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Difficile a priori de croire qu’un film aussi inoffensif que Minuit à Paris peut s’attirer une menace de procès. Pourtant, une plainte vient d’être déposée officiellement contre Sony Pictures Classics, studio producteur du film, par Faulkner Litterary Rights, la société qui détient les droits d’auteur de l’écrivain William Faulkner (1897-1962).En effet, dans le film, l’écrivain Gil (Owen Wilson) est transporté par magie dans le Paris des années 20 et cite l’auteur de Tandis que j'agonise : « Le passé n’est pas mort ! En fait, il n’est même pas passé. Tu sais qui a dit ça ? Faulkner. Et il avait raison. Et je l’ai rencontré à un dîner… » Les ayant droits estiment qu’il s’agit d’une reprise d’une citation tirée du roman Requiem pour une nonne (1951) : « Le passé n’est jamais mort. Il n’est même pas passé. » Dont acte. « Sony n’avait pas le droit d’utiliser le nom de Faulkner ou ses travaux à son avantage », se justifient les plaignants. « En distribuant ce film, Sony a commis une action malhonnête, frauduleuse, délibérée et/ou volontaire ».« Cette assignation en justice est tout à fait injustifiée, et nous avons confiance en notre bon droit que nous défendrons au tribunal », n’a pas tardé à répondre Sony via sa porte-parole. « Utiliser une citation de 10 mots prononcée par Faulkner lors d’un discours est tout à fait légal et [les plaignants] n’ont aucun mérite à prétendre le contraire. » Sony conteste donc également la source de la citation. De plus, des personnalités comme Ernest Hemingway, Salvador Dali ou encore Pablo Picasso (joués par des acteurs, of course) apparaissent dans le film sans que personne ne semble s'en émouvoir.Sorti en mai 2011, le film de Woody Allen est l’un des plus gros succès publics du réalisateur (151 millions de recettes mondiales et 1,7 millions d’entrées françaises) et était récompensé par l’Oscar du meilleur scénario original en février dernier. Sans ce succès, peut-être que les ayant droits n’auraient pas pris la peine d’aller jusqu’à la menace du procès… Si, après tout, il est normal -bien que guère fair play s’agissant d’une citation aussi courte- de défendre ses droits, une question subsiste : pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?