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En faisant d’Hans Gruber un des meilleurs bad guys sur grand écran, l’acteur shakespearien a changé l’histoire du cinéma d’action. 

D'accord. Harry Potter, Sweeney Todd, Truly Madly Deeply, Robin des Bois… D’accord. 
Mais.
Surtout.
D’abord.

Piège de Cristal

Dix rôles iconiques d’Alan Rickman

Difficile à imaginer aujourd'hui, mais une simple recherche IMDB vous le confirmera : Hans Gruber, l’un des meilleurs méchants du cinéma, fut le premier rôle de Rickman sur grand écran. Avec Rickman, c'est un certain esprit du cinéma d'action des 80s qui disparaît. C'est vrai, Bruce Willis avait déjà un peu enterré tout ça. En reprenant le rôle de McClane dans les années 2000, mais sans rappeler Alan. Sans réaliser que ce qui fait que son personnage et le film ont imprimé la culture populaire, était aussi, surtout, dû au talent de l'acteur qui incarnait le "bad guy". On est bien obligé ici d’écrire une fois de plus le précepte hitchcockien "plus le méchant est réussi, plus le film sera réussi". Ce principe, Rickman l’a incarné comme personne. 

 


Shakespeare à L.A.

L’histoire raconte que Rickman avait d’abord mis les pieds dans le plat. Il aurait commencé par refuser le rôle de Gruber. Le film de McTiernan et Silver n’était pas forcément ce dont rêvait cet acteur shakespearien débarqué depuis deux jours à LA : "C'est quoi ce truc ? Je ne vais pas commencer ma carrière par un film d'action !" se serait-il dit en lisant le script. Il finira par se raviser et accepter le rôle, mais à ses conditions. Il prévient ainsi Silver qu'il veut jouer Gruber à sa manière. "A la base, le personnage était habillé comme un terroriste, j'ai donc proposé qu'il porte un costume à la place. Je me suis dit qu’ils pourraient rajouter une scène où je prends l'accent américain, et le héros croirait que je suis l'un des otages… Quand j’ai dit ça, Joel Silver m'a répondu "C'est quoi ces idées ? Pour qui tu te prends ? Va te faire foutre ! Tu t'habilleras comme on veut !". J’ai lâché l’affaire. Quelque temps plus tard, ils m'ont rappelé : le scénario avait changé, et c’était devenu la version que vous connaissez."

Rickman, était l'intelligence personnifiée. L'homme de l'ombre qui aura mis en orbite Bruce Willis et McTiernan, en incarnant avec Gruber l'un des plus grands méchants de tous les temps. L'homme qui imagina des dialogues aussi mémorables que "Joli costume. Taillé sur mesure par John Phillips, Londres. J'en ai deux moi aussi. Il parait qu'il habille même Arafat". C’est à ce moment-là, en entendant des saillies pareilles, que les spectateurs comprenaient qu'ils étaient en train de voir autre chose que les production habituelles. On l'a oublié, mais aux USA, avant la sortie, quand les trailers de Die Hard étaient diffusés dans les salles, le public sifflait Bruce Willis - un acteur de sitcom dont personne ne voulait dans un actioner. Mais ça, c’était jusqu’à ce qu’on découvre Rickman, sa nemesis, son ennemi, l'homme à qui il se confronte. On connait la suite. 

 


Son secret ? "Je n'ai jamais joué Gruber comme un méchant. Je l'ai joué comme un homme qui savait ce qu'il voulait, et qui était prêt à tout pour l'obtenir. Et puis, souvenez-vous, dans ce film, tous les acteurs noirs sont positifs. Et qui plus est, intelligents. Vous m'excuserez, mais il y a 30 ans, c'était révolutionnaire".

Repose en paix, Hans.