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Il n'y avait pratiquement pas de suspens. Depuis le début de la saison des prix, elle a tout raflé pour son interprétation soufflante dans Blue Jasmine. Dans le rôle de cette bourgeoise déclassée qui voit sa vie ravagée et quitte les mondanités newyorkaises pour l'appartement et la vie plouc de sa soeur, Cate Blanchett fait des merveilles. Elle sème la discorde avec un talent hors pair, découvre les rudesses de l'existence laborieuse et questionne les troubles circonstances de sa chute. Jasmine est l'un des plus beaux rôles féminins de la filmo de Woody Allen (ce qui n'est pas un mince compliment) et l'un des plus beaux rôles de l'actrice. Elle avait peut-être gagné avant que la soirée ne commence, mais la compétition était pourtant rude. Face à elle, Cate Blanchett avait Sandra Bullock qui porte seule l'incroyable Gravity ou la multi-récidiviste Meryl Streep.

Mais son avance et sa prestation furent les plus fortes. Jamais son port noueux, sa gestuelle inquiète et son regard dément, envapé, focalisé sur rien ou pas grand chose n'avaient autant fait des merveilles. 

Dans son discours de remerciement, Cate Blanchett a eu la classe de saluer toutes ses concurrentes, Woody Allen (et ce malgré la récente polémique) et en a profité pour rappeler à Hollywood et toute l'industrie que les films avec des personnages principaux féminins pouvaient aussi être des succès.