Clip

Il faut avoir le coeur, l’esprit et le regard bien accrochés pour donner sa chance à Jasna, adolescente serbe dont la quête de bonheur éperdue et volontiers autodestructrice décline toutes les étapes d’un film interdit – avec raison – aux moins de 16 ans. Mais la violence graphique, la pornographie, l'humiliation voulue et la note d’espoir extrêmement tordue
qui balisent son parcours témoignent d’une approche de cinéaste aussi dérangeante qu’incontestable. Le tout au service d’une émotion également singulière.

La porosité entre le Web et la vie se traduit dans la mise en scène par une mise en tension d'images virales et de scène de sexe "réelles" très crues. Ce parti pris donne au film un parfum de scandale mais il se justifie pleinement.

Ce premier film de Maja Milos est très cru et provocateur, dresse-t-il un sombre constat sur la jeunesse serbe fruste ou bien sur un malaise adolescent universel ? (...) D'autres le jugerons racoleur.

On pense logiquement à Kids, de Larry Clark. Sauf que la réalisatrice, à peine 30 ans, est moins âgée que l'auteur américain. C'est sa force, capable de saisir les humeurs d'une jeunesse plus à l'aise avec le porno qu'avec les sentiments. C'est sa faiblesse, cédant à la complaisance sur certains plans trop insistants - et pas forcément ceux qu'on croit. Reste que, pour un premier long-métrage, c'est une bonne claque.

Pour peu qu’on accepte les partis pris nécessairement extrêmes de la cinéaste, il se dégage du film une puissance d’incarnation et une forme d’espoir aussi agressives que persistantes.

Jasna a 16 ans. Boire, fumer, s'envoyer en l'air, elle ne pense qu'à ça. Elle flashe sur un garçon, qui la traite comme une chienne ; elle accepte tout de lui. La jeune réalisatrice serbe observe une jeunesse qui a grandi entre téléphone portable et porno, sans la juger. En montrant sa vitalité comme ses manques.

On se laisse emporter dans un flot d’images dérangeantes comme dans un long cauchemar filmé sans concession, mais avec un talent indiscutable.

Images trash, moches, désérotisées, images volées qui finiront par circuler sur la toile parce que c’est fait pour ça. Mais nul jugement moral dans ce film behavioriste, à peine fictionnel. Seulement l’addiction d’une fille perdue à un crétin fini et qui croit le tenir par sa queue. Qu’on aime ou pas ce film qui ne cherche pas à plaire, le geste est radical.

La réalisatrice serbe veut dire le manque de repères, le désespoir de la jeune génération. Et le rôle de la pornographie, omniprésente, qui pervertit le rapport au sexe des adolescents. Mais la provocation finit par virer à la complaisance et les images, qui mettent au bord du malaise, ne compensent guère l’absence de vrais propos.

Dans la lignée du travail de Larry Clark, ce premier film venu de Serbie ose décrire de manière explicite la sexualité des adolescents, sans l’accompagner d’un discours fort pour un résultat empreint de voyeurisme.

Cette vision sommaire du monde et cette succession maladive de scènes de sexe explicite à en dégoûter de l'amour ne remplacent pas un discours, un point de vue, une dramaturgie ou plus globalement une volonté de tirer les personnages vers le haut. Ce que Maja Milos ne fait jamais, avec une atroce complaisance dans le nihilisme. On n'est pas loin de la non-assistance à personne en danger.

Inspirée par des vidéos glanées sur YouTube, filmées par des ados depuis leurs portables, la réalisatrice Maja Miloš a décidé de mettre en scène, à son tour, la jeunesse trash de son pays. Voulant donner à Clip un réalisme quasi documentaire, la jeune Serbe ne cesse ainsi d’intercaler dans son film les images censées être capturées à l’arrachée par sa protagoniste Jasna. Complaisance et exhibitionnisme sont les moteurs de ce premier long-métrage qui prétend laisser poindre, sous sa constante violence, une sensibilité qui tombe à plat.

Le tableau est peut-être véridique mais il n'en ai pas moins pénible et abrutissant.

Réflexion sur la «génération portable», constat froid sur la jeunesse déprimée serbe, description clinique d'une relation physique aussi intense que malsaine...Clip veut tout ça à la fois, mais ne trouve jamais le ton, ni la mise en scène juste.