J'avancerai vers toi avec les yeux d'un sourd

Cette plongée dans le monde du silence brise les clichés et dresse le bilan des obstacles que rencontrent les malentendants dans la société française. Le montage patchwork entremêle archives personnelles, reportages et tranches de vie. Un procédé un peu brouillon, mais extrêmement instructif

Militant et émouvant.

 La grande beauté du film vient de sa relativisation du terme « handicap » — une étiquette attribuée par la majorité à la minorité. 

Le récit s’éparpille un peu. Mais le spectateur lambda que nous sommes apprend tellement de choses (passionnantes ou révoltantes) (...) qu’il serait mesquin de chipoter sur la forme du film.

J’avancerai vers toi avec les yeux d’un sourd est en un mot un film à la fois imparfait et attachant, dont on sent que sa réalisation fut poignante pour la réalisatrice. 

Par-delà ses traits sensibles et son attention à l’expressivité des corps tandis qu’ils «signent», l’attrait du film tient aussi aux termes singuliers par lesquels il interroge une idée du communautarisme :

(..) la réalisation de Laetitia Carton propose un paradigme original, nous convie à entrer dans l’intimité des témoignages de Sourds, un monde intarissable de générosité ou une véritable langue, indépendante, doublée d’une culture qui leur est propre, s’ouvre à nos yeux. 

Acquise depuis longtemps à la cause des sourds, Laetitia Carton se révèle leur porte-voix idéal.

Malgré ses défauts, ce documentaire a cependant le mérite d’exister et de faire exister un sujet qui trouve jusqu’à présent peu d’échos dans le débat public. 

Le film, qui montre des parents accompagnant leurs enfants dans une des rares écoles réservées aux sourds, leur offre de s’exprimer, de retracer leur parcours, de décrire leur vie, et c’est captivant.