Toutes les critiques de De la guerre

Les critiques de Première

  1. Première
    par Stéphanie Lamôme

    Le personnage principal, réalisateur de profession, s’appelle Bertrand. Il se rend sur une tombe au nom de « Bonello », prépare un long métrage avec Laurent Lucas et cauchemarde au sujet d’un film intitulé Tiresia. Bref, vous l’aurez compris : en s’inspirant très librement du traité de stratégie militaire de Clausewitz, le Machiavel prussien, Bonello livre un autoportrait téméraire dans lequel la poésie transcende la philosophie et la psychanalyse à chaque plan. Du coup, la dernière heure, absconse mais ultrasensorielle, prend des airs de poème païen. Entrez dans la transe.

Les critiques de la Presse

  1. Elle
    par Anne Diatkine

    Le cinéaste Bertrand Bonello affronte les mêmes difficultés que son avatar qui se plaint, au début du film, d'être incapable de montrer le plaisir. Transes, danses, jeux de guerre: les motifs ont beau varier, on s'ennuie toujours un peu au paradis.

  2. Paris Match
    par Alain Spira

    Après La possibilité d'une île, voici de nouveau un film de secte. Changer de vie, suivre un gourou, chercher le bonheur, n'est-ce pas la dernière aventure de l'homme moderne? On peut se poser la question. En dépit des faiblesses du scénario, on ne lâche pas du regard un Amalric à la dérive, transformé en soldat bobo dans un champ de bataille. Heureusement que Bonello sait faire autant l'humour que la guerre.

  3. Fluctuat

    Avec son casting branché et sa trame existentielle, De la guerre sentait le soufre. Las, Bertrand Bonello tombe dans l'auto-référence et passe à côté de son sujet...Envisager la quête du bonheur comme un combat qui nécessite organisation et stratégie, voilà une idée dans l'air du temps, vu les récents écrits philosophiques s'intéressant à la question. Bertrand Bonello s'inspire lui du traité militaire De la guerre (Carl von Clausewitz, 1832) pour dessiner le parcours d'un homme (Mathieu Amalric) en manque de sensations fortes, soudain entraîné vers l'expérience de la vie en communauté. La morphologie du récit est proche de ce qu'a produit la culture anglo-saxonne à la fin des années 1990 (Crash, Fight Club ou La Plage), mais nous sommes en France et la tentation de l'autofiction s'avère trop grande. Le personnage principal se prénomme donc Bertrand, il est réalisateur et prépare un film intitulé Tiresia : difficile de ne pas envisager le film comme une confession intime de Bertrand Bonello. Cette situation ne pose au départ pas de problème; le film démarre avec élégance, distillant le trouble existentiel de son personnage qui, à la recherche de l'inspiration, balade son spleen dans un magasin de pompes funèbres. La caméra de Bonello, qui a souvent fait des merveilles, capte bien cette esthétique de la mort. Puis c'est la rencontre avec une sorte de gourou (Guillaume Depardieu) qui veut guider Bertrand dans sa recherche d'épanouissement.C'est à ce moment-là que le film perd de son mystère, devenant vite sursignifiant. Bonello inscrit ses protagonistes dans un tissu de significations qui fait d'eux les héritiers déçus de 1968, mais la figure imposée du désabusement peine à constituer un détonateur artistique ; cherchant à susciter de la sensualité, la mise en scène en oublie surtout sa souplesse initiale. Après une première virée dans la communauté/secte, Mathieu Amalric revient vers sa fiancée (Clotilde Hesme, en faire-valoir sous-exploité) pour lui confier ses tourments, mais le film a déjà livré tout ce qu'il avait à proposer et les dialogues s'en voient désamorcés. La dernière heure ne sera plus qu'un enfoncement dans l'auto-citation (on voit un extrait de Tiresia) et la pose léthargique. S'il n'est pas inintéressant de voir Bonello tordre le cou au questionnement politique de départ (quel modèle de vie adopter ?), il s'avoue à court de solutions cinématographiques. De la guerre décide de finir comme un remake d'Apocalypse Now (Amalric allant jusqu'à citer les dialogues et rejouer dans une forêt les scènes du film), sans réelle justification autre que l'hommage à "francis ford coppola" rec="0". Il est assez triste de voir qu'une oeuvre française, qui aurait pu être en prise directe avec le monde, en soit finalement réduite à singer un autre film, si prestigieux soit-il.De la guerreDe Bertrand BonelloAvec Mathieu Amalric, Asia Argento, Guillaume DepardieuSortie le 15 octobre 2008  - Exprimez-vous sur le forum cinéma- Lire les fils festival de cannes, quinzaine des réalisateurs sur le blog cinéma