Argo de Ben Affleck (2012)
Warner Bros Pictures France

Le thriller fête ses dix ans, cette semaine.

Argo est sorti aux Etats-Unis le 12 octobre 2012, soit il y a pile dix ans. Un mois plus tard, lors de sa diffusion en France, Première avait rencontré son acteur-réalisateur Ben Affleck, qui signait ici son troisième long-métrage après Gone Baby Gone et The Town. C'était juste avant son triomphe aux Oscars. Morceaux choisis.

Pourquoi Argo a gagné l'Oscar du meilleur film ?

Le 4 novembre 1979, au summum de la révolution iranienne, des militants envahissent l'ambassade américaine de Téhéran et prennent 52 Américains en otages. Mais au milieu du chaos, six d'entre eux réussissent à s'échapper et à se réfugier au domicile de l'ambassadeur canadien. Sachant qu'ils seront inévitablement découverts et probablement tués, un spécialiste de l'exfiltration de la CIA du nom de Tony Mendez (Ben Affleck) monte un plan risqué visant à les faire sortir du pays. Un plan si incroyable qu'il ne pourrait exister qu'au cinéma.

Voici le synopsis d'Argo, réalisé par Ben Affleck en 2008. Un beau cours d'Histoire sur le Moyen-Orient, qu'il doit à son cursus de relations internationales suivi à la fac pendant ses études. Dans une interview pour Première parue au moment de la sortie de ce thriller multi-récompensé en 2013 aux Oscars (meilleur film, meilleur montage, meilleur scénario adapté), aux Golden Globes (Meilleur film dramatique, Meilleur réalisateur), aux César (meilleur film étranger) et dans la plupart des cérémonies dédiées au 7ème art, la star révèle à Première pourquoi "cette histoire [lui] parlait".

"J’avais envie de percer le mystère"
"À l’époque, dans le cursus de relations internationales, le sujet à la mode, c’était la Russie. (...) Moi, le Moyen-Orient me paraissait plus opaque, plus intrigant. Toutes ces tensions, ces allégeances diverses... Je n’y comprenais rien et j’avais envie de percer le mystère." Précisant qu'il n'a cependant pas la prétention de se "faire passer pour un expert en géopolitique" avec ce film historique, tout simplement parce qu'il a "quitté la fac sans diplôme", il a trouvé ça "incroyable de constater qu’Argo évoque des événements vieux de trente ans et qu’on fait encore aujourd’hui face aux mêmes types de problèmes." Il ajoute : "Les tensions qui persistent entre l’Iran et les États-Unis donnent au film une résonance évidemment très forte, très contemporaine." Ben Affleck n'a pas peur de dénoncer les politiques d'aujourd'hui, qui "se comportent comme des producteurs de cinéma en cherchant tout simplement une bonne histoire à raconter. Si possible meilleure que celle que propose la concurrence", selon lui.

"Mon regard est surtout nostalgique"
Avant d'avouer aussi que son regard sur le Hollywood des années 70 est "surtout nostalgique." Il s'explique dans le magazine : "Je montre un Hollywood très romantique, 'analogique', avec ses buildings décrépis, ses producteurs roublards et flamboyants... Un monde à la Bukowski qui a totalement disparu. Et en même temps, c’est vrai, il y a un côté miteux, une sorte de malaise diffus qui correspond vraiment à l’époque. Le symbole ultime de tout ça, c’est le panneau 'Hollywood' en ruines qu’on voit dans le film. Ça veut tout dire. Vous savez que c’est Hugh Hefner (le fondateur de Playboy) qui a aidé à le restaurer ? Il organisait des fêtes pour lever des fonds."

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La réussite d’un film se joue à 90 % au moment du casting"
Enfin, après le succès mondial de cette troisième oeuvre, qui a aussi séduit la critique de Première ("Argo n’oublie pas que dans 'thriller politique', il y a d’abord 'thriller'. Et que dans Ben Affleck, il y a définitivement un brillant cinéaste."), le jeune réalisateur nous révèle son arme pour réussir un film : "[Ça] se joue à 90 % au moment du casting." Humble, il déclare : "Les gens me félicitent : 'Bravo Ben, ton film est super', mais la vérité, c’est que j’ai juste pensé à embaucher Alan Arkin ! Et le seul moyen pour convaincre des types du calibre d’Alan Arkin, John Goodman ou Bryan Cranston de signer avec vous, c’est de leur soumettre un script suffisamment fort et original." Il dit aussi que "l'avantage d’être à la fois acteur et réalisateur, c’est que je sais quels sujets sont susceptibles d’attirer les grands comédiens. Et si le script est bon, si les acteurs sont bons, tu as fait l’essentiel du boulot. Après ça, si le résultat est minable, tu sais que c’est toi qui a merdé et personne d’autre." Bien dit !
Propos recueillis par Frédéric Foubert.

La bande-annonce du film Argo de Ben Affleck :


Argo est à voir sur Première Max