Toutes les critiques de La dernière nuit de Lise Broholm

Les critiques de Première

  1. Première
    par Thomas Baurez

    Lise a 14 ans et rêve d’autres horizons. Elle vit dans une ferme de la campagne danoise au sein d’une famille luthérienne. L’action se déroule à la fin du XIXe siècle mais ici, le temps est à l’arrêt, figé voire pétrifié. Le vaste monde est un territoire inconnu, forcément terrifiant. Les voyageurs de retour de la ville portent en eux les mystères de ce hors-champ inatteignable. Lise espère et aspire mais on le comprend très vite, elle va devoir se contenter de cet espace replié sur lui-même, d’autant que sa mère s’apprête à donner naissance un nouvel enfant que cette ainée se devra d’accueillir. La caméra reste solidaire de cette jeune héroïne dont elle épouse le point de vue. Tout ou presque doit se dérober à son regard et lorsqu’une porte s’ouvre dévoilant une intimité secrète, on ressent puissamment les vertiges d’une transgression. Dans une séquence, on voit ainsi Lise s’aventurer dans la propriété voisine, étonnement vidée de ses occupants. La tension qui en émane, repose sur cette idée d’interdit physique et moral. Le mal est partout. Idem avec ce va-et-vient dans l’exiguïté de la maison familiale où les cris de douleur de la femme qui s’apprête à donner la vie s’entrechoquent avec l’euphorie de travailleurs enfin libérés du labeur de la journée. Entre ces deux extrémités, Lise, ne sait trop où se placer. La danoise Tea Lindeburg qui après la réalisation de plusieurs séries s’essaie pour la première fois au long-métrage, parvient à installer du vertige, là où tout basculement est vécu comme un crime. Sa mise en scène immersive donne à ce drame bergmanien l’allure d’un puissant survival.