Première
par Sylvestre Picard
La star de Coup de chance, sa principale attraction, ce n’est ni son script à la Match Point, ni Paris, ni le style Woody Allen, ni Paris par Woody Allen -Tout le monde dit I Love You et Minuit à Paris nous ont plutôt vaccinés de ce côté-là. Non, la superstar de Coup de Chance, c’est Melvil Poupaud ! Génial et hilarant en bourgeois machiavélique orchestrant la perte de l’amant romantique de sa jeune et jolie femme, manigançant avec des gangsters yougoslaves entre une partie de chasse en Barbour et une séance de train électrique. Sauf que Coup de chance se veut moins un film de performance qu’un thriller bien réglé dans un Paris de carte postale et c’est là que ça coince. Contrairement à Rifkin’s Festival, le précédent Woody, la carte postale ne dissimule ici ni cruauté, ni mordant, ni ironie -et il faut un effort surhumain pour considérer comme ironique une situation où la belle-mère (Valérie Lemercier) vivant à l’étranger, en manque de bouffe française, s’exclame avec joie au restaurant « Ah ! voilà mon foie gras ! » en voyant arriver son assiette. En termes de cinéma, le dépaysement d’Allen à Paris se réduit à cette enfilade de clichés bourgeois (sur lequel il n’y a nul regard, nulle ironie, on le répète) bien loin de la vision fantasmée et fantomatique que le cinéaste projetait sur New York. En fait, avec l’apparition de Bruno Gouery en complotiste de salon, Coup de chance ressemble plus à un spin-off pas très réussi d’Emily in Paris, la série que le monde entier adore. On n’est pas sûrs que Coup de chance ait le même impact.