Toutes les critiques de Anti-squat

Les critiques de Première

  1. Première
    par Damien Leblanc

    Continuant à explorer le thriller social après Corporate (sorti en 2017), Nicolas Silhol s’intéresse à la question du mal-logement en prenant comme point de départ un dispositif alternatif d’hébergement qui existe en France depuis 2009. Mère de famille célibataire, Inès est sur le point de se faire expulser d’un appartement avec son fils de 14 ans mais elle trouve un emploi chez la société Anti-Squat, dont l’activité consiste à loger temporairement des locataires dans des lieux inoccupés afin de protéger ces logements contre les squatteurs. Le rôle d’Inès est ainsi de recruter des résidents à qui elle doit faire respecter un règlement drastique (les enfants sont par exemple interdits). Et la jeune femme comprend vite que ce dispositif est davantage piloté par le profit financier que par l’empathie pour les personnes en quête d’habitat... Désireux de décrire le climat contemporain d’angoisse sociale et d’injustice économique, Nicolas Silhol confie à l’impeccable Louise Bourgoin le rôle d’une femme tiraillée entre la mission cynique exigée par ses employeurs et son envie de venir en aide aux résidents précaires à qui elle s’attache. Il en résulte une tension digne d’un polar urbain d’anticipation où des travailleurs essorés essaient de survivre tant bien que mal au milieu d’immeubles déshumanisés qui constituent le décor d’un cauchemar paranoïaque. Malgré sa narration parfois mécanique, cette fable engagée nous plonge ainsi jusqu’au dernier plan dans une zone moralement trouble et captivante.