Toutes les critiques de Anna M.

Les critiques de Première

  1. Première
    par Christophe Narbonne

    À l’instar des grands films malades du maître (Répulsion, Rosemary’s Baby), Anna M. suggère plus qu’il ne démontre. S’attache à l’aspect clinique plutôt qu’à la théorie. Érotise la peur pour mieux désarçonner le spectateur. N’évite pas toujours un certain maniérisme. Et distille sournoisement son poison narratif en jouant de l’empathie éprouvée pour l’actrice principale, blonde diaphane a priori inoffensive. Le tout avec une ambition formelle où le rythme le dispute à l’élégance. Isabelle Carré s’est glissée dans ce contre-emploi avec une aisance confondante. (…) Jouant habilement des contrastes, Anna M. dérange. Ce n’est pas la moindre de ses qualités.

Les critiques de la Presse

  1. Elle
    par Michel Palmiéri

    Articulée sur un scénario rigoureux, impulsée par une héroïne imprévisible et incontrôlée, l'action véhicule une angoisse croissante jusqu'à épouser la forme classique du thriller, palpitant, haletant, hypertendu.

  2. Pariscope
    par Arno Gaillard

    Michel Spinosa filme avec subtilité ce vertige humain, il aime cette femme qui crie, cherche un autre, un espoir, un amour. Isabelle Carré porte, habite le film de bout en bout. Elle nous fait aimer cette femme, et cette folle à lier devient une folle à aimer qu’on a envie de serrer très fort contre soi. Avec ce personnage, l’actrice trouve son plus beau rôle; grâce à elle, longtemps après la projection, le spectateur malgré tout le drame de cette histoire, ne se souviendra que des belles choses.

  3. Le JDD
    par Danielle Attali

    Avec finesse, Michel Spinosa signe un grand film qui nous happe à la façon d'un thriller. (...) Un film d'une grande violence mentale dont on sort secoué.

  4. Télérama
    par Pierre Murat

    L’ambiguïté et la beauté de ce film surprenant, à la mise en scène à la fois précise et si libre, c’est de reposer sur la compassion. Spinosa n’est ni pour ni contre, mais avec.

  5. Le Monde
    par Jean-Luc Douin

    Le cinéaste signe un film bourré d'idées, parfois maniériste mais en perpétuelle quête de solutions de mise en scène, en particulier sur l'érotisation de son personnage. Qu'Isabelle Carré, confrontée à un rôle si risqué, échappe aussi bien à l'imitation de ses modèles qu'au ridicule est un indice supplémentaire de l'honnêteté de ce projet ambitieux.

  6. Paris Match
    par Alain Spira

    L'amou fou à lier existe, "Anna M." nous y plonge comme des crustacés dans une eau portée à ébullition par un scénario stressant. Isabelle Carré se dépasse pour se jeter "à corps et à cris" dans ce rôle de femme en souffrance capable de tordre la réalité pour la plier à son délire.

  7. Télérama
    par Aurélien Ferenczi

    Mais le film n’a ni la rigueur d’un constat pathologique, ni la maîtrise d’un thriller vaguement horrifique. Le problème est double : scénaristique et cinématographique. (...) Beaucoup de talent mal employé : on appellera ça un beau loupé.

  8. Fluctuat

    Après La parenthèse enchantée, il y a sept ans, Michel Spinosa revient avec un film sur la folie douce-amère et violente. Il raconte de manière intime l'histoire d'Anna, une jeune fille qui se perd dans le fantasme d'un délire amoureux.
    - Exprimez-vous sur le forum Anna M.Anna a un cartable en cuir et une trousse remplie d'ustensiles. Elle porte ses cheveux attachés comme une gentille petite fille. A la tête d'un département de restauration de livres pour la bibliothèque nationale, elle travaille bien. Comme une bonne élève rangée, elle a toujours fait ce qu'on lui a demandé, dit bonjour à la dame... mais craché sur sa mère en cachette, une fois revenue dans le petit appartement familial.
    Anna fonctionne mais n'a pas de vie sociale. Figure transparente, elle passe dans le monde qui ne la remarque pas. Elle semble d'ailleurs y être parfaitement intégrée. Elle gagne bien sa vie, a un beau métier... jusqu'à ce manque qui vient comme trouer son corps. Anna n'est pas une sainte et le fait de n'être pas touchée devient bientôt trop violent pour être supporté. Seulement il n'y a pas de recette, ni de livre qui donne vraiment une réponse, quand bien même on farfouillerait dans les vieux papiers. L'envie d'être défoncée à proprement parler, deviendra si forte qu'elle amènera Anna au bord d'une autoroute, littéralement sous les roues d'une voiture. Voilà jusqu'où elle est désormais prête à aller pour apaiser son désir, son manque. Cet aller sera sans retour, sa folie a commencé à s'exprimer au grand jour mais personne ne la remarque encore.Qu'est-ce que la folie ?
    Bien sûr Michel Spinosa signe un film qui parle de schizophrénie. Aujourd'hui, baigné dans la psychologie de comptoir, on reconnaîtra les symptômes des psychoses, des névroses, tout le monde pourra y aller de son expertise pour évaluer les propos de Spinosa. Pourtant ce n'est pas cette justesse clinique qui fait la force de ce long métrage.
    Spinosa convainc car son scénario nous amène dans la peau de son personnage principal. Son interprète, Isabelle Carré, magnifique, nous plonge dans son intimité. On la suit au plus près, de manière sensible, dans l'élaboration de ses délires qui se cognent irrémédiablement au mur de l'impossible. Anna, extrême, plonge en adolescence et se construit une histoire d'amour à partir d'un regard, d'une intonation. Elle s'appelle M. évidemment et tout est dit dans cette lettre, signe d'une existence anonyme et aimante avec une majuscule car on ne peut pas aimer à demi. Anna M. ressemble à tout le monde excepté qu'elle exagère un peu, beaucoup, à la folie. Mais qu'est-ce que la folie ? N'est-on pas inconscient parfois de prononcer des banalités ? Un jour un médecin lui dit "il faudra qu'on se revoie". Dans le vide de la vie d'Anna, ces mots résonnent comme une promesse, une promesse d'amour ou d'attention.Si le réalisateur suit Anna et les démons de sa souffrance, il montre aussi à quel point la société ne sait que faire de ses dingues et les laisse plonger dans leurs délires sans les retenir du côté de la clairvoyance. Rien n'arrête notre fanatique, pas les passants qui l'ignorent pour ne pas être déroutés de leur chemin, pas les médecins qui appliquant leurs recettes passeront à côté de la récidive et de la rechute. Alors le spectateur se sent interpelé dans sa part d'humanité. Il sait qu'un jour, il a détourné les yeux d'une personne en plein dysfonctionnement, ne l'a pas rattrapée, l'a laissée aller dans sa souffrance... Anna M.
    De Michel Spinosa
    Avec Isabelle Carré, Gilbert Melki, Anne Consigny
    Sortie en salles le 11 avril 2007
    © Diaphana Films
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