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Les critiques de Première

  1. Première
    par Benjamin Rozovas

    Empereur du polar stylisé, Johnnie To change de décor (parfois littéralement, en cours de séquence) avec cette comédie musicale glorieusement zarbe consacrée à la crise économique de 2008. Situé juste après la chute de Lehman Brothers, le film se déroule intégralement dans les bureaux de la compagnie Jones & Sunn, un fleuron du capitalisme chinois sur le point d’entrer en bourse, qui vibre (chante et danse) au rythme des fluctuations erratiques du marché. Des centaines de milliards pèsent dans la balance et les complications abondent, à commencer par les conséquences potentiellement désastreuses de la liaison secrète entre le PDG marié Mr Ho (Chow Yun Fat, impérial comme au bon vieux temps) et la directrice en chef Ms Chang (Sylvia Chang, également auteure de la pièce originale). L’inquiétude est palpable chez Jones & Sunn, ce qui n’empêche pas la masse salariale de contribuer à l’éloge musical des vertus égalitaires du big business ; boosté par un rapport prévisionnel positif, un jeune exécutif chante à s’en décrocher la mâchoire qu’il “veut que tout le monde le voit réussir”, tandis qu’un homme au dos voûté pousse un caddie d’ordures à l’arrière plan. À l’image, Johnnie To met le paquet. Il ne lésine pas sur les mouvements de caméra, filme ses grandes parades à la grue, en 3D, et sur d’immenses plateaux en verre escamotables. La richesse obscène de la production valant probablement comme ultime pied de nez aux autorités chinoises.