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Le cinéaste québécois ne laisse pas indifférent, et Juste la fin du monde ne déroge pas à la règle.

Après le flamboyant Mommy qui avait bouleversé la Croisette l'année dernière, Xavier Dolan ne s'est pas reposé sur son Prix du Jury. Définitivement imprévisible, le réalisateur québecois s'est mis en danger en adaptant la pièce de théâtre Juste la Fin du Monde, de Jean-Luc Lagarce. Le Pitch ? L'après-midi en famille d’un jeune auteur (Gaspard Ulliel) qui, après 12 ans d’absence, retourne dans son village natal afin d’annoncer aux siens sa mort prochaine.

Sans surprise, Juste la Fin du Monde a profondément divisé la croisette à cause de son intrigue minimaliste mais aussi de ses choix de mise en scène et d'acting. Pour notre journaliste Sylvestre Picard, Xavier Dolan a malheureusement délaissé dans ce long-métrage toute la folie qui fait le charme de son cinéma. "On veut ce que Dolan sait le mieux faire : des baffes, du mouvement, de la vie, des couleurs, de la force nourrie par une croyance sans bornes dans la puissance du cinéma. A la place : la vieille rancune recuite et servie tiède comme dans un film français (très) moyen." Pire, le casting all-star constitue un frein à notre immersion dans le film : "on voit moins les personnages que les célébrités qui les incarnent sans passion, qui se cognent entre les murs de ce repas de famille ennuyeux et interminable."

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THR partage notre déception et note que "Xavier Dolan est incapable de faire un film plat ou sans vie, mais pour la première fois, il en fait un froid et profondément insatisfaisant." Peter Debruge, de Variety, lui, s'est ennuyé ferme et le fait savoir avec virulence : "Ici, au milieu du genre cinématographique le plus déplaisant (le déjeuner de famille hoûleux), Dolan a trouvé un moyen d'exaspérer et d'épuiser son public, mais il a aussi réussi à atteindre une catharsis inespérée à la fin d'une agonie longue d'une heure-et-demie."

De son côté, L'Express se veut plus mesuré et salue un exercice de style maladroit mais intéressant : " Tape à l'oeil et parfois agaçant et, en même temps, puissant et indéniablement fascinant, Juste la fin du monde est donc un film tout en contrastes. A l'image de son réalisateur."

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Avec Juste la fin du monde, Xavier Dolan a voulu prendre la Croisette au dépourvu. Pour son compatriote Eric Moreault, de La Presse, le cinéaste s'est même "réinventé" avec ce dernier long-métrage. " le flamboyant Dolan, on le savait, a des couilles. Et il en faut pour proposer cette adaptation de la pièce éponyme". Résultat ? "un huis clos puissant et claustrophobe" qui "marque une évolution dans son œuvre, sans ses acteurs fétiches et ses effets de manche habituels".

Séduit par l'interprétation d'un Vincent Cassel "dément", Le Monde a été convaincu par la prise de risque de Xavier Dolan : "Ce qui va se jouer dans ce huis clos grotesque et désespéré est une tragédie de l’intime, de la solitude radicale de l’homme, où l’âme se voit littéralement mise à nu. malgré le poids de la situation qui vous cloue littéralement au fond de votre siège, c’est souvent drôle." Tandis que Télérama écrit que : "des bouffées de lyrisme inouïes, dues au seul cinéma, viennent régulièrement suspendre l'impossible réconciliation familiale. Tout se joue sur les visages, dans les échanges de regards, d'une intensité magnifique. A chaque acteur, Dolan réussit à arracher une vulnérabilité inédite." Enfin, The Guardian, ne dissimule pas son enthousiasme : "La claustrophobie d'une famille a rarement été aussi bien démontrée que par le dernier drame stylisé de l'Enfant terrible du Québec."

Audacieux ou prétentieux ? Ennuyeux ou fascinant ? Minimaliste ou intimiste ? Juste la fin du monde ne laissera personne indifférent et si vous voulez vous faire votre propre avis, il faudra le voir en salle à partir du 21 septembre.