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Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    Depuis deux films, Benoît Jacquot se pique d’adapter les grands auteurs de polar américains. Après Don DeLillo pour À jamais, au tour de James Hadley Chase de subir son traitement particulier. Subir, c’est le mot. À force de viser l’épure, il dévitalise complètement ses personnages, silhouettes sans âme et aux intentions floues. Pourquoi ce jeune écrivain imposteur s’amourache-t-il de cette call-girl manipulatrice ? Rien dans le film, d’une raideur protestante, ne justifie une telle obsession, sinon le port de la cravache pour elle (fantasme un peu éculé) et une profonde culpabilité pour lui (qui lui ôterait tout sens commun). Le choix d’Isabelle Huppert, spécialiste ès soufre (une perruque brune et, hop, la voici en maîtresse-femme, vraiment ?), est en soi un aveu d’impuissance.