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Le film de Ben Affleck revient dimanche soir sur France 2.

En 2013, Ben Affleck recevait l'Oscar du meilleur film pour son thriller Argo. Inspiré d'une incroyable histoire vraie (comment des agents de la CIA ont exfiltré des otages américains retenus en Iran en prenant comme prétexte le tournage d'un faux film de SF), la troisième réalisation de Ben reviendra dimanche à 20h55 sur France 2. Pour se replonger dans l'ambiance, voici cinq classiques à (revoir) avant Argo.

Lire notre critique d'Argo

Les Hommes du Président
De Zodiac à Jeux de pouvoir, on n’en finit pas de constater l’influence séminale des Hommes du Président sur une génération de cinéastes quadra manifestement traumatisés par le classique de Pakula. Difficile d’y échapper, surtout quand on ambitionne de filmer des types à rouflaquettes et cols de chemise pelle à tarte, en train de refaire le monde dans des ambiances 70’s enfumées. Dans Argo, Ben Affleck n’a d’ailleurs pas cherché à biaiser, bien au contraire : « Les cigarettes, le bordel environnant… Pour les scènes situées dans les locaux de la CIA, bien sûr que j’ai beaucoup pensé aux Hommes du Président. Avec mon chef opérateur Rodrigo Prieto, on voulait se démarquer du style sophistiqué et quasi clinique des Jason Bourne. » Tiens, tiens… y aurait-il de l’eau dans le gaz entre Ben et son éternel buddy Matt Damon ?

 

La Bataille de la Planète des Singes
Pas le meilleur opus de la saga Planète des Singes, on vous l’accorde, mais c’est en tombant sur une redif du film à la télé que l’espion Tony Mendez (Affleck) a l’idée géniale de prétexter le tournage d’un film de SF bidon pour s’introduire dans l’Iran de Khomeiny et y libérer une poignée d’otages américains. Parmi les histoires totalement invraisemblables (mais absolument véridiques) mises à jour par Argo, notre préférée est ainsi celle de John Chambers (interprété par John Goodman dans le film), génie du make-up, lauréat d’un Oscar pour son job sur La Planète des Singes, et qui travailla en sous-marin pour la CIA pendant des décennies, affublant de prothèses de sa confection les agents US spécialisés dans les missions d’exfiltration. Only in Hollywood…

Ben Affleck : "Avec Live by Night, j’ai essayé de voir grand"

The Player
Et si, avant d’être un super thriller politique sur la crise iranienne des otages de 79, Argo était d’abord la satire des mœurs hollywoodiennes la mieux sentie parvenue jusqu’à nous depuis The Player de Robert Altman ? Affleck papillonne en tout cas dans les coulisses de l’usine à rêves avec un sens du swing imparable, réservant les one-liners les plus poilants à un Alan Arkin déchaîné en producteur old-school, roublard et flamboyant (« You got problems with ayatollahs ? Try the WGA ! »). Mais la vision du Hollywood 70’s délivrée ici est finalement moins sarcastique que profondément romantique. L’image stupéfiante du panneau « Hollywood » en ruines que l’on aperçoit au détour d’un plan n’aurait pas dépareillée chez Altman, c’est sûr. Mais, pour le coup, peut-être pas tant dans The Player que dans Le Privé, autre rumination mélancolique sur les idéaux envolés de l’âge d’or.

Chasseur blanc, cœur noir
Parce qu’on connaissait la (belle) gueule d’Affleck avant qu’il passe derrière la caméra, la presse US s’est empressée de le qualifier de « nouveau Eastwood ». C’est un poil exagéré, mais ça nous a tout de même donné envie de revoir Chasseur blanc, cœur noir, l’évocation du tournage de African Queen avec Eastwood en simili-John Huston. Tout simplement parce qu’un acteur-réalisateur qui se met en scène dans la peau d’un cinéaste, ce n’est jamais innocent. Dans Chasseur blanc…, Eastwood utilisait la figure de Huston pour s’affirmer comme l’héritier d’une tradition de cinéastes à l’ancienne, pour qui le tournage d’un film était au moins aussi important que le produit fini. Dans Argo, Affleck joue lui aussi un type avec un film à tourner (son leitmotiv, très méta : « Let’s make a movie ! »). Mais le projet est fictif, le tournage bidon, et le film ne verra jamais le jour. Peur panique de l’échec ? Grosse dose d’humilité ? Ou autoportrait d’Affleck en éternel débutant qui flippe qu’on le prenne pour un imposteur ?

Portés disparus
Votre film d’interventionnisme US, vous le prendrez comment ? Façon Argo (sérieux, concerné, totalement démocrate) ou à la mode Portés Disparus (bourrin, brutal, viscéralement républicain) ? Esthétiquement, politiquement, rien à faire : ils sont aux antipodes l’un de l’autre, par n’importe quel bout qu’on les prenne. Aucun rapport, vraiment ? Dans ce cas-là, il faudra nous expliquer pourquoi Ben Affleck s’est fait la tête de Chuck Norris

Frédéric Foubert

Making-of d'Argo :