Toutes les critiques de De l'amour

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Maria (Virginie Ledoyen), Linda (Mar Sodupe), Karim (Yazid Aït) et Manu (Stormy Bugsy), forment un petit groupe soudé par l'amitié des filles, et par l'amour entre Maria et Karim.
    Elles sont en stage professionnel, Karim travaille à l'usine et Manu glande gentiment. Ils vivent dans la même banlieue parisienne, et se retrouvent pendant leur temps libre. Tout va bien et Maria se prépare doucement à annoncer à ses parents que son amoureux, qu'elle ne leur a pas encore présenté, est d'origine arabe. Tout va bien donc, jusqu'au jour où, pour un petit vol à l'étalage et parce que, effrontée, elle provoque les vigiles du supermarché, Maria va se retrouver au poste de police. De fil en aiguille, elle sera victime d'un drame insupportable que, pourtant, on imagine assez ordinaire dans ces lieux où s'affirme unilatéralement la domination du système répressif. L'unité brisée de la vie des quatre amis devra être vengée.Pour ses deux films précédents le projet de Richet était clair. Avec De l'amour, il reste flou pendant et après la projection. L'histoire, un fait divers, est montrée de façon assez froide. Clinique sans être brutal, le regard du cinéaste tend à être plat. Il montre, c'est là sa précision la plus attentive, chaque chose, et sa place, chaque chose à sa place.
    Les scènes de repas familiaux chez Maria sont très poussées dans ce sens. Chacun des personnage apparaît pleinement investi dans un rôle stéréotypé, désarmant de banalité. D'une banalité que, encore une fois, Richet ne relèvera pas par l'emploi d'un cadre ou d'un point de vue original. Il abonde, au contraire, dans son sens. Le papa est gâteau de tout son coeur, la maman contamine de sa bienveillance l'espace du cadre à chaque fois qu'elle apparaît, le frère un peu chétif et la jeune fille en fleur, chacun à sa place, deviennent tout à coup, une vrai publicité pour groupe d'assurance. Et le film, dans son ensemble, obéit à ce principe d'une mis en place très poussée qui donne aux séquences un goût bizarre de déjà vu.Les séquences à l'usine, par exemple, font penser à toute une production peu connue du grand public, mais importante néanmoins, celle des films institutionnels. Dans ces films l'ouvrier est vu effectuant une action caractéristique de son travail, et comme l'ouvrier est un acteur, et qu'en plus il faut que ses gestes soient très explicites afin de répondre à la fonction pédagogique de l'image, il est souvent mis en scène en situation d'exercice, de démonstration. C'est exactement ainsi que Richet filme Karim, chronométré par son chef sous le regard du directeur, pour un test de productivité. Nous sommes donc, environnés de stéréotypes, dans une impression générale de déjà vu, et aussi, du coup, dans une perception facile. L'image acquiert ici cette espèce de naturalité qui fait la force du cinéma commercial américain. Tout file sans heurt, tout coule, tout est lié et tout fonctionne dans la banalité d'un décor de banlieue pavillonnaire.
    De l'amour produit donc la jonction de deux platitudes. D'une part celle du fait divers, et d'autre part celle de la distance, de l'humeur égale qu'adopte le point de vue par rapport à son sujet.De l'amour
    De Jean-Francois Richet
    Avec Virginie Ledoyen, Yazid Aït, Mar Sodupe
    France, 2001, 1h30 min.