Michel Blanc : "Avec L'Exercice de l'Etat, Tenue de soirée tient une place à part dans ma carrière"
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L'acteur a reçu le prix d'interprétation à Cannes pour ce rôle, que Bertrand Blier lui a proposé suite au désistement de Bernard Giraudeau.

France 5 mise sur un classique du cinéma français, ce soir : Tenue de soirée, de Bertrand Blier. Un film sorti en 1986 qui tient une place à part dans la carrière de Michel Blanc, comme il l'a confié à Première en 2011, au moment de la sortie en salles de L'Exercice de l'Etat. Revenant en détails sur ses rôles forts des années 1980, il racontait la fabrication, puis l'accueil reçu par ce film en particulier. Voici les détails. 

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L'histoire de Tenue de soirée : Antoine (Michel Blanc) est fou de Monique (Miou-Miou) qui n’éprouve pas d’amour envers son compagnon. Antoine va donc désespéramment se confier à son ami Bob (Gérard Depardieu) qui va l’écouter attentivement, car ce dernier est fou amoureux d’Antoine et va tout tenter pour le séduire…

Extrait de notre interview de Michel Blanc parlant de ce film en particulier :

Qu’est ce qui vous a poussé à passer derrière la caméra ?

J’avais écrit avec Patrice Viens chez moi, j'habite chez une copine et Ma femme s'appelle reviens. Et c’est lui qui m’a poussé à réaliser Marche à l’ombre, dont j’avais eu l’idée et que je lui avais proposé… pour qu’il le réalise. Sur le moment, j’étais désarçonné mais il est arrivé à me convaincre. Il m’a enjoint de prendre un bon premier assistant et un super conseiller technique, en l’occurrence Patrick Dewolf avec qui j’ai écrit la structure de l’histoire

C’est vous qui avez eu l’idée aussi de votre association avec Gérard Lanvin à l’écran ?

Oui mais cela a failli ne pas se faire. Je voulais à tout prix Gérard mais il avait refusé de jouer dans Viens chez moi, j’habite chez une copine où Bernard Giraudeau l’avait remplacé. Et Christian Fechner qui produisait les deux films m’a alors dit que ce serait grossier de ne pas proposer Marche à l’ombre en priorité à Bernard. Au fond de moi, je croisais les doigts pour qu’il refuse. Et c’est ce qu’il a finalement fait, se trouvant trop âgé pour le rôle. J’ai donc été dans la foulée le proposer à Gérard qui, cette fois- ci, a accepté, à mon grand soulagement.

Et, dans la foulée, vous allez vous éloigner de la comédie…

Oui, j'ai refusé toutes les propositions de rôles équivalents car je ne voulais pas m'enfermer dans un emploi qui aurait fini tôt ou tard par lasser. Et là, Bertrand Blier est arrivé avec Tenue de soirée 

Un rôle qu'il avait écrit pour… Bernard Giraudeau, encore et toujours lui !  

Je croyais que Bertrand ne m'aimait pas. Dans les années 70, il m'avait fait passer des essais pour une pub pour une bière. Et comme il ne m'avait ni engagé ni proposé un petit rôle dans Les valseuses qu'il a tourné après et où apparaissaient Jugnot et Lhermitte, j'étais persuadé qu'il n'appréciait pas mon jeu. Sans avoir imaginé que mon physique ne correspondait pas spontanément à celui du bon vivant, amateur de bières... Et puis, des années plus tard donc, début 1985, au déjeuner des César - où j’étais nommé en premier film pour Marche à l’ombre et lui pour le scénario de Notre histoire -, il vient me voir et me dit : « là, je fais un film avec Depardieu et Giraudeau puis après je réfléchis à quelque chose pour toi ». Peu de temps après, il m’appelle et me propose de m’envoyer le scénario de Tenue de soirée. Et là, j’apprends que Bernard a décliné le rôle au dernier moment. Et je comprends que Bertrand me le propose. Je demande alors à Bertrand comment il compte faire puisque je n’ai pas spécialement le physique et le style de jeu de Bernard… « Quand on change d’acteur, mieux vaut changer complètement de point de vue », me répond- il.

Il faut se souvenir que c'était un film très gonflé pour l'époque, notamment pour son traitement de l'homosexualité...  

Devant les rushes, on pleurait de rire, tout en ayant peur qu'à la sortie du film, les gens nous crachent à la gueule. Particulièrement le milieu homosexuel. Mais les homos ont compris qu'on ne se foutait pas d'eux. On a même eu un article dithyrambique dans Gai Pied, titré "Touche pas à la femme Blanc". Puis on a été sélectionnés à Cannes, où j'ai reçu le prix d'interprétation. Avec L'Exercice de l'Etat, ce film tient une place à part dans ma carrière.  

Comment s'est passéla collaboration avec Gérard Depardieu ? 

Lors de notre première rencontre, il m'est rentré dedans. A cette époque, j'avais pour habitude de partir quelques jours à New York avant chaque tournage. Gérard m'a expliqué que ça l'avait fait chier de me savoir là-bas, alors qu'on avait un film à faire. Je lui ai répondu que je fonctionnais ainsi et qu'il ne me changerait pas. Or, comme tous les grands fauves, rien ne l'excite plus que la peur de l'autre. Et comme je n'ai pas eu peur de lui, on est devenus très potes et on s'est régalés sur le tournage. Il s’est toujours montré très prévenant  

Après Tenue de soiréeles propositions ont changé pour vous ?  

Sans doute, mais je ne m'en suis pas vraiment aperçu. Car, assez vite, j'ai joué Monsieur Hire, un autre personnage très éloigné de ce que j'avais pu faire. Un rôle écrit par Patrice (Leconte) pour Coluche avant son décès tragique. 

L'entretien de Michel Blanc est à lire en entier en cliquant ici