L'acteur, qui va fêter aussi 40 ans de carrière d'ici peu, s'est fait une spécialité de livrer des performances spectaculaires, nourries par des transformations bluffantes. D'Edward à Louis XV en passant par Willy Wonka ou Jack Sparrow, retour sur ses rôles les plus fous.
Difficile de donner un âge à Johnny Depp, tant il a changé d'apparence au fil des ans, au fil des films, au fil des rôles. Et pourtant, la star révélée dans les 80's avec 21 Jump Street n'est plus un jeune loup déluré. L'acteur vient d'avoir 60 ans !
John Christopher Depp II est né le 9 juin 1963 au fin fond du Kentucky (États-Unis) et en plus de son anniversaire, il va célébrer dans quelques mois ses 40 ans de carrière, lui qui a commencé en 1984, dans Les Griffes de la Nuit, poussé par son ami de l'époque, Nicolas Cage... Il y jouait un petit ami massacré par Freddy Krueger. Entre ce rôle de victime de second plan et le dernier Maïwenn qui a tant fait de bruit à Cannes, le mois dernier, il s'est écoulé beaucoup de rôles. Beaucoup de performances folles qui ont fait de Johnny Depp l'un des acteurs les plus spectaculaires.
Durant sa prolifique carrière, Johnny Depp a pris soin de ne jamais s’enfermer derrière un type de personnages. A croire qu’il cherche, pour mieux changer de peau (littéralement), à disparaître sous des tartines de maquillages, des kilomètres d’extensions capillaires et des fringues plus atypiques les unes que les autres, quitte à ne jamais rafler d’Oscar. Pour l’instant.
D'Edward aux mains d'argent à Louis XV en passant par Jack Sparrow, Willy Wonka, Ed Wood et tant d'autres, retour sur ses métamorphoses les plus dingues. Bon anniversaire Johnny Depp !
Edward aux mains d’argents, de Tim Burton (1990)
La première collaboration entre Tim Burton et Johnny Depp est la première d’une longue série de rôles à métamorphoses physiques pour l’acteur. Mais là où ses collègues hollywoodiens s’amusent à jouer au yoyo avec leur poids pour montrer à l’Académie des Oscars à quel point ils bossent, Depp, lui, préférera le camouflage au double menton. Et contrairement à ce que l’on pourrait penser, Edward aux mains d’argent n’est pas qu’une histoire d’amour entre un poète aux ciseaux et une ado jouée par Winona Ryder. C’est aussi la naissance d’un trio inséparable formé par Burton, Depp et des litres de fond de teint blanc que l’on retrouvera quelques années plus tard.
Las Vegas Parano, de Terry Gilliam (1998)
Après avoir enchainé une douzaine de films (Cry Baby, Arizona Dream, Ed Wood, Dead Man), huit ans après Edward aux mains d’argent, Depp reprend goût au déguisement chez Terry Gilliam. Dans Las Vegas Parano, il devient Raoul Duke, journaliste allumé (basé sur Hunter S. Thompson, le créateur du "journalisme gonzo") en route pour la ville du vice avec son avocat (Benicio Del Toro), avec qui il s’applique à prendre le plus de drogues possibles. Du coup, côté accessoires, Johnny se tape tout l’attirail du parfait beauf des années 70 : le short de piscine, la chemise hawaïenne, le chapeau de touriste et les chaussettes blanches montantes. Sans oublier les lunettes de soleil qui ressemblent un peu trop à celles que porte Walter Sobchak (John Goodman) dans The Big Lebowski. Inoubliable.
Avant la Nuit, de Julian Schnabel (2001)
L’acteur se découvre une nouvelle facette dans Avant la Nuit, qui retrace la vie de l’écrivain cubain Reinaldo Arenas (Javier Bardem), homosexuel séropositif engagé dans la Révolution. Il interprète un travesti dénommé Bon Bon, qui exerce, au quotidien, les fonctions d’un lieutenant dérangé. Arborant tour à tour une perruque blonde et l’uniforme militaire, Depp change de peau avec un naturel déconcertant.
Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl, de Gore Verbinski (2003)
Chef-costumiers, maquilleurs et coiffeurs ont dû s’en donner à cœur joie pour transformer Depp en Jack Sparrow, la métamorphose la plus célèbre de l’acteur à ce jour qui lui valu sa première nomination à l’Oscar. Victime de l’énorme succès de Pirates des Caraïbes : La Malédiction du Black Pearl (plus de 650 millions de dollars de recettes au box-office), Disney produira quatre suites au film (et il est aujourd'hui question de le rebooter !). Johnny ne manquera pas une seule occasion de remettre son costume de pirate crado du XVIIe siècle, dont le look tente désormais d’être imité tous les ans le soir d’Halloween.
Charlie et la Chocolaterie (2005), Sweeney Todd (2007), Alice au Pays des Merveilles (2010) et Dark Shadows (2012), de Tim Burton
Le point commun entre les personnages foufous qu’interprète Johnny pour Tim Burton ? Leur teint blafard, évidemment. Depuis Edward aux mains d’argent, le réalisateur adore blanchir la peau de son acteur fétiche. Et, par ailleurs, lui offrir des rôles de dinguos, comme celui de Willy Wonka dans Charlie et la Chocolaterie ou du Chapelier Fou dans Alice au Pays des Merveilles. Hollywood ne snobe pas totalement les métamorphoses atypiques de Depp, nommé pour la troisième fois à l’Oscar du meilleur acteur pour Sweeney Todd (Neverland est passé par là entre-temps).
Lone Ranger : Naissance d’un héros, de Gore Verbinski (2013)
Des pirates aux peaux-rouges, il n’y a qu’un pas : Johnny Depp se trimbale avec un oiseau mort sur la tête pendant les deux heures de la synthèse spectaculaire des westerns que signe Disney, Lone Ranger. Malheureusement, le public ne sera pas réceptif à sa métamorphose en guerrier indien, pour laquelle il est même nommé aux Razzie Awards 2014 du pire film. Pourtant, le western de Gore Verbinski ne manque pas de qualités...
Into the Woods, de Rob Marshall (2014)
Dans la lignée de ses transformations pour Tim Burton, l’acteur retrouve Rob Marshall après Pirates des Caraïbes : La Fontaine de Jouvence et incarne le Grand Méchant Loup des contes de fées dans la comédie musicale made in Broadway Into The Woods. Johnny n’a qu’une seule scène dans le film, elle lui permet néanmoins de piocher dans la garde-robe des personnages de Tex-Avery et de se coller une moustache sur la figure. C’est à peu près ce qu’il refait, en moins réussi, dans un autre flop récent, Charlie Mortdecai (2015). Le public en aurait-il assez de ses coquetteries insignifiantes ?
Tusk, de Kevin Smith (2014)
La reconversion de Johnny Depp en personnages de cinéma "laids" à tout l’air de fonctionner. Dans Tusk, comédie horrifique qui n’a pas eu d’exploitation en salle sur le territoire français, Kevin Smith offre à l’acteur le rôle de Guy Lapointe, au look de redneck québécois caricatural. On retrouvera par la suite cet enquêteur loufoque dans Yoga Hosers, sequel de Tusk centré sur le duo que forme sa fille Lily-Rose Depp et Harley Quinn Smith. Voilà qui est courageux de la part d’un acteur élu l’homme le plus sexy de la planète à plusieurs reprises.
Strictly Criminal, de Scott Cooper (2015)
Avec tout le respect qu’on leur doit, la bande d’escrocs de Ray Liotta dans Les Affranchis peut aller se rhabiller devant Johnny dans Strictly Criminal, l’histoire vraie de James Whitey Bulger, gangster irlandais hors-normes qui devient le plus redouté des Etats-Unis au milieu des années 80. Yeux bleus, peau granuleuse, dents pourries et crâne dégarni : impossible de reconnaître l’acteur qui fit un jour ses débuts dans Freddy, les griffes de la nuit sur les premières images du film de Scott Cooper. "Méconnaissable au point de se faire oublier", écrit la critique Première. Le début d’un nouveau cycle de transformations physiques pour Depp ?
Les Animaux fantastiques 2 : Les Crimes de Grindelwald, de David Yates (2018)
Dévoilé à la toute fin des Animaux fantastiques, en 2016, Grindelwald est le grand méchant de la saga spin-off de Harry Potter. L'occasion de changer une nouvelle fois d'apparence pour Depp, au coeur de la suite du blockbuster : en puissant sorcier aux cheveux blancs et yeux vairons, "il livre sa meilleure performance depuis des lustres", écrivait-on dans notre critique du film, à sa sortie, en 2018. L'acteur ne sera cependant pas dans le n°3, suite à son divorce d'avec Amber Heard, procès durant lequel il a été accusé de violences conjugales, la Warner Bros a décidé de le remplacer par Mads Mikkelsen.
Jeanne du Barry, de Maïwenn (2023)
Empêtré dans des affaires personnelles sordides et un divorce des plus houleux avec Amber Heard, Johnny Depp se retrouve dans un film français à jouer Louis XV. Par défaut, comme l'avouera la réalisatrice, après des désistements d'acteurs hexagonaux. Mais qu'importe, sa performance est encore une fois étonnante : sous une perruque poudrée et accoutré dans une royle tenue du 18e siècle, il réussit à faire oublier le "péquenaud du Kentucky" (comme il le dit lui-même avec humour) et l'accent américain improbable qu'il donne au Roi de France, dans un rôle disert des plus surréalistes. Pour lui, ce n'est pas peu dire. Un joli cadeau pour ses 60 ans.
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