Affiches sorties de film mercredi 20 avril 2022
Metropolitan Filmexport/ Paramount Pictures France/ L'Atelier Distribution

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
UN TALENT EN OR MASSIF ★★☆☆☆

De Tom Gormican

L’essentiel

Malgré une bonne idée de base (une farce conceptuelle méta), le film préfère rester bien calé dans les formules standard de la comédie d’action. Dommage.

Certains acteurs sont nés pour jouer un rôle. Rien qu’à lire le résumé d’Un Talent en or massif, on pouvait se demander si Nicolas Cage n’était pas destiné à devenir le Nicolas Cage de cette comédie qui explose le quatrième mur pour jouer avec le réel et le charisme de cette star “méta” fascinante. 

Quand le film commence, Cage est, comme le vrai, dans le creux de la vague. Il a besoin d’un come-back, veut éponger son ardoise et régler ses conflits familiaux. C’est là qu’apparaît son plus grand fan, un Espagnol qui l’invite à venir célébrer son anniversaire à Majorque contre une somme d’argent conséquente, Cage commence par refuser avant d’y voir un moyen de repartir à zéro… Il ne sait pas qu’il vient d’embarquer pour une aventure azimutée.

Pendant un bon moment, Un talent en or massif est donc cette farce réflexive amusante, maquillée en buddy movie. Le film fait semblant de réfléchir aux aléas de la célébrité, joue avec les légendes urbaines qui entourent le vrai Nic Cage et s’interroge sur l’effet toxique du star système. Et puis… Tom Gormican et son co-scénariste décident de revenir dans le chemin beaucoup plus balisé du film d’action standard auquel Cage a été longtemps habitué. Par ricochet immédiat, leur fim souffre de ne pas être à la hauteur de l'idée hénaurme qui le fonde. Alors qu’il aurait pu (dû ?) creuser sérieusement la question de l'identification acteur-personnage, il préfère rester cantonné à son statut de comédie d’action mille fois rabâchée. D'où l’impression d'être face  une bonne blague qui lentement se déballonne.

Gaël Golhen

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

ET J’AIME A LA FUREUR ★★★★☆

De André Bonzel

En 2022, C’est arrivé près de chez vous fête ses trente ans ! Trente années qui auront vu Benoît Poelvoorde devenir une star, Rémy Belvaux se suicider à 39 ans et André Bonzel tenter de monter des projets sans qu’aucun n’aboutisse. Jusqu’à ce documentaire pas comme les autres où il a décidé se retourner sur sa vie, réelle ou fantasmée. Et de la raconter, en l’accompagnant en voix- off et en s’appuyant des images de films amateurs – qu’il collectionne depuis l’enfance – et en les mêlant à des images qu’il a tournées lui- pour livrer un récit aussi captivant par sa forme kaléidoscopique que par l’émotion mélancolique qu’il suscite. Puissamment intime, Et j’aime à la fureur ne place cependant jamais le spectateur en position de voyeur. Il l’invite dans ce tourbillon d’émotions fortes où fous rires et larmes se succèdent, accompagné par la BO d’une richesse époustouflante de Benjamin Biolay. Personnage à part entière d’un film qui vous hante longtemps après son ultime image.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A AIME

I COMETE ★★★☆☆

De Pascal Tagnati

L’ombre de Rozier, Rohmer ou Kechiche plane sur ce premier long de Pascal Tagnati qui explore la vie d’un petit village corse, au cœur d’un été. Co- écrit avec une partie de ses habitants, mêlant comédiens professionnels et amateurs, I comete réussit le parfait équilibre entre grande maîtrise formelle – il est construit comme une succession de saynètes, toutes en plans fixes – et ce sentiment de liberté infinie de ce qui s’exprime dans ce cadre rigoureux. I comete peut dérouter de prime abord, avec cette impression de toujours prendre en route les conversations des personnages. Mais le temps long joue pour lui et dessine une fresque à taille humaine où l’on parle aussi bien d’amour, d’amitié que du rapport à l’hexagone de ces Corses ou du sentiment d’isolement de certains ados qui y vivent à l’année. Une parenthèse enchantée avant que ce petit monde se sépare à la fin de l’été… pour mieux se retrouver au suivant. Un délice.

Thierry Cheze

OGRE ★★★☆☆

De Arnaud Malherbe

Tout comme La Nuée -produit dans le même moule du producteur Manuel Chiche et The Jokers- Ogre veut écorcher le genre jusqu’à l’os (bon, pardon) afin, peut-être, de dénicher une singularité plus qu’une pureté. Après les sauterelles cannibales de 2021, Ogre nous fait suivre une jeune institutrice et son fils partis trouver refuge dans un bled paumé où semble rôder une créature monstrueuse. Et Ogre finit par trouver sa singularité : d’accord, c’est sérieux comme pas deux, la fin est trop joyeuse pour être honnête (comme celle de La Nuée) et la narration est vraiment brisée entre les deux protagonistes… mais Arnaud Malherbe (la série Moloch) parvient à forger une jolie ambiance de cauchemar enfantin rural où les tronches les plus flippantes sont celles d’une bande de chasseurs. Surprenant, non ?

Sylvestre Picard

LES HEURES HEUREUSES ★★★☆☆

De Martine Deyres

L’image archive innerve ce documentaire qui nous plonge dans l’histoire secrète d’un hôpital psychiatrique située à Saint-Alban en Lozère. « Secrète », car cet établissement s’est toujours situé à l’écart du tumulte, des fracas de la société. Dès les années trente, les malades mentaux circulent quasi librement dans les rues et les champs, participent à la vie quotidienne effectuant divers travaux : reliure, menuiserie et même développement photographique. Les malades ne sont pas des « prisonniers » comme partout ailleurs. Durant l’Occupation, l’hôpital devient même un lieu de résistance qui accueille des réfugiés dont Paul Eluard et Georges Sadoul. Plus tard, Jean Dubuffet y fera s’épanouir son « Art brut ». Dans ce beau documentaire, les voix-off témoignent d’un monde à part où l’humanisme est porté en étendard, où la sagesse a permis de réinventer la psychiatrie. Particulièrement émouvant.

Thomas Baurez

MURINA ★★★☆☆

De Antoneta Alamat Kusijanovi

Murina, premier long-métrage d’une réalisatrice croate formée à l’Université de Columbia à New York où elle réside, a obtenu la Caméra d’or lors du dernier Festival de Cannes. Le public français y verra sûrement une sorte de remake de L’Effrontée de Claude Miller, ce qui suffirait presque à son bonheur. Julija est ado à la moue boudeuse qui vit avec ses parents sur une île rocheuse gorgée de soleil. L’arrivée d’un riche ami de la famille dans cet Eden précaire, va peu à peu cristalliser les tensions et permettre à la jeune fille d’entrevoir enfin une émancipation possible. L’action resserrée dans l’espace et le temps, la fluidité d’une mise en scène empreinte d’une sensualité contrariée, instaurent d’emblée un climat oppressant qui va trouver son paroxysme le temps d’une séquence sous-marine haletante. Une belle réussite.

Thomas Baurez

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LE MONDE APRES NOUS ★★☆☆☆

De Louda Ben Salah- Cazanas

Remarquablement interprété par Aurélien Gabrielli et Louise Chevillotte, ce premier long métrage met en scène un fils de cafetiers monté à Paris pour devenir écrivain, après la signature d’un premier contrat avec une maison d’édition. Et à travers lui, Louda Ben Salah- Cazanas dresse le portrait de cette partie – de plus en plus importante – de la jeunesse gangrénée la précarité qui transforme les rêves dorés en réalité rude. En l’occurrence ici une histoire d’amour qui l’oblige à emménager dans un appartement plus grand donc plus cher, l’angoisse de ne pas arriver à payer son loyer, les petites magouilles pour y parvenir, l’estime de soi qui fond à vue d’œil au fil des jours… Le réalisateur s’empare de ce quotidien dans une mise en images privilégiant les couleurs grises pour montrer la notion d’espoir de plus en plus réduite à la portion congrue. Mais ce parti pris quelque peu illustratif symbolise un film certes inattaquable dans son constant mais à qui il manque une étincelle qui lui permettrait de décoller, au- delà de la description de cette réalité vécue par la jeunesse française que le COVID a encore aggravée.

Thierry Cheze

MY FAVORITE WAR ★★☆☆☆

De Ilze Burkovska Jacobsen

Une route bordée d’arbres, un bus et à son bord une femme laisse voguer ses souvenirs. Elle se souvient d’avoir grandi dans un pays qui se targuait d’être le « plus heureux de la planète ». Elle y retourne aujourd’hui. En attendant, un flashback en animation nous propulse dans les années soixante-dix. La Lettonie est alors une République Socialiste Soviétique où le « bonheur » de sa population est sous contrôle. La cinéaste décrit comment la jeune fille qu’elle était a réussi à se défaire d’une réalité qui lui était pourtant imposé, au sein même d’une famille où chacun s’observait du coin de l’œil. Découvrir ce film dans le contexte actuel de la guerre en Ukraine lui donne forcément une portée particulière. Dommage cependant que le ton un brin monocorde de l’ensemble empêche de se laisser totalement envahir par ce voyage.

Thomas Baurez

L’ENFANT ★★☆☆☆

De Marguerite de Hillerin et Félix Dutilloy- Liégeois

Ce premier long métrage, librement inspiré par L’Enfant trouvé d’Heinrich von Kleist, nous entraîne dans le Lisbonne du milieu du 16ème siècle avec au cœur de son récit un orphelin adopté par un couple d’aristocrates franco- portugais et à la croisée des chemins, alors qu’il s’apprête à rentrer dans l’âge adulte. Et ce tant dans ses relations amoureuses (il doit se marier avec une jeune femme mais en aime une autre) que dans son rapport à ses parents ou sa relation d’amitié plus que mouvementée qu’il vit un ami de ces derniers. Ambiguïté, jalousie et malentendus sont au cœur de ce film photographié avec soin mais qui, à force d’épure (la volonté notamment d’effacer l’époque pour ramener le récit vers une contemporanéité), s’enferme dans une cérébralité, créant une distance qui finit par rimer avec ennui.

Thierry Cheze

QUI A PART NOUS ★★☆☆☆

De Jonás Trueba

On attendait avec impatience le nouveau Jonás Trueba, l’auteur du magnifique Eva en août. Excitation dopée par l’ambition de son nouveau projet, un documentaire où il a suivi pendant cinq ans le passage à l’âge adulte d’une bande d’ados madrilènes. Mais en dépit de belles fulgurances, la déception se révèle à la hauteur de l’attente. Tant sur la forme (la manière dont il tente sans succès de trouver sa place dans ce dispositif en apparaissant à l’écran) que sur le fond (où en prenant le parti de se concentrer sur leurs histoires d’amour ou d’amitié, il ne laisse aucune place à leurs réactions face aux événements du monde extérieur), Qui à part nous laisse un sentiment d’inabouti. Tout l’inverse de l’Adolescentes de Sébastien Lifshitz. Et ce d’autant plus que même en 3h40, suivre en profondeur autant de personnage tient du défi impossible. La série aurait sans doute été une forme plus appropriée.

Thierry Cheze

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

LE SECRET DE LA CITE PERDUE ★☆☆☆☆

De Aaron et Adam Nee

C’était prometteur : associer l’inusable Sandra Bullock et le revenant Channing Tatum dans un buddy movie. Elle, c’est Loretta Sage, écrivaine de romans d’aventures romantico-érotiques, qui ne s’est pas remise de la mort de son mari archéologue, et lui, Alan, le mannequin beau gosse de ses couvertures de bouquins qui participe grandement à son succès. Alors que Loretta est en promo de son nouveau livre, elle se fait enlever par Abigail Fairfax (Daniel Radcliffe), jeune millionnaire frustré qui veut retrouver la Couronne de feu, un artefact mythique dont l’écrivaine fait mention dans son dernier ouvrage. 

Voilà pour l'intrigue. Mais en dépit d'un caméo un peu marrant (Brad Pitt, complètement en mode Cliff Booth, dont on sent cependant qu'il cachetonne à mort et ça se sent), on comprend vite ici que le temps sera long, très long.. Aucune alchimie entre les deux personnages, aucun rythme, incapacité à réussir l'équilibre recherché entre humour trash et potache et l'émotion sincère de l'ode à l'amour qui point le bout de son nez dans la dernière ligne droite... Le Secret de la Cité perdue promettait beaucoup. La déception n'en est que plus grande.

Sophie Baudouard

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LES SANS- DENTS ★☆☆☆☆

De Pascal Rabaté

Auteur de BD reconnu (et fait Officier des Arts et des lettres en 2014) et déjà réalisateur de trois longs métrages (Les Petits ruisseaux, Ni à vendre, ni à louer et Du goudron et des plumes), Pascal Rabaté signe ici la chronique d’une communauté ayant fui toute vie civilisée pour s’installer dans une décharge où elle vit de mini- larcins sur laquelle enquête la police locale. Avec un parti pris : se passer de mots et des musiques pour que les dialogues ne passent que par des sons ou les expressions corporelles. Ce choix radical aurait peut- être fonctionné dans un format de court métrage mais il vire ici à l’exercice de style artificiel et pompeux, fragilisant d’emblée ou presque ce mélange de poésie et de grotesque avec lequel il ambitionne de transcender son récit et ses personnages. Tout sonnant faux, on reste totalement à la porte de son film dont les 85 minutes paraissent durer des heures, en dépit des efforts de Yolande Moreau, Gustave Kervern, François Morel et consorts.

Thierry Cheze

ALGUNAS BESTIAS ★☆☆☆☆

De Jorge Riquelme Serrano 

Dolores et Antonio, couple de nantis, sont invités sur une île reculée par leur fille Ana, son mari Alejandro et leurs deux adolescents, pour concrétiser un projet financier. Mais Nicolas, le gardien de l'île qui s'occupe de l'intendance, disparaît mystérieusement au milieu du séjour. Sans ligne fixe, réseau ou connexion à Internet pour alerter le continent, le climat devient de plus en plus hostile entre les membres de la famille... Assez intrigant dans sa première partie où le puzzle se met en place, Algunas Bestias s'effondre par la suite à force de ne pas choisir son ton : la piste du whodunnit est vite évacuée (on ne saura jamais ce qui est arrivé au pauvre Nicolas) alors que le drame à la Festen ne prend jamais vraiment sa place (malgré une scène d'inceste en plan-séquence très dérangeante, mais sans conséquence réelle). Une certaine torpeur s’installe dans le récit de la décomposition en temps réel de cette famille bourgeoise. Un peu vain, même si les amateurs de technique pure loueront le sens du cadre et la maîtrise de la profondeur de champ de Jorge Riquelme Serrano.

François Léger

 

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