Air

Aussi étrange que cela puisse paraître en 2023, Nike a bel et bien été un temps un nain du marché de l’équipement sportif, loin derrière les ultra- dominants Adidas et Converse. Mais ça c’était avant. Avant l’été 1984 où Nike allait réussir à attirer dans ses filets le basketteur Michael Jordan, alors sur le point de débuter en NBA - et qui n’aimait pas leurs baskets ! - en lui proposant de s’associer à la création des dites chaussures appelées à devenir mythiques, les Air Jordan. C’est cette success story américaine en diable que Ben Affleck a choisi de raconter dans son cinquième film. Dire qu’il révolutionne l’univers du biopic sportif serait mentir. Mais l’essentiel est ici ailleurs : dans la jouissance communicative avec laquelle Affleck replonge dans les années 80 (reconstituées avec soin à l’écran par le chef op de Once upon a time… in Hollywood, Robert Richardson), recroise le fer avec son pote Matt Damon (irrésistible en Sonny Vaccaro, sorte de Jerry Maguire du marketing sportif, qui casse tous les codes pour réussir ce pari impossible) au milieu d’un casting quatre étoiles (Viola Davis, Jason Bateman, Chris Messina, Chris Tucker…) – le vrai atout majeur du film - et compose avec un art maîtrisé de l’autodérision le boss iconoclaste de Nike. Le tout ponctué d’idées de mise en scène malines, comme le parti pris de ne jamais montrer le visage de Jordan pour mieux raconter comment toute décision le concernant passe d’abord et avant tout par sa mère. Rythmé, dans un parfait équilibre entre humour et émotions, ce feel good movie se déguste sans modération.