Toutes les critiques de Les Amitiés Maléfiques

Les critiques de Première

  1. Première
    par Olivier de Bruyn

    En usant jusqu’à la corde le pouvoir attractif et quasi érotique (versant noir) qu’il exerce sur ses proches, André sombre à son tour dans une spirale mensongère qui craquelle ses fondamentaux: sa morgue irrésistible, son dandysme de gourou étudiant, sa raison. Quant à l’aveuglement de ses deux acolytes, il renvoie à une très ambiguë soumission. (…) Bourdieu met en scène son histoire comme un thriller. Le redoutable poker menteur entre ces jeunes gens élégants mais terriblement à vif s’incarne dans des séquences tendues, inquiétantes, imprévisibles. Bourdieu sonde avec une rigueur glaciale et pourtant fiévreuse des territoires dérangeants. Il en ramène un film implacable, discrètement impressionnant.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Le titre est beau, fluide et littéraire. On songe à honore de balzac et sa comédie humaine. Il est effectivement question d'un microcosme, d'un groupe d'arrivistes où règne le terrorisme intellectuel et où chacun essaie de posséder l'autre. Mais cette amitié, est-elle aussi maléfique que le titre voudrait nous le faire croire ? Emmanuel Bourdieu peine à répondre.
    - Les Amitiés maléfiques en images : la galerie photos
    - vos impressions ? discutez du film Les Amitiés maléfiques sur le forum cinémaLes bruits de couloirs universitaires, le dandy prêcheur d'une bonne parole, les rapports création/vie, Arnaud Depleschin les avait déjà filmés dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle...). Emmanuel Bourdieu avait d'ailleurs participé au scénario, fustigeant les poses romantiques de ces jeunes premiers de Normal Sup. Fils du sociologue Pierre Bourdieu, normalien, agrégé et docteur en philosophie, il connaît bien cette jungle littéraire. Dans Les Amitiés maléfiques, son troisième long métrage de fiction, ce sont encore trois universitaires, André, Alexandre et Eloi, qui retiennent son attention. La nouveauté est que, par cette chronique d'un déclin annoncé, filmée avec beaucoup de proximité, Bourdieu impose ses ambitions. Candidature (2001) était une sorte de nouvelle, Vert Paradis (2003), un poème, Les Amitiés maléfiques sera un roman.Mal dans leur peau, peu enclins à marquer cette société de leurs empreintes artistiques, Alexandre et Eloi vont être déboussolés par un troisième personnage, André. Plus charismatique et mieux adapté, ce génie du verbe est un héros romantique qui va les entraîner dans une recherche du moi, les amadouer, les bluffer en somme. André est un bel homme au discours ambigu, le porte-parole d'une génération chimérique et d'une littérature qui refuse l'écrit. Selon lui, le mot doit être mérité, la ponctuation décisive, la raison oubliée. Il faut aller très loin sans se retourner et surtout ne jamais regretter. En fait, André doit vivre, avoir son public, ses adeptes, être dans l'attitude du démagogue. Sa théorie est brillante mais son bonheur est solitaire, ancré dans une rêverie impure car trop irréelle. Il est dans une quête illusoire.A trop vouloir s'approcher du soleil, on se casse la gueule. Pour avoir agi en dilettante avec son maître de thèse, André se voit retirer tout possibilité d'obtenir son diplôme. Bourdieu, à ce moment-là, corrige son personnage et lui fait payer son dû. Il l'envoie dans un gouffre aux chimères, au travers de belles séquences de désespoir, aux images émouvantes et à la caméra discrète. André se retrouve seul, ne sachant plus quoi faire, tente de se relever, mais sa nature grandiloquente le rattrape. Il devient abject, rejette son entourage, se pose en incompris notoire et devient une tâche. Il doit donc s'effacer.Un film en déséquilibre
    Dans Les Amitiés maléfiques, on sent la résonance d'un cinéma de la prose. Depleschin utilisait déjà ce registre dans son film précité. La comparaison est donc inévitable, et douloureuse pour Bourdieu. Dans Comment je me suis disputé (ma vie sexuelle), en tant que scénariste, il s'était concentré principalement sur le regard fantasque de Jeanne (interprétée par Jeanne Balibar). Ce personnage était violent, passionné, adepte d'un romantisme de l'excès. Il avait la foudroyante beauté d'une femme excentrique. Bourdieu avait pourtant réussi à la rendre sympathique et accessible. Depleschin équilibrait le tout et cela donnait un film choral où chacun avait sa chance d'exister. Dans Les Amitiés maléfiques, Bourdieu continue d'appliquer ses procédés, mais sa mise en scène ne parvient pas à être celle d'un groupe. Ce qui entraîne un déséquilibre complet et laisse le film inachevé.Le cinéaste, concentré sur André, semble se désolidariser d'Alexandre et Eloi. Il les expédie manu militari en trois plans et deux mouvements de caméra. Et les autres personnages finissent par n'être que des ombres en souffrance (inexistante Natacha Régnier). Ils ne font que traverser pitoyablement le cadre. Au final, Eloi devient un écrivain célèbre, Alexandre s'épanouit en tant que comédien et la vie devient un long fleuve tranquille. Et on se demande si ces amitiés étaient aussi maléfiques que le titre voudrait nous le faire croire. Bourdieu peine à répondre et laisse le spectateur dans le silence, perdu. Le titre était pourtant beau.Les Amitiés maléfiques
    Réalisé par Emmanuel Bourdieu
    Avec Malik Zidi, Thibault Vinçon, Alexandre Steiger...
    France, 2006 - 100mn
    Sortie en France : 27 Septembre 2006
    [Illustrations : © Les Films du Losange]
    Sur Flu :
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    - vos impressions ? discutez du film Les Amitiés maléfiques sur le forum cinéma
    - Lire la chronique des Amitiés maléfiques publiée dans Ecrans, le blog cinéma à sa présentation au 59e Festival de Cannes.
    - Lire la chronique de Vert Paradis (2003).Sur le web :
    - Le site du distributeur