Première
par Frédéric Foubert
Qui a envie de voir un énième lamento sur la mort du cinéma et du star-system ? Produit par Netflix, bien sûr, sinon ça ne serait pas drôle… Noah Baumbach s’essaye au « film sur les coulisses du septième art » (un genre en soi), quelque part entre Les Feux de la rampe, La Nuit américaine et Stardust Memories. Avec une pincée de The Player, aussi, cité dès le plan-séquence d’ouverture, qui montre le dernier jour de tournage de ce qui pourrait bien être l’ultime film d’un certain Jay Kelly, superstar hollywoodienne cachant derrière son sourire irrésistible une grosse crise de la soixantaine. Kelly est un rôle-miroir pour son interprète George Clooney, qui en profite pour faire ici le bilan de son parcours à lui, avec son éternel sens de l’autodérision, certes, mais surtout beaucoup d’autosatisfaction, notamment quand il se met à pleurer devant des extraits de sa propre filmo, dans une scène censée être bouleversante mais en réalité à hurler de rire, la plupart des films en question (The American, Jeux de dupes…) n’étant pas non plus, soyons sérieux, d’impérissables chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma. Avant ça, Baumbach et Clooney se sont ridiculisés dans une scène où Jay Kelly redécouvre les joies simples de l’existence en prenant, à la faveur d’un voyage en Europe, un train en… seconde classe ! Avec des vraies gens ! Tous plus adorables les uns que les autres et semblant arriver tout droit d’une comédie d’après-guerre. Un moment aberrant, totalement hors-sol, qui, pour le coup, pourrait bien faire pleurer (d’embarras) les vrais fans de Clooney.