David Leitch : "Brad Pitt aurait pu être un grand action hero"
Sony

Le réalisateur de Bullet Train connaît la star depuis des années : avant de le diriger, il a été sa doublure cascade sur de nombreux films. Rencontre.

Brad Pitt reviendra ce soir sur Canal + dans Bullet Train, le dernier film d'action de David Leitch (John Wick, Deadpool 2). Avant de devenir réalisateur, ce dernier était cascadeur, puis coordinateur de cascades, sur plusieurs films portés par la star, notamment Fight Club, Troie et Mr. and Mrs. Smith. Ils se connaissent bien, alors qui de mieux que Leitch pour nous parler de leur collaboration ? Voici trois questions tirées de son interview de Première n°531 (juillet août 2022, avec Natalie Portman en couverture).

Bullet Train : Beaucoup de bruit pour pas grand chose, malgré Brad [critique]

PREMIÈRE : Avant de devenir le réalisateur de John Wick, Atomic Blonde ou Deadpool 2, vous avez été cascadeur, notamment pour Brad Pitt, période Fight Club / Mr. and Mrs. Smith… L’idée de le diriger un jour dans un film vous trottait dans la tête ?
DAVID LEITCH : En vérité, je n’osais même pas y penser ! Quand j’étais cascadeur et coordinateur de cascades, il y a une vingtaine d’années, je rêvais déjà de devenir réalisateur. Mais de là à imaginer que je mettrais en scène des films avec Brad Pitt… Quand il est venu faire cette micro-apparition dans Deadpool 2 [Pitt joue un superhéros invisible dont on ne voit le visage qu’une seconde à peine], je me suis rendu compte qu’il connaissait mon travail, qu’il avait suivi mon parcours de près durant toutes ces années. C’était très touchant. C’est là que j’ai commencé à me dire que j’aimerais bien trouver un projet capable de le séduire. Puis le script de Bullet Train est arrivé sur mon bureau… Je ne pouvais pas imaginer quelqu’un d’autre que Brad en Coccinelle [le nom de son personnage, Ladybug en VO]. On lui a proposé le film, il a dit oui, et il est arrivé avec ses idées. Il a pu exercer son talent dans le développement de personnages.

C’est-à-dire?
Le point de départ de Bullet Train, c’est : sept assassins dans un train. Du suspense, de la comédie, et le challenge d’imaginer des scènes d’action dans un espace confiné. À l’origine, j’imaginais le personnage de Coccinelle comme un tueur assez classique. Ce qui m’intéressait, c’était d’emmener la « physicalité » de Brad vers une forme d’action héritée de Buster Keaton et de Jackie Chan. Mais lui est arrivé avec énormément de propositions, à commencer par cette idée d’un personnage qui se croit maudit, malchanceux, qui est en thérapie et qui ne parle qu’avec des formules de développement personnel. Il a aussi imaginé le look du personnage : le bob, les lunettes… Il voulait que Coccinelle soit vraiment un outsider, qu’il porte cet accoutrement un peu bas de gamme. C’était brillant, parce que ça offrait la possibilité d’un arc narratif à son personnage, pas seulement émotionnellement mais aussi physiquement. À la fin du film, on a affaire à une version beaucoup plus cool de Coccinelle qu’au début.

Bullet Train est un film d’action estival, fun... Et on réalise que dans la carrière de Brad Pitt, ce genre de films se comptent sur les doigts de la main.
Brad aurait pu être un grand action hero, il avait toutes les qualités pour. En tant que chorégraphe, coordinateur cascades ou réalisateur, ça ne me dérange pas de travailler avec des acteurs qui n’ont pas, a priori, toutes les qualités athlétiques requises. Ce qui compte avant tout, c’est qu’ils soient très forts en art dramatique ! Mon travail consiste ensuite à les guider physiquement à travers l’action. Mais Brad est l’un de ces spécimens d’acteur, assez rares, qui sont incroyablement compétents physiquement, en plus du reste. Il assure lui-même la quasi-totalité de ses combats. Comme je vous le disais, il aurait pu être un grand action hero. Il a préféré devenir… l’acteur le plus iconique de sa génération, tout simplement !

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