaire de Première n°524 : Matrix 4, L'Evénement, The Witcher, S.O.S Fantômes : l'héritage...

Bande-annonce de Matrix Resurrections, qui sortira au cinéma le 22 décembre :


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