Toutes les critiques de Ça brûle

Les critiques de Première

  1. Première
    par Olivier de Bruyn

    L'éveil des sens adolescents : sujet idéal pour enfiler les clichés mièvres et prévisibles. Bonne nouvelle : Claire Simon, cinéaste de feu qui rayon docu ou fiction carbure à l'énergie sauvage, déchire les notations psychologiques, brûle les vignettes acidulées et traduit au plus près le chamboulement sensuel éprouvé par son héroïne. (...) Claire Simon, avec son humour ravageur et sa sensibilité tranchante, balance un film-grenade bourré de vitalité folle et d'émotions chavirantes.

Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Dans Ça brûle, Claire Simon évite les lieux communs du film sur l'adolescence en associant cet âge à des histoires plus grandes que lui. L'histoire de la passion affrontée au réel, celle du corps qui veut faire l'épreuve de sa puissance ou celle de la nature déchaînée emportant tout sur son passage accompagnent l'histoire de Livia qui ballade ses 15 ans, à pieds ou à cheval, à travers le paysage.
    - Vos impressions ? discutez du film Ça brûle dans les forums cinémaTout commence avec l'évanouissement de Livia (Camille Varenne) au bord d'une route de campagne. Le soleil du matin inonde son visage offert à la contemplation tandis que le chant des cigales crépite déjà dans l'air, rythmé par le son mat des pas du cheval qui erre autour de sa cavalière inanimée. Telle est l'apparition mise en scène par Claire Simon à l'entrée du film. La proximité du cadre sur la jeune fille, la sensualité dont regorgent son calme abandon comme l'évocation de la nature qui s'éveille autour d'elle sont, pour le spectateur, une invitation à toucher l'endormie. Alors intervient, en quelque sorte, l'incarnation de ce désir du spectateur sur lequel la cinéaste spécule. Un homme arrive, touche l'image et lui donne vie. En effet, secourue par Jean Susini (Gilbert Melki), Livia qui a fait une chute légère s'anime et reprend ses esprits. Telle est, maintenant, la scène originelle de Ça brûle.Un désir d'éternité
    A travers la circulation du désir quelque chose se noue simultanément des deux côtés du cadre, dans la pulsion scopique du spectateur et dans les prémices de la fiction. Cela marque la scène originelle du sceau d'une jouissance dont il s'agira d'obtenir le retour. En poursuivant Jean, Livia cherche à reproduire ce moment du réveil où elle s'apparaît à elle même, abandonnée au regard d'un autre, dans le plaisir de cet abandon. Nous sommes également conduits par la réalisatrice à toujours regarder la jeune fille sous l'angle contemplatif et fasciné de la première séquence. C'est donc un désir d'éternité qui fonctionne au coeur du drame : « La douleur dit : Disparais ! Mais tout plaisir veut éternité, / Veut une profonde, profonde éternité. » (Friedrich Nietzsche, La Chanson ivre, in Ainsi parlait Zarathoustra, Garnier Flammarion, Paris, 1996, p. 384). Claire Simon unit notre désir à la logique du film et à la passion de son héroïne. Elle rassemble ces trois instances de la fiction afin d'affronter le réel qui résiste à toute domination, fût-elle celle du rêve. C'est cette résistance, comme celle de Jean à la flamme de Livia, qui intéresse la réalisatrice. La tension qu'elle installe donne à son regard une âpreté qui lui permet de saisir la sauvagerie profonde de ce qu'elle filme.Une puissance vitale et poétique
    Ça brûle évoque ainsi une incandescence immémoriale du corps adolescent. La scène contemporaine y est propulsée dans une temporalité sans mesure où le drame sort de ses gonds pour s'étendre aux dimensions du mythe. Sur cette scène, les aspects sociologiques, psychologiques que nous pouvons déduire des relations entre les personnages de Jean, le pompier père de famille, et celui de Livia, l'adolescente revêche, ne tiennent qu'une place discrète de décors. Le lieu en revanche, le lien mystérieux qui unit le rêve des hommes à la puissance de la nature apparaissent au premier plan. Ici l'actualité de l'image n'est pas un discours sur le monde contemporain mais, purement matérielle et esthétique, elle est contingente au travail de prise de vue tourné avant tout vers la réalité des corps dans le paysage. Cette réalité du corps en tant que tel demeurant inchangée depuis la nuit des temps, selon Claire Simon, le film participe à la fois de la nuit reculée, du jour présent et de l'aurore à venir. L'aventure de Livia, son héroïne, est à la fois celle d'une adolescente en vacances et celle d'une Diane chasseresse offensée, telle qu'Ovide nous la raconte dans les Métamorphoses. Grâce à cela, la colère de la jeune fille, le cataclysme qu'elle provoque relèvent non d'une inconscience dangereuse et moralement condamnable qu'un point de vue plus prosaïque nous aurait forcé de reconnaître et de juger, mais d'une puissance vitale et poétique.Ça brûle
    Un film de Claire Simon
    Avec: Gilbert Melki, Camille Varenne, Kader Mohamed, Morgane Moré, Jean-Quentin Chatelain, Olivia Bouet-Willaumez, Nabil Radi, Mathieu Bagnis
    France, 2006 - 111 mn
    Sortie en salles : 16 août 2006[Illustratrions : © Shellac]
    Sur Fluctuat:
    - Lire la présentation du film Ça brûle publié dans Ecrans, le blog cinéma à sa présentation au 59e Festival de Cannes.
    - L'annonce de la sortie de Ça brûle sur Ecrans, le blog cinéma
    - Lire dans nos archives la chronique de 800 km de différence/romance (2002)
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    - Le site du distributeur