France 2 rend hommage à Bertrand Tavernier ce dimanche.
France Télévisions poursuit son hommage à Bertrand Tarvernier, ce week-end : France 2 rediffusera Quai d'Orsay, à 21h05, puis L. 627 en deuxième partie de soirée. Dans le premier, sorti au cinéma en 2013, on retrouve Thierry Lhermitte en ministre des affaires étrangères très sur de lui : Alexandre Taillard de Vorms est grand, magnifique, un homme plein de panache qui plait aux femmes et est accessoirement ministre des Affaires Étrangères du pays des Lumières : la France. Sa crinière argentée posée sur son corps d’athlète légèrement halé est partout, de la tribune des Nations Unies à New-York jusque dans la poudrière de l’Oubanga. Là, il y apostrophe les puissants et invoque les plus grands esprits afin de ramener la paix, calmer les nerveux de la gâchette et justifier son aura de futur prix Nobel de la paix cosmique. Alexandre Taillard de Vorms est un esprit puissant, guerroyant avec l’appui de la Sainte Trinité des concepts diplomatiques : légitimité, lucidité et efficacité. Il y pourfend les néoconservateurs américains, les russes corrompus et les chinois cupides. Le monde a beau ne pas mériter la grandeur d’âme de la France, son art se sent à l’étroit enfermé dans l’hexagone. Le jeune Arthur Vlaminck, jeune diplômé de l’ENA, est embauché en tant que chargé du “langage” au ministère des Affaires Étrangères. En clair, il doit écrire les discours du ministre ! Mais encore faut-il apprendre à composer avec la susceptibilité et l’entourage du prince, se faire une place entre le directeur de cabinet et les conseillers qui gravitent dans un Quai d’Orsay où le stress, l’ambition et les coups fourrés ne sont pas rares... Alors qu’il entrevoit le destin du monde, il est menacé par l’inertie des technocrates.
"Quelle connerie ce métier !", s'exclame-t-il dans la bande-annonce, entre deux phrases en franglais. Il embauche un jeune homme pour rédiger ses discours (Raphaël Personnaz) et le spectateur découvre alors qu'il est incapable de comprendre le fonctionnement d'un traitement de texte, qu'il rejette ses erreurs sur le dos de ses employés et qu'il ne respecte pas franchement ses homologues. Avec ce film, le réalisateur de La Princesse de Montpensier propose une critique de la politique actuelle inspirée des BD de Christophe Blain et Abel Lanzac intitulées Quai d'Orsay - Chroniques diplomatiques. Des chroniques qui ne sont pas si éloignées de la réalité, puisqu'Abel Lanzac est en fait le pseudonyme d'un diplomate qui a travaillé au ministère des affaires étrangères pour Dominique de Villepin. Toute ressemblance avec ce dernier n'est évidemment pas fortuite !
L'humour du projet a bien plu lors de sa présentation au festival de Toronto. "La performance de Thierry Lhermitte est hilarante, soulignait par exemple Variety. Et le réalisateur en profite pour rendre hommage aux comédies hollywoodiennes des années 1930 et 1940." Cette satire devrait amuser les Français et les spectateurs d'autres pays d'Europe. Peut-être moins les Américains, qui auront plus de mal à saisir tous les dialogues", relativise le Hollywood Reporter, qui compare au passage Raphaël Personnaz à Zac Efron (!) et juge globalement que le film est "très énergique". La performance de Niels Arestrup est également saluée, et l'apparition de Jane Birkin en Prix Nobel de la Littérature a visiblement amusé les premiers spectateurs.
La DVDthèque de Bertrand TavernierQu'en avait pensé Première à sa sortie ? Voici notre critique : Le jeune Arthur Vlaminck est engagé aux Affaires étrangères pour écrire les discours du ministre Alexandre Taillard de Worms. Au contact de ce personnage survolté, il va découvrir les coulisses de la diplomatie française. En adaptant le premier tome de l’ébouriffante BD signée Christophe Blain et Abel Lanzac (alias Antonin Baudry), Bertrand Tavernier s’essaie à la satire politique. La mise en scène et ses procédés éculés (split screen et running gag), ne rend pas justice aux virtuoses dessins d’origine. Néanmoins, le film a la bonne idée d’assumer son statut de comédie et de laisser Thierry Lhermitte s’amuser comme un fou dans le rôle d’un ministre qui, inspiré de Dominique de Villepin, multiplie les envolées lyriques. Brocardant les codes absurdes régissant les rapports entre conseillers, cette version ressemble finalement davantage à un feel-good movie qu’à un traité de stratégie diplomatique. Moins caustique que son cousin anglais In the Loop (Armando Iannucci, 2009), Quai d’Orsay vire même dans ses derniers instants au témoignage historique.
Bande-annonce de Quai d'Orsay :
Bertrand Tavernier: "J’ai l’impression de faire à chaque fois un premier film"
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