Toutes les critiques de Les Harkis

Les critiques de Première

  1. Première
    par Sylvestre Picard

    Il est toujours compliqué de s’attaquer à un sujet toujours aussi violent (entre autres raisons : violent parce que justement occulté pendant des décennies) que la guerre d’Algérie. Mais est-ce qu’au fond ce sujet n’affleure pas dans presque toute la filmo de Philippe Faucon, cinéaste des combats clandestins que rejouent sans cesse les mémoires et les identités (on dirait à Hollywood, pour faire court et gagner des Oscars : des « untold stories ») qui s’était déjà frotté à la chose avec le faussement minimaliste La Trahison en 2006. Ici, quand Les Harkis commence, quatre ans de guerre sont déjà passés et Faucon travaille un grand récit plus vaste dans l’ellipse, en comprimant le temps long dans un format ultra court (quatre-vingt-deux minutes, autant dire que rien n’est superflu). Encore une fois, c’est faussement minimaliste, et le résultat est impressionnant. D’abord par sa pédagogie (la simple exposition des faits) mais surtout par sa colère, qui anime tout ce qui se passe à l’écran. Celle des forces coloniales et des Harkis trahis par elles, un peu comme si Faucon avait réussi à canaliser et comprimer la puissance vénère des Indigènes de Bouchareb en le débarrassant des facilités du film de guerre. Les Harkis montre frontalement les tortures, les combats, les trahisons d’une guerre que l’on qualifiait autrefois de « conflit de basse intensité ». Tout l’inverse de ce qui s’est passé -et tout l’inverse du film, en somme.