Toutes les critiques de Maria rêve

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Césarisés pour leur court métrage Pile Poil en 2020, Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller passent au format long avec Maria rêve, prix du public au dernier festival de Cabourg. Le duo conserve le même goût pour les personnages cherchant à faire exploser les murs d’un quotidien trop plan-plan ou plus largement d’une existence trop tracée devant eux. Dans Pile poil, une fille de bouchers se rêvait esthéticienne. Ici, une femme de ménage – mariée depuis 25 ans - et le gardien immuable de l’Ecole des Beaux- Arts vont vivre un coup de foudre inattendu qui va rester longtemps tu avant que les battements de ces cœurs qui se croyaient plongés pour toujours dans une sieste profonde ne leur ouvrent des perspectives inédites. Sorte de rencontre entre Je ne suis pas là pour être aimé et Antoinette dans les Cévennes, Maria rêve possède un charme fou. Celui d’une comédie romantique qui n’a pas peur des grands sentiments et qui, à l’inverse de tant d’autres, ne se sert pas de l’art moderne – au centre du récit – comme d’une usine à vannes faciles. Le tout avec une douceur jamais mièvre, à l’image de l’interprétation de ses deux comédiens principaux. Karin Viard qu’on n’avait pas vu fendre à ce point l’armure depuis longtemps. Et Gregory Gadebois qui, comme toujours sans en avoir l’air, vous bouleverse d’un regard, d’un sourire, d’un déhanché à la Elvis que son personnage apprend via des tutos sur Internet. Il n’est pas un des plus grands acteurs français d’aujourd’hui par hasard. Il joue d’abord et avant tout avec les autres. Et sa générosité épouse celle du film.