France TV annonce une collection Quentin Dupieux pour la sortie de Daaaaaali!
Diaphana/UFO Distribution

C'est le moment de (re)voir Rubber, Wrong, Wrong Cops, Réalité et Au Poste !.

Daaaaaali! est attendu à partir du 7 février au cinéma, porté par Pio Marmaï, Anaïs Demoustier, Gilles Lellouche, Edouard Baer, Jonathan Cohen...

Pour fêter la sortie en salle de la nouvelle réalisation de Quentin Dupieux, moins d'un an après le succès de son film surprise Yannick, et avant de finir son projet secret avec Léa Seydoux, Vincent Lindon, Raphaël Quenard et Louis Garrel, France.TV a mis en ligne cinq précédentes œuvres décalées du scénariste et metteur en scène. 


Des films tous originaux, qui permettent de se plonger dans son univers particulier avant de voir comment il s'est inspiré de la vie de l'artiste Salvador Dali. Voici la liste, et les détails.

Tous sont sortis entre 2010 et 2018 et seront proposés gratuitement en ligne : Rubber, Wrong, Wrong Cops, Réalité et Au poste !.

La théorie qui tue sur Au Poste ! de Quentin Dupieux

Rubber (2010)

Avec Roxane MesquidaHaley RammStephen Spinella...

Le pitch : Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d’un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.

L'avis de Première : Dans le paysage cinématographique français, il n’y a bien que Quentin Dupieux pour oser faire un film sur un pneu psychopathe amoureux d’une humaine… C’est gonflé et on aime ça.

Loin du copier-coller des recettes hollywoodiennes ou de la soupe que l’on nous sert sur grand écran depuis trop longtemps, Rubber est rafraîchissant en tout point. Le challenge pour le critique est alors de vous donner envie d’aller voir cet ovni sans en dire trop et vous gâcher la surprise. Comédie ? Thriller ? Road movie ? Romance ? Le film de genre à la sauce Dupieux c’est 1h20 en roue libre avec une image issue d’un appareil photo numérique et un acteur principal hors du commun. En bref, Rubber c’est un gros délire qui ne redoute pas la crevaison.


 

Wrong (2012)

Avec Eric Judor, Jack Plotnick, Alexis Dziena...

Le pitch : Dolph, un personnage commun mais irrésistible, perd son chien Paul. Il découvre que Paul a été kidnappé par un étrange justicier, le Dr Chang. Sous les yeux d’une livreuse de pizza nymphomane, d’un voisin joggeur en quête d’absolu, ou d’un jardinier mexicain opportuniste, Dolph va progressivement perdre la tête… et son identité. 

L'avis de Première : Supérieur à Steak et à Rubber, ses deux précédents films aux arguments trop minces pour tenir la route, Wrong, dont le titre (« faux » ou « tort » en français) dit tout, c’est Alice au pays des merveilles en mode déviant.

Les rencontres absurdes que fait Dolph Springer le mettent en situation d’échec permanent et le poussent ainsi à se dépasser, à mûrir un peu. N’est-il pas ce gugusse qui continue d’aller bosser alors qu’il est au chômage depuis trois mois ? Ce gringalet incapable de retenir une femme ? Cette chochotte pour qui la disparition d’un chien signifie la fin du monde ?

Créateur passionnant car déroutant, Dupieux s’avère également un directeur d’acteurs inspiré. De la révélation Jack Plotnick (clone de David Arquette) au solide William Fichtner, en passant par l’inénarrable Éric Judor, le casting est tout entier au service de la vision barrée du réalisateur.


 

Wrong Cops (2014)

Avec Mark BurnhamEric JudorMarilyn Manson...

Le pitch : Los Angeles 2014. Duke, un flic pourri et mélomane, deale de l’herbe et terrorise les passants. Ses collègues au commissariat: un obsédé sexuel, une flic maître chanteur, un chercheur de trésor au passé douteux, un borgne difforme se rêvant star de techno... leur système fait de petites combines et de jeux d’influence se dérègle lorsque la dernière victime de Duke, un voisin laissé pour mort dans son coffre, se réveille.

L'avis de Première : Quentin Dupieux, alias Mr. Oizo, est hype. Pour lui, Marilyn Manson a accepté de jouer un ado renfrogné, maltraité par un flic dealer qui vend sa dope cachée dans des rats morts. Bienvenue dans le monde surréaliste de QD, qui, après les ovnis Rubber et Wrong, s’attache à dépeindre le quotidien d’une brigade d’agents dégénérés.

Avec ce nouveau film moins dada et plus narratif, Dupieux touche ses limites. Si l’atmosphère reste pesante et intrigante, on voit de moins en moins où veut en venir l’Oizo, le cul entre Buñuel et un esprit potache trop premier degré.


 

Réalité (2015)

Avec Alain ChabatJonathan LambertElodie Bouchez...

Le pitch : Jason, un cameraman placide, rêve de réaliser son premier film d'horreur. Bob Marshal, un riche producteur, accepte de financer son film à une seule condition : Jason a 48h pour trouver le meilleur gémissement de l'histoire du cinéma....

L'avis de Première : Dire qu’on attendait le nouveau Quentin Dupieux est un euphémisme. Avec Alain Chabat en tête d’affiche, son maître ès absurde, on allait voir ce qu’on allait voir. La frustration est donc à la hauteur de l’attente sans doute déformée par l’envie qu’il confirme les promesses de Steak et de Wrong, précis de non-sens, entre "branchitude" et désinvolture, auquel il manquait une unité, une direction.

Avec ses intrigues parallèles jamais raccord (un caméraman qui souhaite réaliser un film d’horreur ; une fillette obsédée par une cassette vidéo ; un présentateur hypocondriaque), Réalité prolonge cette espèce de gratuité caractérisant l’oeuvre du cinéaste, qui se refuse obstinément à la lisibilité et à l’interprétation. Si la révolution Dupieux n’a pas eu lieu, on continue néanmoins de sourire devant certaines situations dadaïstes dont il a le secret.


Au Poste ! (2018)

Avec Benoît PoelvoordeGrégoire LudigMarc Fraize...

Le pitch : Un poste de police.
Un tête-à-tête, en garde à vue, entre un commissaire et son suspect.

L'avis de Première : L’affiche rend hommage à Peur sur la ville avec Bébel, la photo beige renvoie à l’esthétique des polars seventies, mais Au Poste !, le film de Quentin Dupieux n’a rien d’un pastiche. L’auteur de Steak et Réalité part seulement du genre policier pour le déconstruire, craquant ses codes à sa façon, théâtrale et absurde.

Si vous espérez des courses de bagnole, des gunfights ou à des femmes fatales, fuyez. La promesse de spectaculaire est désamorcée par le cinéaste-musicien, qui prend un malin plaisir à prendre le titre au pied de la lettre : au poste, on restera donc. Pour palabrer. Et longuement. Dupieux imagine en effet une garde à vue dans laquelle le commissaire Buron (Benoît Poelvoorde) cuisine Fugain (Grégoire Ludig), un homme bizarrement moins préoccupé par le meurtre qu’il est suspecté d’avoir commis, que par son estomac.

Vista comique

La nonchalance moustachue de Ludig opposée au zèle nicotiné d’un Poelvoorde en feu (la fumée qu’il inhale sort d’ailleurs de son ventre par un trou), crée rapidement des étincelles. Elles s’intensifient en présence d’un troisième larron, Philippe, flic borgne avec un poil dans la main incarné par l’hilarant Marc Fraize (vu dans Problemos) : chargé de "garder un œil" sur Fugain, il finira précocement et littéralement placardisé. A ses jubilatoires joutes oratoires se substitue un habile enchâssement de mise en abimes, péché mignon du réalisateur de Non-Film. La mécanique méta s’installe dès lors, sans s’auto-asphyxier, car débordée par la vista comique d’un casting en or. 


Au Poste ! - Quentin Dupieux : "Pour moi, Poelvoorde est un vieux labrador"