Cash avec Raphael Quenard
Netflix

Que vaut Cash ? Le nouveau film avec Raphaël Quenard hésite entre trop de genres pour véritablement convaincre…

Electricité, bouillonnement sauvage, perfection du timing. C’est désormais entendu : Raphaël Quenard est la nouvelle arme fatale du cinéma français. Quelque part entre la brutalité poétique du Depardieu des débuts et le caractère à vif de Dewaere : une bombe. Découvert dans Family Business puis dans Coupez, il vient d’exploser dans Chiens de la casse (mais vous le saviez déjà puisque vous lisez Premiere). Cash débarque sur Netflix et s’appuie largement sur son abattage dément. Les premières minutes où il débite son destin de loser et sa soif de revanche pourraient être cultes. Mais est-ce vraiment suffisant ?

Le premier film de Jérémie Rozan raconte le parcours de Daniel Sauveur (Quenard), un gars paumé qui tente d’assouvir sa vengeance sociale. Son ennemi (de classe) ? Les Breuil, une famille de capitalistes à la tête d’un géant des cosmétiques qui fait la pluie et le beau temps dans la Beauce.  Le début du film rythmé, brillant avec sa voix off endiablée (coucou Les Affranchis), raconte la destinée des deux familles. Breuil d’un côté, Sauveur de l’autre. C’est du Scorsese de province, du Guy Ritchie made in Beauce et ça marche – un peu. Mais après cette intro (qui permet de comprendre que Sauveur veut « sa part du gâteau », et surtout la thune), on suit notre héros de petites arnaques en combines minables. Toujours contrarié par le destin et la puissance des Breuil, il ne parvient qu’à se mettre dans la mouise.  Jusqu’à ce qu’il décide de passer dans une autre dimension quand une femme fatale débarque dans l’entreprise (Agathe Rousselle de Titane qui n’a malheureusement pas grand-chose à jouer).

Cash
Netflix

Brulot social ? film de casse ? Comédie déjantée ? Portrait d’une France rurale au bord de l’explosion ? Si le film tombe au bon moment et fait, de manière souterraine, écho aux émeutes de banlieue, au fond, le problème principal du film réside dans son refus de choisir son ADN. Sous-écrit, avec ses personnages pas toujours bien caractérisés, et son scénario alambiqué pour pas grand-chose, Cash empile ses (bonnes) intentions sans jamais réussir à concrétiser quoique ce soit. Entre le western beauceron, un Scorsese chartrain ou un drame social à la Brizé, Rozan hésite et finit par s’échouer sur les conventions de tous ces genres, s’abolissant dans une succession de rebondissements dans un dernier acte bâclé.

Dommage car sa touche de cynisme et l’interprétation de Quenard permettaient d’y croire un peu…  

Cash, de Jérémie Rozan, avec Raphaël Quenard, Agathe Rousselle, Igor Gotesman. 1h35. Le 6 juillet 2023 sur Netflix.