Toutes les critiques de Le Ciel rouge

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thierry Chèze

    Après l’eau, le feu. Après Ondine, Christian Petzold poursuit sa trilogie autour des éléments avec ce Grand Prix du Jury à Berlin, né de son désir de faire un film d’été. Mais évidemment à sa sauce, loin de la légèreté et de l’insouciance habituellement associées au genre. Et c’est précisément le feu qui commence à se développer autour de la maison près de la Baltique où se déroule l’action qui donne le la. Celui d’une menace d’abord invisible qui va se rapprocher de ce lieu choisi par deux amis pour leurs vacances. Deux potes que tout oppose – Félix, photographe hédoniste et Leon, écrivain obsédé par son deuxième roman qu’il ne parvient pas à finir – et qui auront la surprise de découvrir sur place Nadja (Paula Beer, divine) la nièce de la propriétaire et son amant surfeur. Une cohabitation qui sera celle de tous les dangers pour des cœurs prêts à s’embraser aussi vite que la campagne environnante. Œuvre la plus accessible de son auteur, Le Ciel rouge est aussi un grand film cruel autour de l’amertume, construit autour de Leon qui va prendre dans le récit la place centrale qu’il est persuadé d’avoir dans la vie. Un de ces personnages qu’on adore détester (Thomas Schubert, impressionnant), imbu de lui- même, qui va passer à côté de tout à force justement de son incapacité à regarder les autres. Et où dévoré par sa jalousie pour la liberté joyeuse de Nadja qu’il aime en secret tout en la méprisant, il va enchaîner les mauvaises décisions. Au fil d’un scénario riche en rebondissements distillés avec soin, Peztold signe une tragédie aussi bouleversante que malaisante.