Toutes les critiques de Yourself and Yours

Les critiques de Première

  1. Première
    par Frédéric Foubert

    Et vous, vous en êtes où avec Hong Sang-soo ? Quand on n’est pas membre du fan-club, difficile d’être à jour sur la production stakhanoviste du Rohmer sud-coréen, auteur de près de 20 longs-métrages en 20 ans. Ceux qui suivent l’affaire de loin ont tendance à hausser les épaules en disant que Hong fait toujours le même film. Des hommes, des femmes, des nuits arrosées à la bière ou au soju, et un dispositif théorico-géométrique pour faire tenir debout une intrigue-ticket de métro… Essayer de mettre du sens dans sa filmo, c’est comme jouer au jeu des sept différences. De fait, cette obsession pour les variations minimalistes, les nuances invisibles à l’œil nu, est véritablement au cœur de Yourself and Yours, l’histoire d’un peintre qui n’en peut plus d’entendre dire que sa petite amie a encore passé la nuit à se saouler avec un autre homme. A moins qu’il ne s’agisse d’une autre fille ? Un double de la jolie Minjung ? Y aurait-il plusieurs sœurs jumelles en circulation ? Et la scène qu’on vient de voir, et qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celle qu’on est train de regarder, se déroule-t-elle hier ou… euh… demain ? En adressant quelques clins d’œil au Bunuel de Cet obscur objet du désir, Hong Sang-soo tente ici de nous expliquer comment tourner en rond dans un triangle (amoureux). Et au sein de sa propre filmo, tant qu’à faire. Paradoxalement, alors qu’il semble devenir de plus en plus autarcique, le Woody Allen de Séoul vient peut-être de signer le film idéal pour les retardataires qui n’auraient jamais vu un des ses films et voudraient prendre le train en marche. Bienvenue chez lui.