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Valérian et Laureline au cinéma, ça a du sens ? Est-ce possible d'en faire une bonne adaptation ?Une adaptation de la série sur grand écran est très pertinente car l'écriture visuelle de Jean-Claude Mézières (dessinateur de la BD, ndlr) est très cinématographique. D'ailleurs, dès le milieu des années 70, le dessinateur a travaillé sur une adaptation en dessin animé. Ce n'est qu'en 2007 qu'une série animée de 40 épisodes de 23 minutes (coproduction franco-japonaise) apparaît sur Canal + Family pour un résultat artistique peu convaincant.EuropaCorp parle d'un "Star Wars" maison. Le lien entre les deux oeuvres existe-t-il ?La proximité des deux œuvres n'est pas tant dans le traitement du space opera que dans l'influence de l'un sur l'autre. La série de bande dessinée a été une des sources d'inspiration de la saga cinématographique. On retrouve en effet dans Star Wars quelques éléments de l'identité visuelle de Valérian (série démarrée en 1967) et pas des moindres : le Faucon Millenium ressemble étrangement au vaisseau de Valérian, le costume de la princesse Leia dans Le retour du Jedi à celui de Laureline dans Le pays sans étoile, Han Solo prisonnier du bloc de carbonite dans Le retour du Jedi à Valérian dans L'empire des mille planètes, et d'autres détails encore.D'après le titre, Valerian and the City of a Thousand Planets, quel pourrait être le scénario de ce film ?Le titre est un peu troublant et rend difficile les prédictions. En effet, le premier album de Valérian s'intitule La cité des eaux mouvantes et le deuxième L'empire des mille planètes. A quoi avons-nous affaire alors ? À un mélange des deux, à la manière des Astérix ? Étant donné que les deux albums n'ont, à part les personnages principaux, aucun rapport entre eux, le résultat peut s'avérer très périlleux et artificiel. D'un côté, New York les pieds dans l'eau suite à un cataclysme nucléaire. De l'autre, une aventure aux accents heroic fantasy sur une planète d'une galaxie lointaine.  Dane DeHaan et Cara Delevingne vous semblent-ils de bons choix de casting ?Luc Besson a misé sur des acteurs à l'apparence un peu plus juvénile que les héros de la série. Physiquement, ils sont proches de leurs modèles de papier. Psychologiquement, ils semblent aussi pouvoir incarner les personnages de la série (esprit d'initiative, humaniste, mais parfois un peu maladroit pour l'un, futée, indépendante et piquante pour l'autre). Contrairement au 5e élément où Bruce Willis avait le rôle principal, les acteurs sont sont beaucoup moins connus du grand public, mais peut-être plus susceptibles de toucher un public jeune.  En regardant ce que Luc Besson a fait par le passé en terme de science-fiction, vous semble-t-il être le réalisateur légitime pour s'attaquer à cette oeuvre ?Sur ce coup là, on ne peut pas traiter Luc Besson d'opportuniste. Sa jeunesse a été baignée par la lecture de la série, qu'il voulait adapter depuis toujours. On peut d'ailleurs presque considérer le 5e élément comme un coup d'essai puisque Mézières (en compagnie de Moebius) avait participé à l'élaboration de l'univers visuel du film. Le fameux taxi jaune volant de Bruce Willis parait dans Les Cercles du pouvoir, puis se retrouve sur grand écran quelques mois plus tard. Besson a donc toutes les cartes en main et est peut-être le mieux placé pour adapter Valérian. La clef sera comme souvent la qualité du scénario et des dialogues et le dosage entre adaptation fidèle et version plus personnelle.Propos recueillis par mail par François Léger