Dis- moi pourquoi ces choses sont si belles

Pour son deuxième long (17 ans après Borderline, resté inédit en France), Lyne Charlebois – la cousine du célèbre chanteur –s’intéresse à l’amitié singulière qui s’est nouée dans le Québec des années 30 entre un Homme d’Eglise, le frère Marie- Victorin et une de ses élèves, la jeune Marcelle Gauvreau, rescapés de la tuberculose. Un lien fort qui a donné lieu à une longue correspondance épistolaire sur de nombreux sujets alors tabous autour de la sexualité des hommes et des femmes. La cinéaste se retrouve donc face au défi de faire vivre à l’image ce qu’on imagine plus spontanément couché dans un livre. Un défi hélas escamoté par le parti pris de vouloir faire dialoguer le passé et le présent à marche forcée, en construisant un parallèle entre ces échanges et ceux de l’actrice et de l’acteur – qui entretiennent une liaison adultère mouvementée – choisis pour les incarner dans un film. Cette mise en abyme finit par desservir le propos. Car elle surligne ce que Dis- moi pourquoi ces choses sont si belles réussit dès qu’il retourne dans le passé à suggérer : l’avant-gardisme de ce qui se dit et s’écrit entre Marie- Victorin et Marcelle Gavreau, y compris par rapport à aujourd’hui. Trop de didactisme abime ce film qui s’est cependant vu primer lors du festival du film francophone d’Angoulême 2024 via son interprète, Mylène Mackay. Une composition indéniablement convaincante mais dont on se demande toujours comment le jury a pu la préférer à celle de Megan Northam dans Rabia.