Spike Lee à Cannes
Abaca
Spike Lee, entouré du jury au complet : Mylène Farmer, Kleber Mendonça Filho, Maggie Gyllenhaal, Jessica Hausner, Mati Diop, Mélanie Laurent, Tahar Rahim et Song Kang-ho
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Spike Lee était la star du photocall du jury !
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Spike Lee, entouré de Kleber Mendonça Filho, Tahar Rahim et Song Kang-ho
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Spike Lee au photocall du jury
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Spike Lee au premier photocall du festival de Cannes 2021
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Spike Lee est à l'honneur, sur l'affiche du 74e festival de Cannes
Photographie de Spike Lee avec l'autorisation de Bob Peterson et Nike - tous droits réservés - Graphic design Hartland Villa
Spike Lee avec Mélanie Laurent et Mylène Farmer
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Spike Lee à Cannes
Spike Lee, entouré du jury au complet : Mylène Farmer, Kleber Mendonça Filho, Maggie Gyllenhaal, Jessica Hausner, Mati Diop, Mélanie Laurent, Tahar Rahim et Song Kang-ho
Spike Lee était la star du photocall du jury !
Spike Lee, entouré de Kleber Mendonça Filho, Tahar Rahim et Song Kang-ho
Spike Lee au photocall du jury
Spike Lee au premier photocall du festival de Cannes 2021
Spike Lee est à l'honneur, sur l'affiche du 74e festival de Cannes
Spike Lee avec Mélanie Laurent et Mylène Farmer

Spike Lee, entouré du jury au complet : Mylène Farmer, Kleber Mendonça Filho, Maggie Gyllenhaal, Jessica Hausner, Mati Diop, Mélanie Laurent, Tahar Rahim et Song Kang-ho

Spike Lee était la star du photocall du jury !

Spike Lee, entouré de Kleber Mendonça Filho, Tahar Rahim et Song Kang-ho

Spike Lee au photocall du jury

Spike Lee au premier photocall du festival de Cannes 2021

Spike Lee est à l'honneur, sur l'affiche du 74e festival de Cannes

Spike Lee avec Mélanie Laurent et Mylène Farmer

Mise à jour avec les clichés du photocall du jury, qui vient d'avoir lieu sur la Croisette.

Mise à jour du 6 juillet 2021 : Le 74e festival de Cannes vient de s'ouvrir par le premier photocall, traditionnellement consacré au jury. Nous ajoutons donc quelques images à cet article consacré à son président, Spike Lee, initialement publié quand l'affiche du festival, à son effigie, a été dévoilée. Il y est apparu avec un look tout en symboles : il porte une tenue du PSG, accompagnée d'une casquette du projet 1619, qui, lancé en 2019, vise à réévaluer les conséquences et le poids de l'esclavage aux États-Unis sur l'histoire du pays.

Actualité du 18 juin 2021 : Après le faux départ de l’édition 2020, dont il devait présider le jury avant que le COVID ne contrecarre les plans de la planète entière, c’est finalement le mois prochain que Spike Lee va devenir le premier président du jury noir de l’histoire du festival de Cannes. Un événement pris en compte par l’affiche du festival, dévoilée hier. Une image vintage du réalisateur - tirée d'une pub Nike culte avec Michael Jordan où il rejouait son personnage de Nola Darling n’en fait qu’à sa tête - les yeux braqués vers ce qu’on imagine être un écran de cinéma. C’est la première fois qu’un président du jury en exercice est ainsi postérisé – une manière de célébrer la longue histoire qui unit le réalisateur de Do the right thing au « plus grand festival de cinéma au monde – sans vouloir offenser qui que ce soit » (comme Lee le disait l’année dernière dans un communiqué de presse enthousiaste). Retour sur les grands moments de cette love story.

1986 : Nola Darling n’en fait qu’à sa tête, la révélation

« Ce fut mon entrée dans le monde du cinéma », résumait Spike Lee, quand on l’interrogeait récemment sur ses souvenirs de son premier séjour sur la Croisette, en 1986, avec Nola Darling n’en fait qu’à sa tête. Pas (encore) en sélection officielle, mais à la Quinzaine des Réalisateurs, sélection parallèle traditionnellement squattée par les cinéastes turbulents, et où s’étaient illustrés deux manifestes de cinéma indépendants new-yorkais qui pavèrent clairement la voie au cinéma de Spike Lee : Mean Streets, en 1974, de son mentor Martin Scorsese, et Stranger Than Paradise, en 1984, de son condisciple de la New York Film School, Jim Jarmusch. Spike Lee débarque à 29 ans avec ce film tourné à Brooklyn, en douze jours, avec des bouts de ficelle, et repartira avec le Prix de la jeunesse. Sa carrière internationale est lancée. Quoi d’autre, monsieur Lee ? « Je me souviens surtout de Tracy Camilla Johns et Raye Dowell (les actrices du film – ndlr) qui se promènent seins nus sur la Croisette ! J’étais très fâché, je les ai engueulées : « Qu’est-ce que vous faites les filles ? Arrêtez de vous balader topless ! » Bon, j’ignorais qu’elles honoraient en réalité une longue tradition cannoise… »

Nola Darling n'en fait qu'à sa tête
Netflix

 

1989, Do the right thing, le clash avec Wim Wenders

« On a été volé à Cannes ». Arrivé en sélection officielle avec une bombe de cinéma nommée Do the right thing, prête à exploser à la face du monde, Spike Lee ne s’est jamais vraiment remis d’avoir perdu la compétition 1989. Et il en veut toujours au président du jury, Wim Wenders, d’avoir préféré donner la Palme d’or à Sexe, mensonges et vidéo, de Steven Soderbergh. Il l’a en fait tellement mauvaise qu’il est allé jusqu’à graver le nom du réalisateur allemand sur sa batte de base-ball… « Moi et Steven avons toujours été en bons termes, résumait Spike Lee en 2018 dans le Hollywood Reporter. Mais tout ce truc a été commandité par Wim Wenders. Il trouvait que Mookie (le personnage joué par Spike Lee dans Do the right thing – ndlr) n’était pas héroïque. »

La parole à la défense : « Il a dit qu’il voulait m’attendre dans une ruelle avec une batte de base-ball, répond Wenders. En fait, c’est tout le jury qu’il aurait dû attendre, car ce n’était pas ma décision. Le film n’avait pas le soutien du jury, c’est tout. Ce n’est pas que ce n’est pas un bon film. C’est un bon film. Il n’a juste pas eu de chance de tomber une aussi grande année. Avec non seulement Sexe, mensonges et vidéo, mais aussi Cinema Paradiso, Un Ange à ma table (en fait, Sweetie, Wenders confond avec un autre film de Jane Campion - ndlr) et Pluie Noire. Choisir entre ces films m’empêchait de trouver le sommeil. Je suis triste que Spike ait pris ça personnellement. »

Spike Lee : "Autant en emporte le vent a entretenu la mentalité raciste en Amérique"

 

1991 : Jungle Fever, prix de consolation

Deux ans après « l’affaire » Do the right thing, Spike Lee revient briguer une Palme d’Or avec Jungle Fever. Sur le papier, la compétition est rude : Van Gogh de Pialat, Europa de Lars Von Trier, La double vie de Véronique de Kieslowski, La Belle Noiseuse de Rivette… Mais le vrai problème, c’est que le président du jury Roman Polanski ne jure que par le Barton Fink des frères Coen, auquel il va finalement donner pas moins de trois prix.

« Je peux vous dire que les membres du jury et moi-même avons souvent été accablés d'ennui à la vision de films réalisés pour impressionner la critique, visant à donner des leçons de mise en scène et dont le dénominateur commun est une incommensurable prétention », résumera le réalisateur de Lunes de fiel. Mais Polanski et ses jurés ont quand même été séduits par la performance de Samuel L. Jackson dans Jungle Fever et vont aller jusqu’à créer un prix inédit pour lui (le prix du second rôle masculin). C’est Spike Lee qui montera sur scène pour le recevoir, Sam Jackson étant déjà « back in Harlem ». Les remerciements sont polis mais brefs, comme si le réalisateur estimait que son film méritait plus. « Une aumône pour le Spike Lee », commentera Le Monde dans son débrief du palmarès.

 

2018, BlacKkKlansman, le come-back

Flashforward, 27 ans plus tard. Spike Lee est revenu plusieurs fois à Cannes entre-temps, en séance spéciale (Girl 6, 1996), à la Quinzaine (Summer of Sam, 1999), et à Un certain regard, avec le film collectif Ten Minutes Older (auquel participe également un certain… Wim Wenders). Mais dans les années 2010, sa carrière donne l’impression de battre de l’aile. Les films qu’il réalise sont de moins en moins marquants, de moins en moins vus. Tout va rentrer dans l’ordre avec la sélection de BlacKkKlansman en compète. Spike Lee débarque à Cannes en grande forme : sweat « I know my rights » dans le programme du festival, poings américains LOVE & HATE sur le tapis rouge, insultes contre Trump (« l’agent orange ») en conférence de presse, interviews déconnantes où il propose de remplacer le nom de Wim Wenders sur sa batte par celui du reporter de Première (on lui avait suggéré de tourner un BlacKkKlansman 2)… Une visite impériale, couronnée par un Grand Prix remis par le jury de Cate Blanchett. Grand Prix qui donnera le signal d’un véritable come-back du réalisateur dans son propre pays, à la fois critique, commercial et « institutionnel » (il remportera l’Oscar du scénario quelques mois plus tard). Après la naissance à la Quinzaine en 86, c’est l’heure de la renaissance. La preuve que Spike Lee n’est pas simplement un réalisateur américain qui vient de temps en temps montrer un film sur la Croisette, mais un cinéaste cannois, un vrai.

Spike Lee sera le président du Jury du Festival de Cannes 2020
Genin Nicolas/ABACA

 

2020, Da 5 Bloods, le rendez-vous manqué

C’était prévu comme ça : si Cannes 2020 avait eu lieu, le président Spike Lee y aurait montré hors-compétition son dernier-né, le film Netflix Da 5 Bloods. Ça arrive parfois qu’un réalisateur profite d’un voyage « présidentiel » en région PACA pour faire un peu de promo (Tarantino avec Kill Bill vol.2 en 2004, par exemple), mais là, une projection de Da 5 Bloods aurait carrément marqué la réconciliation du Festival avec le géant du streaming. Un événement désormais reporté à une date ultérieure.