Affiche sorties de films mercredi 18 mai 2022
Pan Distribution/ Eurozoom/ Art House Films

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
COUPEZ ! ★★★☆☆

De Michel Hazanavicius

L’essentiel

Michel Hazanavicius remake un film de fin d’études nippon au concept fort et signe une comédie délirante où son côté sale gosse fait merveille

On ne va pas mentir. L’entame de Coupez ! fait peur… et pas pour les bonnes raisons. Dans le film de zombies qui se déroule sous nos yeux, le jeu des comédiens plus qu’hasardeux hérisse les oreilles et laisse craindre le pire. Avant de comprendre qu’il ne s’agit que du premier tour joué par Hazanavicius avec ce remake de Ne coupez pas ! (film nippon culte sorti en catimini en France en 2019) qui repose sur un concept aussi simple qu’implacable. Une valse à trois temps : d’abord ce film de zombies où l’à-peu-près règne en maître donc puis les coulisses de sa production et enfin le making- of du tournage, où l’on revit la première partie sous des angles différents. Le résultat se révèle irrésistible de drôlerie. Certes le plaisir sera amoindri pour les connaisseurs de l’original. Mais après un film de commande (Le Prince oublié), Hazanavicius ne se contente pas de gérer ce remake en mode pépère. Il s’en empare en revisitant son propre parcours. Coupez ! jouant avec une multitude de types d’humour (physique, absurde, de situations, de vannes…), on y retrouve des effluves de La Classe américaine, de Mes amis, d’OSS et du Redoutable. Le cinéaste libère son côté sale gosse mais ne perd jamais la maîtrise, en s’appuyant sur la force de sa direction d’acteurs (il en faut du talent des deux côtés de la caméra pour jouer faussement faux et Duris, Bérénice Bejo, Oldfield, Gadebois, Zadi & co n’en manquent pas) et son envie de susciter de l’émotion par- delà le rire. Cette partie- là a divisé notre rédaction. Mais le festival de fous rires qui précède emporte le morceau.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

DETECTIVE CONAN : LA FIANCEE DE SHIBUYA ★★★☆☆

De Susumu Mitsunaka

L’an dernier, The Scarlet Bullet avait de quoi laisser sur le quai les non-initiés au fandom de la franchise Détective Conan. Bonne nouvelle : La Fiancée de Shibuya, le nouveau film de la série possède, lui, suffisamment de qualités intrinsèques pour satisfaire les fans d’anime au sens large et pas uniquement les dingos du petit détective Conan, jeune adulte au cerveau de génie coincé dans un corps de gamin. D'abord en trouvant un moyen plus élégant de mettre en scène ses passages obligés (le rappel de la genèse du héros qui apparaît sur les écrans géants suspendus à des immeubles de Tokyo, chouette idée de cinéma). Mais surtout en changeant son ressort fondamental : plutôt qu’un huis clos policier, La Fiancée de Shibuya se révèle vrai film d’action aux ramifications internationales. Certes on ni chez Bourne ni chez Bond mais le film déploie une énergie de cinéma qui vous emporte pour ne plus vous lâcher.

Sylvestre Picard

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FUIS- MOI, JE TE SUIS ★★★☆☆

De Kôji Fukada

Au départ, il y a un manga de Mochiru Hishisato dont Kôji Fukada s’est emparé d’abord en série puis sous la forme de ce diptyque.  L’occasion pour un cinéaste de s’essayer à la fresque amoureuse. L’histoire de l’employé d’une entreprise de feux d’artifice dont le cœur qui balance mollement entre deux collègues de bureau s’embrase soudain pour une jeune femme riche en secrets rencontrée par hasard. Le titre des deux films résume parfaitement l’ossature de l’intrigue - l’objet de sa passion ne va cesser de disparaître mystérieusement quand il cherche à s’en approcher puis de redébouler dans sa vie dès lors qu’il a décidé de l’oublier – mais pas la manière dont la fait vivre à l’écran Fukada. Dans un registre de thriller où plane une ambiance surnaturelle à la Lynch. Et dans la manière de s’emparer du mythe de la femme fatale pour le déconstruire. Le cinéaste revisite les codes de la comédie romantique avec un ton ludique inédit dans son travail. Il y a certes des trous d’air pendant les 4 heures du récit mais rien qui ne vienne mettre en péril l’essentiel : la fascination qu’exercent ces personnages et l’incapacité à anticiper ce qu’ils vont faire dans la seconde qui suit.

Thierry Cheze

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EVOLUTION ★★★☆☆

De Kornél Mundruczó

Après un détour par le cinéma américain « oscarisable » (Pieces of a woman, avec Vanessa Kirby et Shia LaBeouf), Kornel Mundruczo revient à une forme plus austère, plus intimidante, avec ce film qui tient presque de l’installation d’art contemporain. Evolution est une succession de trois sketchs, dessinant l’histoire d’une famille juive, de l’Holocauste à aujourd’hui, où le réalisateur poursuit ses expérimentations sur le plan-séquence, la capacité de celui-ci à tordre le temps et l’espace. Si le film s’achève malheureusement sur un segment un peu lourd, trop didactique, célébrant l’espoir de lendemains meilleurs dans une Europe encore en proie à ses démons fascisants, les deux premiers sidèrent – en particulier cette inoubliable ouverture cauchemardesque dans un camp d’extermination nazi, qui confirme la puissance parfois tellurique du cinéma de Mundruczó.

Frédéric Foubert

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

JUNK HEAD ★★☆☆☆

De Takahide Hori

Ce film d’animation nous entraîne dans un futur où l’humanité a réussi à atteindre une quasi- immortalité, tout en perdant - au fil des manipulations génétiques nécessaires pour y parvenir - la faculté de procréer. Et pour tenter de renverser la donne en trouvant les secrets de la reproduction indispensables à la survie humaine, un robot humanoïde high- tech est envoyé dans une ville souterraine, peuplée de clones mutants prêts à se rebeller contre leurs créateurs. Le film de Takahide Hori peut se lire comme le miroir inversé du Wall- E de Pixar. Dans cette dystopie, tout espoir d’humanité apparaît en effet envolé à jamais. Et le fait qu’on le comprenne très vite enferme tout aussi rapidement le récit dans une succession de boucles répétitives qui pourraient s’enchaîner des heures durant sans que cela n’apporte rien à ce portrait d’un avenir qui s’écrit en noir très très foncé, faute de creuser des possibles chemins de traverse tout juste survolées et à peine esquissées. Mais cette faiblesse du scénario n’abîme en rien ce qui fait la force de Junk Head : la qualité fascinante de son animation en stop- motion et sa manière ludique de jouer avec les différentes références (de Dune à Matrix en passant par Star Wars ou encore Alien) qui constituent ses sources d’aspiration totalement assumées. Dommage donc qu’ici le fond ne parvienne jamais à se hisser au niveau de la forme.

Thierry Cheze

MEMENTO MORI ★★☆☆☆

De Jean Heches

Au cinéma tout le monde s’arrange plus ou moins avec le réel. Certains auteurs acceptent volontiers de le faire entrer dans la vie même de leur film. Jean Renoir parlait même « d’un courant dévastateur » qui l’obligeait à s’incliner. Ici, le « courant » c’est Philippe Larcher, grand gaillard, cheveux au vent qui à l’image de son personnage, traîne derrière lui plus d’une vingtaine d’années de prison pour homicide et cherche à retrouver un sens à cette encombrante liberté retrouvée. Le cinéaste Jean Heches saisit sur le vif cette rencontre entre un être et son double avec ce que cela suppose d’approximations, de tâtonnements, mais aussi de vitalité et de fraîcheur. L’imaginaire survient avec l’arrivée d’une jeune femme (Ruby Minard) engagée dans un combat dont on ne parvient pas tout à fait à saisir les contours. La greffe prend miraculeusement sans pour autant nous dévaster.

Thomas Baurez

 

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