Première
par Isabelle Danel
En 1975, l’arrivée au pouvoir des Khmers rouges stoppe l’ascension du cinéma cambodgien, débutée quinze ans plus tôt. Les bobines des quelque quatre cents films tournés pendant cet âge d’or ayant été détruites, il ne reste de ce mélange de romances populaires et d’aventures fantastiques que les souvenirs épars de ceux qui les ont réalisées ou vues. Davy Chou se penche sur cette mémoire collective et la reconstitue. Il rencontre une actrice, des réalisateurs, des producteurs, des cinéphiles... Il fi lme les salles de cinéma de jadis devenues karaokés, restaurants ou squats. Aujourd’hui et hier se mêlent. La délicatesse de son regard et de sa mise en scène fait émerger ce monde englouti grâce à des
voix, des musiques, des lambeaux d’affiches ou des extraits de bandes-annonces. L’Aiglon quittant son nid, Le Marais sauvage ou L’Hippocampe, plus beaux peut-être que dans la réalité, nous sont ainsi donnés à « voir ». Sous-tendue par la tragédie d’un pays et d’un peuple, cette évocation poétique touche au cœur.
Première
par Damien Leblanc
Bien décidé à honorer une mémoire collective malmenée, Le Sommeil d'or sublime sans cesse les éléments qu'il tient à sa disposition, utilisant par exemple des chansons populaires des années 1960 et 1970 pour opérer de vivifiantes transitions. (...) Cette séquence exhale avec ardeur toutes les vertus fantasmatiques du septième art, brisant définitivement la frontière entre passé et présent, entre souvenir traumatique et lueur d'espoir, entre documentaire et fiction.