Studio 4C
Warner/Ankama/Eurozoom

Ce studio d’animation japonais a produit l’adaptation animée d’Amer béton et de Mutafukaz, ainsi que des épisodes d’Animatrix et du fabuleux Memories.

Les Enfants de la mer, réalisé par Ayumu Watanabe, sort en salles françaises le 10 juillet : on vous dit ici tout le bien qu’on pense de ce long-métrage animé stupéfiant, présenté au dernier Festival international du film d’animation d’Annecy. Adapté du manga de Daisuke Igarashi, Les Enfants de la mer tranche par son propos visionnaire et son affolante direction artistique utilisant toutes les techniques de l’animation, aussi bien "à l’ancienne" que numériques. Le propos rejoint la technique, le fond et la forme alliés dans une fusion parfaite : normal, après tout, puisque Les Enfants de la mer a incubé dans le Studio 4°C, dont le nom fait référence à la température à laquelle l’eau est la plus dense.

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L’indépendance est dans l’ADN du Studio 4°C : il a été fondé en 1986 par Kôji Morimoto, qui a notamment été animateur sur une tonne de films cultes dont Kiki la petite sorcière d’Hayao Miyazaki ou Akira de Katsuhiro Otomo. Le co-créateur du studio, Eiko Tanaka, a également bossé sur Mon voisin Totoro et Kiki la petite sorcière. Leur reconnaissance à l’international se fait sur l’extraordinaire anthologie de science-fiction Memories (1995), co-produite avec le fameux studio Madhouse : ce dernier produit Stink Bomb, le segment d’action féroce où un homme est contaminé par une arme biologique, tandis que 4°C s’occupe de Magnetic Rose et de Cannon Fodder, les deux autres films, d’une poésie incroyables. Le premier est réalisé par Morimoto, le second par Otomo. Morimoto a également réalisé le segment Au-delà de l’anthologie Animatrix (2003) chapeautée par les Wachowski. 5 segments d'Animatrix sur les 9 ont été produits par le Studio 4°C (deux autres viennent de Madhouse). Vous voyez le niveau.

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Plus récemment, si le Studio 4°C s’est chargé de quelques œuvres de commande comme la trilogie L’Âge d’or (2012-2014) adapté du manga de dark fantasy hyper violent -et hyper culte- Berserk, on retiendra leur Mind Game (2004, sorti en DTV en France en 2009 seulement) partriculièrement planant et couvert de prix. Ils se sont également chargés en 2006 de la version animée du manga Amer béton (première fois qu’un non-japonais réalise un anime dans l’Archipel) de l’immense Taiyo Matsumoto. Tout en respectant le trait si particulier du mangaka, Amer béton créait son propre univers : un oasis urbain déviant où deux gamins des rues mordent le bitume dans une ambiance de rêve plus punk. On retrouvait le génie du Studio 4°C pour construit des cités dans l’adaptation de la BD française Mutafukaz, sortie en 2017 : la ville de Dark Meat City, cadre des aventures du petit alien noir créé par Guillaume Renard, prenait vie, prenait chair avec une précision dingue, et devenait un véritable personnage de cinéma à l’instar de la Néo-Tokyo d’Akira ou de Takara-machi d’Amer béton. Les Enfants de la mer, qui respecte à merveille le trait du manga d’origine, est l’occasion pour le studio de construire un nouvel univers de cinéma : l’océan est peint comme une exoplanète dont il faut percer les mystères. Soit la parfaite expression de l’art que les animateurs de 4°C veulent exprimer, film après film.