Joe Russo, Ana de Armas, Ryan Gosling, Chris Evans, Rege-Jean Page et Anthony Russo à l'avant-première de The Gray Man
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Les réalisateurs de The Gray Man, sur Netflix, dénoncent un discours qu’ils jugent "élitiste".

Si beaucoup de cinéastes s’inquiètent, voire se lamentent de la situation du cinéma post-Covid, ce n’est pas le cas de Joe et Anthony Russo. Après avoir signé deux des plus gros cartons de l’histoire, avec Avengers : Infinity War et Endgame, les deux frangins ont rebondi sur Netflix, où sort leur nouveau film, The Gray Man, qui met en scène Ryan Gosling et Chris Evans.

Pour les Russo, il ne s’agit pas de s’accrocher à un modèle en péril, mais de s’adapter au fameux monde d’après. Voici ce qu’en dit Anthony Russo dans un entretien accordé au Hollywood Reporter :

"On adore tout ce qui concerne le cinéma classique, mais on ne s’est jamais trop formalisé avec ça, d’aucune manière. Ce qui nous a toujours le plus excité c’est comment aller de l’avant ? Ne pas être trop attaché à la distribution en salle a toujours fait partie de notre philosophie. Comment se débarrasse-t-on des anciens modèles ? Comment touche-t-on un public qui n’a encore jamais été engagé ? Voilà ce qui nous intéresse le plus".

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Une prise de position qui n’est pas nouvelle pour les frères Russo. Quand Martin Scorsese avait jeté un pavé dans la mare en qualifiant les films de super-héros de parcs d’attractions, en 2019, ils n’avaient pas mâché leurs mots :

"Nous sommes juste deux types de Cleveland, en Ohio, et ‘cinéma’ est un mot new-yorkais. A Cleveland, on appelle ça des ‘films’. Il faut aussi se dire que personne ne possède le cinéma.  Le cinéma ne nous appartient pas. Le cinéma ne vous appartient pas. Le cinéma n’appartient pas à Scorsese."

Dans la même interview au THR, Joe Russo en remet une couche aujourd'hui :

"Le cinéma d’auteur a 50 ans aujourd’hui. C’est apparu dans les années 1970. On a grandi avec ça. On était gosses, c’était vraiment important pour nous. Mais il faut aussi être conscient que le monde a besoin de changer, et plus on veut l’empêcher de changer, plus on génère de chaos (…) Il faut aussi ne pas oublier qu’aller au cinéma est une notion élitiste. Ça coûte un bras. Donc c’est idée qu’on a créé, et à laquelle on s’accroche, selon laquelle la salle de cinéma est un lieu sacré, c’est des conneries. Et ça va à l’encontre de l’idée d’accueillir tout le monde. La distribution digital promeut la diversité, les gens partagent leurs comptes, ils peuvent avoir quarante histoires pour le prix d’une. Mais mener une espèce de guerre culturelle pour savoir si ça a une valeur ou non, c’est complètement bidon pour nous."

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