La réalisatrice Momoko Seto signe un premier long-métrage étonnant, à la frontière entre documentaire scientifique et fiction interstellaire. Une odyssée vertigineuse à laquelle il faut cependant rester accroché.
Il n’existe pas grand-chose de comparable à la proposition de Momoko Seto avec son premier long-métrage, Planètes. Présenté à la Semaine de la Critique au Festival de Cannes, puis en sélection officielle à celui d’Annecy, ce film d’animation original et expérimental fait son bout de chemin. Tout comme Dendelion, Baraban, Léonto et Taraxa, les quatre akènes de pissenlits - ces gaines surmonté d’un tutu blanc - qu’on suit durant 1h15, après avoir été propulsés dans l’espace suite à une catastrophe nucléaire dévastatrice. Sur une nouvelle planète gelée en mutation à cause de changements climatiques, ces tout petits personnages devront trouver un sol viable afin de s’implanter.
On pense évidemment à Interstellar, autre film de SF catastrophe, où l’enjeu est la recherche d’une planète B. Mais Momoko Seto resserre sa focale sur le petit, l’invisible, et ce qui peut nous sembler insignifiant. Par le biais de ce périple interstellaire, nous voilà amenés à observer de très près un tas d’écosystèmes différents (mer de glace, désert, marécage, forêt luxuriante…), tous composés de faune et de flore parfois inquiétants, parfois fascinants.
Anthropomorphisme
Pour créer de toutes pièces ce monde imaginaire, la cinéaste (également ingénieure d’études au CNRS) a bricolé à partir de prises de vues réelles et d’éléments 3D. Elle utilise notamment la technique du timelapse, qui permet d’observer en accéléré un phénomène long et invisible à l'œil nu, comme la croissance d’une plante. C’est peut être aussi ce qui manque à Planètes : si le visuel réaliste est époustouflant, on découvre des environnements familier, et seule la taille macro rend les grenouilles, têtards, papillons et limaces un peu étranges et extra-terrestres.
L’absence totale de présence humaine - mis à part la bombe atomique - et de parole fait de ce film une fable profondément biologique, à l’exception des traits humains que la réalisatrice franco-japonaise confère à ses quatre akènes. Ces derniers ont non seulement un nom mais aussi des caractéristiques et des émotions : l’un possède un plus gros bulbe, l’autre une touffe complètement dégarnie, l’un semble plus peureux et un autre plus aventureux. Ces graines de pissenlits communiquent, se câlinent et s’entraident dans cet objectif commun de reprendre racine. Cet anthropomorphisme vient à la fois troubler le message, mais apporte aussi une narration nécessaire afin de rester accroché à ce film muet et contemplatif.
Planètes est un OVNI à la frontière entre imaginaire et réel, documentaire scientifique et science-fiction, recherche et art. Très osé mais peut-être un poil difficile à appréhender : il faut accepter de se laisser transporter par la composition musicale de Quentin Sirjacq et l’ambiance sonore de Nicolas Becker. Comme des akènes de pissenlits au gré du vent.
Planètes, le 11 mars 2026 au cinéma.
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