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Mille fois annoncé, mille fois repoussé, le film de Terrence Malick est un opéra cosmique.

Quelques chutes utilisées dans The Tree of life avaient pu donner un avant-goût de ce que réserve Voyage of Time. À la première vision, on a l’impression d’un de ces trips immersifs qui rappellent certains passages de 2001 – L’Odyssée de l’espace, ou encore les films psychédéliques de Ron Fricke qui interrogent les rapports entre l’homme et l’éternité. Mais, derrière la séduction immédiate des séquences d’une beauté fascinante et propice au lâcher-prise, une logique rigoureuse ordonne la chronologie d’une narration qui n’ambitionne rien moins que de raconter la création du monde, sous toutes ses formes, minérale, végétale, animale, et l’évolution des différentes formes de vie, depuis les bactéries jusqu’aux espèces les plus évoluées.

Un artiste visionnaire

À l’appui de ce travail, Malick s’est entouré d’une équipe de scientifiques (historiens, astronomes, biologistes, anthropologues, zoologues, géographes, physiciens, chimistes...) pour choisir, compiler et valider l’exactitude des phénomènes naturels représentés en prises de vues réelles, en images de synthèse ou à l’aide d’effets visuels. Le commentaire en voix off, dit par Cate Blanchett, relève de l’affectif beaucoup plus que de l’informatif. Si le résultat est admirable, c’est parce qu’il permet de contempler la non moins admirable – et parfois terrifiante – puissance de la nature, restituée ici avec l’intelligence et la sensibilité d’une équipe dirigée par un artiste visionnaire.