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Wes Craven se réinvente brillamment avec ce nouvel épisode de la saga du tueur au masque.Dix ans ont passé depuis l'oubliable Scream 3, dix ans de development hell pour ce quatrième épisode pendant lesquels on a eu largement le temps de craindre pour le résultat final. Alors on va voir Scream 4 le couteau sous la gorge. Et puis on est pris par surprise : on prend un pied immense à suivre ce slasher à l'ancienne dont il serait criminel de révéler la moindre péripétie. Comme lors de la sortie du premier, en 1996, célébré à juste titre comme à la fois renaissance et enterrement du genre : le succès de ce film mort-vivant fit qu'il passa dans le code génétique de toute une génération, qui portait le masque du tueur comme un artefact pop, smiley face d'une jeunesse pré-an 2000 qui sentait bien que le passage au nouveau millénaire allait avoir une haleine de cadavre.Scream 4 sort à l'ère des smartphones : tout change, rien ne change ? Loin de se résumer à une critique attendue des réseaux sociaux et du web 2.0 (la citation obligée de Facebook est expédiée de manière assez fine dans le prologue, les iPhones ne servent en fait qu'à téléphoner - comme dans la vraie vie), le film autopsie la soif de célébrité et de gloire : "Je ne veux pas d'amis, je veux des fans", déclare le film. Une mythologie américaine du serial killer qui répand son venin depuis des décennies, dans la réalité et dans la fiction qui se cannibalisent mutuellement, de Charles Manson à Tueurs nés. Ce qui est toujours pertinent, à défaut d'être novateur.Si l'on s'en tient au pur cinoche, on avait peur que la caméra de Wes Craven sente la napthaline. Raté : on sent le plaisir derrière le découpage, qui s'amuse à mettre chaque scène de meurtre dans une sorte de "deuxième cadre" (un pare-brise, la fenêtre d'en face, une webcam et, bien sûr, un écran de cinéma) tout en nous balançant une généreuse dose de gore, dictée par la haine toujours réjouissante que semble porter le scénariste Kevin Williamson aux teenagers de pellicule.Mais, en 2011, après presque une décennie de domination du film d'horreur par le torture porn et le faux documentaire, entre la licence Saw et Paranormal Activity, y a-t-il encore une place pour les meurtres de cinéma à l'ancienne ? Oui, nous dit Scream 4 en nous plantant sa pertinence entre deux côtes, il y aura toujours un croquemitaine pour hanter les banlieues proprettes, comme à la fin d'Halloween de Carpenter : qu'il s'appelle Michael Myers, Freddy Krueger ou Ghostface, le croquemitaine se relèvera toujours. En attendant, ce retour aux sources ludique, ironique et sanglant à souhait est tout simplement le meilleur de la série depuis le premier film.Sylvestre Picard.Et vous, ce nouvel opus vous a-t-il convaincu ?Bande-annonce de Scream 4, qui sort mercredi :