Fils d'un petit fonctionnaire et d'une mère couturière, Aimé Césaire naît à Basse Pointe, à la Martinique, le 26 juin 1913. L'île est alors plongée dans la misère et l'enfant grandit dans un milieu modeste, entouré de ses six frères et soeurs. Mais Césaire, excellent élève, obtient son baccalauréat avec le "Prix de l'élève le plus méritant", puis une bourse qui lui permet de suivre des études de lettres à Paris dès 1931 dans les établissements les plus réputés : Louis le grand, puis l'Ecole normale supérieure. Au contact des jeunes Africains étudiants à Paris, Aimé Césaire prend conscience que leur identité martiniquaise est souvent refoulée. Il découvre aussi l'influence négative de la période coloniale dans les clichés négatifs et réducteurs que la France véhicule sur l'Afrique. Son mémoire porte sur Le Thème du Sud dans la littérature noire-américaine des USA. Le père de la négritudeIl commence à écrire en 1936. Avec Léon Damas et Léopold Sédar Senghor, il fonde la revue L'Etudiant noir. La rencontre de Senghor est décisive pour lui. Alors qu'il vivait sa condition d'homme noir comme une infériorité, il se découvre africain dans toute sa fierté et entreprend de réhabiliter ce qu'il nomme la « négritude ». Il fonde le concept du même nom en déposant sur un cahier d'écolier ses premiers mots de colère. « Je suis de la race de ceux qu'on opprime », déclare t-il. Construit en réaction à l'oppression du système colonial français, ce mouvement rejette fermement l'idée française d'assimilation culturelle. La négritude fait la promotion de la culture africaine, de sa violence et de sa beauté. Il crée une poésie à la forme ample, rythmée. Une poésie proprement musicale où résonne ses idées et son amour des origines. En 1937, il épouse Suzanne Roussi, une étudiante martiniquaise.Le combat politiqueAgrégé, Césaire rentre à la Martinique en 1939 et enseigne les lettres au lycée de Fort de France, au Lycée Schoelcher. Il a pour élèves un futur révolutionnaire, Frantz Fanon, et un grand écrivain et essayiste, Edouard Glissant. Sa carrière se partage entre l'enseignement, l'écriture et la politique. En 1947, il crée la revue Présence africaine avec Alioune Diop. L'année suivante paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre. En 1954, il est élu maire de Fort-de-France à l'âge de 32ans. L'année suivante, il devient élu député de la Martinique à l'Assemblée Nationale. Il milite un temps au sein du Parti communiste, puis fonde son propre parti en 1958, le Parti progressiste martiniquais (PPM). Césaire s'engage dans un combat en faveur de l'autonomie des Antilles et s'oppose fermement au colonialisme européen. Il prône l'importance des racines et la richesse de la langue. Son père disait de lui "Quand Aimé parle, la grammaire française sourit ". Retiré de la vie politique depuis quelques années, il décède le 17 avril 2008 au CHU de Fort-de-France, âgé de 94 ans. Surnommé « le nègre fondamental », la pensée de Césaire, ainsi que sa poésie ont profondément marqué et influencé les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation. Sur sa tombe sont gravés des mots extraits de son Calendrier lagunaire : « La pression atmosphérique ou plutôt l'historique / Agrandit démesurément mes maux / Même si elle rend somptueux certains de mes mots» Son oeuvre Elle est à la fois littéraire et politique. L'écriture d'Aimé Césaire est motivée par le traumatisme de l'esclavage et le besoin de retrouver sa dignité perdue. La révolte et la quête identitaire donnent naissance à son oeuvre poétique majeure, le Cahier d'un retour au pays natal, publié en 1939 date de son retour en Martinique. En 1941, il fonde la revue Tropiques, en réaction contre une littérature martiniquaise qui n'est qu'un pastiche de littérature coloniale, véhiculant les clichés d'un exotisme de bon aloi. La poésie de Césaire, comme les poèmes de Senghor, est marquée par le rythme. Le lexique et la force des images célèbrent la puissance et la chaleur des Antilles. Le poète recourt à l'écriture automatique. Rallié au surréalisme, André Breton rédigera en personne la préface de l'édition bilingue du Cahier, et celle de son recueil de poésie, Les armes miraculeuses (1946). Pour Césaire, l'urgence est de retrouver sa personnalité à travers la création d'un nouveau langage qui ne soit pas celui du colonisateur. Sa parole est dure. Elle vise à se soustraire de l'influence culturelle française. Son Discours sur le colonialisme (1950) est un pamphlet. L'auteur y dresse même un parallèle entre nazisme et colonialisme. Parallèlement à son activité politique, Césaire publie de nombreux recueils de poésie, comme Soleil Cou Coupé (1948), Corps perdu (1950), Ferrements (1960) ou, plus récent, Moi, Laminaire (1982) et La poésie en 1994. L'auteur est aussi dramaturge. Il s'oriente ensuite vers le théâtre avec Et les chiens se taisaient en 1956, un texte très dur qui a la réputation d'être inadaptable à la scène. Le héros, Rebelle, est un esclave qui tue son maître puis tombe victime d'une trahison. A partir de 1960, il rédige successivement La tragédie du roi Christophe (1963), qui est un succès en Europe, Une saison au congo (1965), Une tempête (1970).Au total, Césaire a publié plus de quatorze oeuvres où se mêlent l'influence de la philosophie des Lumières, le panafricanisme et le marxisme."iframe width="355" height="470" frameborder="0" src="http://www.ina.fr/archivespourtous/popup.php?vue=partenaire&partenariat=..."""/iframe""a href="javascript:partenairePlayVideo()""Cliquez pour lire "/a"
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